Le nouveau mouvement autour des méga bassines du Poitou rappelle la grille de lecture et les penchants du ministre de l'Intérieur démissionnaire concernant la bataille de l'eau en bassin versant en tension.
Gérald Darmanin, sous couvert d'ordre public, décrit l'écologie politique comme un mouvement et une pensée aux limites du factieux, tel l'ensemble des droites extrêmes occidentales. Ce comportement vient de loin. Il y a quelques mois mêmes l'ONU s'en alarmait.
Le rapporteur spécial des Nations Unies sur les défenseurs de l’environnement, l’allemand Michel Frost, a édité un papier de positionnement sur cette nouvelle chasse aux sorciers verts qui commence par des insultes verbales sur les plateaux TV ou les réseaux sociaux puis induit la création de nouvelles infractions pénales pour aller jusqu’à l’utilisation disproportionnée de l’usage de la force contre des militants écologistes lors de rassemblements.
La France ne fait bien sûr pas exception dans ce rapport à cette tendance détestable, notamment depuis que le ministre de l’Intérieur a qualifié « d’écoterroristes » (sic) les adversaires de la méga bassine de Sainte Soline ou les défenseurs des arbres le long de la future A 69.
Dans une pensée toute macronienne qui cultive la religion du vide pour mieux servir les intérêts d'argent, l’écologie et ses moyens de lutte, parce qu’ils posent un constat politique radical et l’urgence d’un changement de paradigme, sont par essence un danger pour l’ordre libéral.
Quant à l’extrême-droite, elle se nourrit de la rhétorique autour du déni climatique pour satisfaire ses clientèles en ajoutant un nouveau fauve tout vert à sa ménagerie.
Au surplus, il y a dans l’idéologie frontiste toujours la constante de l’identité perdue, cette fameuse « France qui n’est plus la France » et l’idée que cet âge d’or correspond au productivisme agricole, aux énergies fossiles, d’où cette obsession carbo-fasciste comme l’a si bien décrite Jean-Baptiste Fressoz.
Ainsi, d'épisodes en épisodes, les points de ruptures territorialisés où s'expriment concrètement les enjeux du collapsus climatique deviennent des scènes d'anomie entre un bras armé de l'Etat au service tantôt de l'agriculture productiviste, tantôt des énergéticiens, tantôt des industriels peu scrupuleux quant aux problématiques du changement climatique et des militants politiques et des associations écologistes rendues démoniaques par les autorités.