L' abaya, nième offensive intégriste
Nouveau sujet de controverse à la rentrée : l'abaya est-elle un vêtement reigieux tombant sur le coup de la loi de 2004 sur "le port de signes religieux ostensibles à l'école" ou non ? Il y a vingt ans, Ghislaine Hudson, proviseur au lycée de Danmarie-lès-Lys, membre de la commission Stasi, avait averti : "Lorsque nous aurons interdit le voile, les foulards, etc., il y aura un certain nombre de jeunes qui ont cette attitude de revendication identitaire, qui trouveront des stratégies qu'on n'a même pas encore imaginées et d'autres moyens d'expression. Et sur le terrain, nous les chefs d'établissement, on restera toujours très perplexes pour savoir ce qui relève de l'identité et ce qui n'en relève pas." 1-
La perplexité n'empêche pas de voir que, vendue comme telle, l'abaya est portée à l'école par des jeunes filles musulmanes pour afficher leur conviction religieuse.
En faisant de l'abaya un vêtement pudique, elles désignent, en France, comme impudiques, toutes celles qui ne couvrent pas la totalité de leur corps. C'est une violence adressée. aux jeunes musulmanes dont la pudeur ne tient pas à un vêtement.et aux autres jeunes filles. Nous avons le devoir de les protéger Le monde musulman est fracturé en de nombreux courants antagonistes et seule une minorité, participe de ce courant intégriste et engage ces batailles sur le vêtement religieux. Abdelwahab Meddeb, musulman , auteur de La maladie de l'islam (éd. Du Seuil p. 135) : « La société islamique est passée d’une tradition hédoniste, fondée sur l’amour de la vie, à une réalité pudibonde, pleine de haine contre la sensualité. La pruderie est devenue critère de respectabilité. Pullulent dans les théâtres urbains les Tartuffe et autres bigots ou cagots. » Tariq Ramadan est un de ces prédicateurs , défendant publiquement le voile et la pudeur féminine tout en étant poursuivi devant les tribunaux pour viols. Le ùonde musulman c'est aussi les contes des Mille et une nuits et les Roubaiates d'Omar Khayyam
Les jeunes filles musulmanes qui portent l'abaya ou le voile manifestent une identité asservie, celle de la femme réduite à un objet sexuel et à une fonction reproductrice, à une place subalterne dans un monde dominé par les hommes. Elles répètent, et c'est dur à entendre, que la femme n'est pas l'égale de l'homme. Elles réclament l'abaya comme l'esclave libérée réclamerait ses chaines. C'est la voix des maîtres que l'on entend ; adolescentes et déja soumises. Elles proclament leur adhésion à "l'imaginaire d'apartheid sexuel" dénoncé par Gisèle Halimi dans la commission Stasi. Un imaginaire politique spécifique aux courants intégristes du monde musulman.
Dans la loi de 2004 l'interdiction de signes ostentatoires religieux ne concerne que l'école jusqu'au baccalauréat : soit un lieu et un âge. Une école dont l'objectif affiché est de faire que chacun se libère de ses maîtres par ses connaissances, sa capacité de réflexion, de dialogue, et ainsi de parvenir à être créateur de son existence dans un monde commun. Que deviendraient les classes de littérature, de sciences, de philosophie, de sport, de technique... si chaque élève affichait, par son vêtement, ses certitudes religieuses, politiques, philosophiques? Ce ne serait pas un lieu d'apprentissage, de connaissance et de débat, mais un lieu d'affrontements stériles où des jeunes élèves auraient déjà leurs opinions gravées dans leur vêtement.
Quelle est la signification politique de l'abaya? Ce n'est pas une simple robe longue, c'est le drapeau de l'intégrisme musulman en Afghanistan, en Arabie Saoudite, au Qatar. Elle y est souvent obligatoire. Elle fait l'objet de luttes internes acharnées. Les talibans, depuis leur arrivée au pouvoir, ont imposé une grille devant le visage, excluant les jeunes filles de l'école et les femmes des activités professionnelles. En France, elle sert à créer des frontières entre les communautés. Lorsqu'un vêtement devient le signe de ralliement à un courant politico-religieux, il n'est plus un vêtement mais un drapeau. Celui des talibans en Afghanistan, comme le voile est l'emblème des Ayatollahs iraniens . Le porter est un acte politique hostile aux hommes et aux femmes qui se battent,au risque de leur vie, contre les polices religieuses. C'est se placer du côté des policiers iraniens qui ont battu à mort Mahsa Amini, pour une mèche de cheveux dépassant de son voile.
Les jeunes musulmanes en portant l'abaya deviennent les fantassins d'un combat qui les dépasse.
Tant par sa signification sur le rôle de l'école et la place de la femme dans la société que comme drapeau d'un courant intégriste religieux, nous avons de bonnes raisons de soutenir la loi de 2004 et de refuser le port de l'abaya à l'école.