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Billet de blog 19 juin 2024

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Quand tout se vaut

Quand le Président Emmanuel Macron reprend les propos les plus infamants de l'extrême droite historique envers le Nouveau Front Populaire, il génère un vide irénique où s'engouffre la violence et le chaos. Qu'il semble le souhaiter rationnellement est encore plus inquiétant.

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Alors même que le Président de la République a décidé clairement de donner les clefs du pays à l'extrême droite française, en un mélange de vulgarité, de mensonges et de complotisme envers le Nouveau Front Populaire, il n'est pas inutile de s'interroger sur cette propension de l'époque à produire une forme d'indécence politique, surtout quand elle est portée par le premier personnage de l'Etat.

Il est évident que la France, comme d’autres pays occidentaux, traverse un étrange passage à vide. Des individus, des groupes, des personnes publiques, des intellectuels même paraissent se mettre en retrait du champ social et de l’idéologie, ne reste plus que les magiciens et les bonimenteurs.

La place peut donc être dédiée à la violence du relativisme et de l’essentialisation. Ici tout se vaut et dans cette « société du vide », comme l’écrivait Yves Barel. La cacophonie du superflu, de l’insignifiant cachent un silence délétère. Comme une panne de la production de sens, une panne de toute forme de transcendance.

La bataille des identités, le débat politique famélique, la fascination pour l’autorité et la poigne ne sont que les avatars de cette faille abyssale. Ce vide social est sûrement une ruse partagée confusément par une grande majorité de nos concitoyens, une manière de survivre en attendant mieux.

Mais quelle prodigieuse mutation ce « vide » prépare-t-il ? Il m’est avis qu’il nourrit la crise civique et celle du rapport à l’Etat que nous vivons. Non pas, l’Etat Hegelien, arcane de la puissance, mais celui qui lie et produit la nécessité du commun. Dans nos chapelles inexpugnables, trop personnelles, nous allons de combats en invectives et le pugilat est le prisme d’une société malade.

Ce qui marque le tout, c’est l’insignifiance des débats inversement proportionnelle à la violence des expressions publiques. Ce hiatus fait plus de victimes du côté des tenants de la complexité et de la société apaisée et inclusive que du côté des simplistes, des réactionnaires et des partisans de la conflictualité féodale.

Ainsi, nous devons dépasser le bourdonnement médiatique, ne pas entrer dans cette arène de terreur, et ne pas renoncer à la parousie d’une société égalitaire et tolérante. Il est utile d'envisager le retour de la décence publique avec les moyens de la permanence, ceux du débat intellectuel en usant de ses vecteurs les plus traditionnels, la palabre et l’écrit.

Ainsi, nous assumons de laisser sur le bord de la route les batailles ad nominem qui s’expriment dans l’arène de la virtualité informationnelle, car dans ce tumulte médiocre, dans ce « lâché de noms » de bac à sable, une seule figure politique risque de triompher et nous la connaissons tous.

Nous savons à gauche que nous n’avons plus le temps, l’heure est trop grave pour laisser prospérer l’art de la déconstruction.

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