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Billet de blog 18 décembre 2010

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Au delà du débat sur l'islamophobie, les Islamistes: quel projet politique?

Au delà du débat surl’islamophobie ,Les Islamistes : Quel projetpolitique ? Au delà des questions posées par le voile ou la burqa et des polémiques qu’elles ont provoquées,une interrogation persiste : quelle est le projet politique desislamistes ?J’aimerais, en

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Au delà du débat sur
l’islamophobie ,

Les Islamistes : Quel projet
politique ?

Au delà des questions posées par le voile ou la burqa et des polémiques qu’elles ont provoquées,
une interrogation persiste : quelle est le projet politique des
islamistes ?

J’aimerais, en
essayant de conserver un regard serein sur les agitations de surface, analyser
les propositions politiques portées par ce courant politico-religieux que nous
appelons islamiste. Ce n’est qu’en comprenant la cohérence de ce projet que
nous serons à même d’apprécier des mesures d’apparences anodines

Pour bien situer mon interrogation celle-ci ne se préoccupe
pas de la religion musulmane, de ses pratiques, de sa morale ni d’une
quelconque interprétation du coran mais comment à partir des textes
fondamentaux un courant de l’islam construit un projet politique, un projet
pour la société. Quel est-il ? et qu’entraîne- t-il pour nos
sociétés ?

Mohamed Sifaoui dans l’avant propos de son livre :
« Pourquoi l’islamisme séduit-il ? » pose cette question
clairement : « Affirmons-le ex abrupto, il serait erroné de penser,
comme le soutiennent parfois certains courants, que l’islam et l’islamisme
représentent stricto sensu la même chose, une seule doctrine. Le premier
qualifie une religion, une spiritualité, une éthique, des croyances, des
traditions, des dogmes et des coutumes ; le second par contre incarne une
idéologie politique ou plus précisément une idéologisation de l’islam, voire
une politisation de cette religion. L’islamisme se veut en effet un « projet
politique » et un « projet de société », une vision du monde,
une gestion des relations interpersonnelles avec un droit de regard collectif,
celui de la communauté, sur l’intime de l’individu, du croyant. »

Si le débat sur la
religion m’intéresse peu, n’étant moi-même ni musulman ni adepte d’une autre
religion, je laisse la controverse s’établir entre ceux qui pensent y trouver
un sens et des préceptes pour organiser leur vie, par contre je me sens
concerné par ceux qui de leurs textes prétendent tirer une politique, une
morale et l’appliquer à l’ensemble de la société. La question du sexe des anges
ou de la virginité de Marie me laisse indifférent, par contre, je me sens concerné par le questionnement de
certains courants religieux sur l’avortement, l’homosexualité et les relations de l’église catholique avec
les pouvoirs politiques et financiers. Pour prendre un autre exemple : les
pratiques juives et les discussions sur
les droits découlant d’une lecture de la tora me laissent de marbre, par contre
la politique d’Israël portée par des courants religieux juifs entre dans le
domaine de réflexion de n’importe quel citoyen du monde.

Or aujourd’hui, si un défenseur de la contraception n’est
pas systématiquement attaqué comme ‘catholicophobe ‘, une critique de la
politique d’Israël est fréquemment assimilée à de l’antisémitisme, et des
oppositions au port de la burqa dénoncées comme islamophobe et stigmatisant les
musulmans et même parfois assimilées à
une forme de racisme.

L’interrogation de l’islamisme comme courant politique
est justifié, sur plusieurs sujets fondamentaux :

La démocratie et plus généralement la
possibilité pour une société de déterminer ses règles de vie et non de les
considérer comme fixées une fois pour toutes par des textes
« sacrés ». Dit autrement est-ce que la loi de dieu est la seule loi
acceptée et est-elle supérieure à la loi des hommes ?

La laïcité
faisant du religieux une affaire
personnelle et non une obligation pour l’ensemble de la société.

L’égalité homme-femme
qui n’est pas un problème religieux

Si ces questions ne s’adressent pas spécifiquement aux
musulmans, elles sont aujourd’hui plus d’actualité par le fait que des
islamistes, en se donnant la ‘charia comme programme politique, remettent en
question les bases de notre vie ensemble, le socle de la république.

Toute l’habileté de l’utilisation du terme Islamophobie est
d’assimiler toute critique du courant politique qu’est l’islamisme à une
position raciste, irrationnelle voire maladive et ainsi de stigmatiser toute critique de l'islamisme. Vincent Geisser auteur de
« La nouvelle islamophobie »
propose de définir l'islamophobie comme une forme de racisme
s'exprimant par des actes d’intolérance et de violence à
l'égard des musulmans, notamment dans ses racines coloniales et les critères du
malaise chez les autres membres des secteurs fragilisés de la société.(wikipédia)

Or la critique de l’islamisme est une critique de gauche qui se réfère à ses valeurs
fondamentales et qui critique l’islamisme comme un courant politique
réactionnaire intolérant tyrannique.

Voila posé les termes d’un débat fondamental. Il serait
intéressant dans celui-ci d’introduire des réflexions et des témoignages de
personnes, musulmanes ou non, nous permettant de nous situer dans une
historicité et dans son actualité.

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