François Fillon apparaît comme l’illustration parfaite de l’adage bien peu catholique « charité bien ordonnée commence par soi-même ». La question se pose : comment cela est-il possible en France en 2017 ? Quelle culture de l’impunité est ancrée dans ce monde politique pour, ayant ces pratiques, oser mener une campagne sur l’honnêteté et l’austérité ? François Fillon donne une bonne idée de ce qu’est la Droite. Le chevalier blanc des Républicains, l’homme se présentant comme le plus honnête, apparaît comme un magouilleur en col blanc. Après les sulfureuses affaires Chirac, après le quinquennat Sarkozy et toutes ses mises en examen, ils avaient trouvé l’enfant de chœur, toujours bien peigné, la raie sur le côté, celui auquel on aurait donné le bon dieu sans confession. Ėlevé dans cette culture de la corruption et du fric, il apparaît, un bon élève. Il pensait, depuis le début de sa carrière politique, à s’enrichir au-delà de ses émoluments confortables de député, sénateur, ministre. On l’imagine, en conformité avec ses principes immoraux, prêt à faciliter la situation de ceux dont les préoccupations sont semblables aux siennes. Beau projet de livrer le pays aux pilleurs des caisses de l’Etat, de favoriser la corruption, d’affaiblir la justice, de dissimuler les forfaits de ses amis, d’éliminer tous les contre-pouvoirs. Quel programme !!
Les sondages lui donnent encore 18% d’intentions de vote, soit près d’un français sur cinq. Qui sont ces personnes qui peuvent accepter cela ? Il y a sans doute ceux qui sont dans les combines et qui, en donnant l’absolution à leur héros, se pardonnent à eux-mêmes. Mais sont-ils aussi nombreux ? Les autres croient-ils aux discours de pacotille, main sur le cœur? Adhèrent-ils aux propos sur la nécessité de l’austérité pour les uns et des cadeaux fiscaux pour ceux qui ont déjà tout ? L’avenir d’un pays où la corruption serait généralisée serait bien sombre.
Comment ne pas rapprocher ce million d’euros détournés des huit millions de pauvres. Il faut être bien aveugle sur la situation sociale de la France pour ne pas saisir l’iindécence de ces pratiques. Le montant des salaires, indûment versés à la famille Fillon, montre que ces gens vivent dans un autre monde. Lorsque le moteur de l’activité politique est l’enrichissement personnel, le bien commun disparaît. Pendant que les inégalités sociales se creusaient en France, que des milliers de personnes dormaient dans la rue, que les salaires pour un travail à plein temps ne permettaient pas de vivre mais seulement de survivre, la préoccupation de François Fillon, député, premier ministre était de s’enrichir un peu plus.
Son programme, développé devant un parterre de patrons, est à son image. C’est explicitement un programme d’écrasement de toute contestation sociale. Son objectif, juste après son élection, en profitant de la période des vacances estivales, est de démanteler la sécurité sociale et le code du travail, d’alléger l’impôt des grandes fortunes… . Passer en force, au-dessus de l’Assemblée Nationale, en gouvernant par ordonnances et en utilisant le 49/3. « Créer un choc qui rende très difficile la contestation sociale que vous [les patrons] craignez » (cf vidéo )
La création, suite à l’affaire Cahuzac du parquet financier laisse espérer un premier avis de la justice. J’ose espérer qu’elle ne reculera pas devant ses responsabilités et que plus rapide que les procédures des affaires Sarkozy, Tibéri, Balkany, Cahuzac, Dassault, Chirac… obligera François Fillon à se mettre sur la touche, à rejoindre ses amis poursuivis pour préparer sa défense , qu’elle le condamnera à rembourser l’argent détourné. La justice trop souvent laxiste et lente avec les riches, rapide et sévère avec les pauvres, a bien là une occasion de redresser la tête. L’ancien procureur Eric de Montgolfier a pu ainsi écrire qu’il existe : « Une morale pour les aigles, une autre pour les pigeons ». « Trop de ceux qui exercent le pouvoir ne connaissent plus de limites. Outre une réelle addiction aux ors de la République, le goût des portières qu’on vous ouvre et des portes qu’on vous pousse, celui des fastes, des courbettes et de l’appropriation des biens publics, ceux-là se caractérisent d’abord par leur incapacité à une normalité dont tout les écarte ».
Cette affaire est bien obscène. A l’opposé à la décence ordinaire (common decency) que défend George Orwell.