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Billet de blog 19 avril 2022

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Prendre ses responsabilités, ne pas s'abstenir

Malgré toute la colère qui apparaît à gauche dès que le vote Macron est envisagé, il est bon de rappeler qu'il s’agit non d'approuver sa politique pendant cinq ans mais de voter contre Le Pen.

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 S'abstenir c'est tirer un trait d'égalité entre les deux candidats. A-t-on cessé d'entendre des personnes ayant vécu le fascisme sous ses formes allemande, italienne, espagnole ou japonaise, nous raconter leur existence sous ces régimes ? Elles pourraient encore nous éclairer sur les conditions qui ont amené les fascistes au pouvoir et comment ils y sont restés. Les guerres qu'ils provoquèrent, causes de plusieurs dizaines de millions de morts. Nous raconter la vie sous Franco qui, indéboulonnable, resta au pouvoir pendant plus de trente-cinq ans, jusqu'à sa mort. Il y a en France des réfugiés syriens pour nous parler de la vie sous Bachar el Assad, des Afghans pour nous expliquer la différence entre un pouvoir corrompu et la dictature des Talibans, des Chiliens pour nous dire les exécutions des opposants sous la dictature de Pinochet et des Russes pour nous raconter la répression et les guerres de Poutine. Plus près de nous, comment Pétain, la référence de l'allié de Marine Le Pen, donna la main à l'occupant nazi pour déporter les juifs . Les exemples sont multiples et peu de ces personnes prétendraient que c'est pareil de vivre sous un régime macronien ou sous une dictature. Ils ont vécu un enfer qui commence dans tous les cas par la privation des libertés les plus fondamentales et se perpétue souvent par la guerre. La démagogie ou la courte vue voudraient rendre équivalents ces deux régimes. Ce n'est pas vrai.

Le fascisme peut s'installer insidieusement, sous des formes apaisantes. Les chats de Marine Le Pen me font penser aux chiens qu'adorait Hitler et à ses photos avec des enfants blonds dans les bras. Les nazis de 1933 n'étaient pas ceux de 1940 ni ceux de 1944, la shoah n'était pas annoncée explicitement dans Mein Kampf. Le paysage s'est constitué par petites touches. Relisez "Histoire d'un Allemand" de Sebastian Haffner, chronique de sa vie pendant la montée du nazisme. Un passage est resté gravé dans ma mémoire : le moment où des policiers font irruption dans la bibliothèque universitaire, où il travaille et demandent leurs papiers aux étudiants et font sortir les juifs. C'est là qu'il comprit qu'il avait changé de pays. Ne permettez pas demain, en vous abstenant, que l'on fasse sortir les étrangers des bibliothèques.

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