Depuis plusieurs mois le gouvernement accumule les marqueurs du libéralisme réactionnaire : école du tri social, flat fiscalité pour les hauts revenus et ceux du capital et maintenant dérégulation achevée du marché du travail avec la chasse aux chômeurs.
Derrière la façade sémillante du jeune premier ministre, la violence thatchérienne assumée aura eu, dans un contexte politique rance, une seule conséquence, celle d’accélérer le grand mouvement rétrograde du pays.
C’est que « l’Ange de l’Histoire a tourné le visage vers le passée » comme l’écrivait Walter Benjamin au début des années 40. Cultiver des politiques économiques prédatrices assortie d’une petite musique réactionnaire est le plus sûr moyen de nourrir l’hydre d’extrême droite.
En effet, le néo-libéralisme injecte de la violence dans nos existences et de la peur dans nos vies politiques. Dans notre monde tribal, les Etats sont devenus des sociétés de simple voisinage, voisin tantôt que l’on envie, tantôt que l’on vilipende.
Ainsi, en sous-entendant que l’on va apurer les déficits en rognant les indemnités des chômeurs, on explique en creux que les tords ne viennent pas des politiques fiscales inégalitaires menées, mais de cet Autre, connu ou inconnu, parfois frère de classe sociale perçu comme un usurpateur, parfois un étranger venu chez nous nous affecter de sa présence trop manifeste, importune, tenace, troublante.
La déstabilisation orchestrée de l’Etat régulateur et la mise en perspective de la concurrence de tous contre tous, pousse notre société devenue « liquide », si bien décrite par le grand sociologue britannique Zygmunt Bauman, à se transformer en antichambre du dévoiement fasciste.
Que le macronisme impopulaire intrinsèquement en soit le vecteur accentue plus fortement cette dérive et la vieille antienne du libéralisme anomique nous acclimate à la « retrotopia » nationaliste.