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Billet de blog 20 juillet 2023

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Une police républicaine, respectée parce que respectable.

Qui n'a pas été tutoyé, rudoyé par un policier arrogant? Qui n'a pas été maltraité lors d'un simple contrôle routier ou d'identité? Si cela est pénible pour un adulte qui n'a rien à se reprocher, cela devient traumatisant pour un jeune contrôlé dix fois dans la même journée s'il est noir ou "basané".

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Une police républicaine, respectée parce que respectable.

Le premier devoir des agents de police, c'est de veiller aux droits humains, au respect. Faut-il leur rappeler, à eux, chargés de faire respecter la loi, l'article 1 de la "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen" : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".

De nombreux policiers agissent avec respect et bienveillance. Mais, portant le même uniforme que leurs collègues malveillants, ils sont mis dans le même sac. Leur profession est entachée par des pratiques racistes et illégales couvertes par leur hiérarchie et le ministre Darmanin. Une partie des policiers se croient tout permis car rarement sanctionnés. Les éborgnés des "gilets jaunes", les morts des "refus d'optempérés", les "nassés" des manifestations, les "gardés à vue" de 24h libérés sans que rien ne leur soit reproché, se sont accumulés depuis des années. Les victimes et les témoins, de toutes ces violences sont des explosifs prêts à prendre feu. Rien n'a été fait pour que le policier soit vu comme un "gardien de la paix" et non le bras armé d'un pouvoir injuste. Il ne faut pas s'étonner de l'élargissement des félures dans la population. C'est par une justice égale pour tous que nous pourrons condamner les instigateurs de violence, punir les auteurs de vols ou d'incendies. En sanctionnant juste, on forme les comportements de demain, en sanctionnant injuste on montre que la loi n'est pas égale pour tous mais qu'elle dépend d'un rapport de force. Ce qui a été détérioré pendant des décennies ne se répare pas en quelques jours.

Or loin de porter remède à une situation qui perdure, les solutions avancées par le pouvoir ont envenimé une situation explosive. La dissolution de la police de proximité par le Président Sarkozy (délinquant notoire) rendit la police étrangère aux territoires sous sa responsabilité. Le rapport Borloo sur l'état des banlieues et les propositions faites pour remédier aux tensions perceptibles, fut rejeté sans l'esquisse d'un regard par le Président Macron. La réponse est politique et non policière. Pourtant le pouvoir ne parle que de renforcer la police qui restera impuissante si elle est coupée de la population. Cela parait le plus simple. C'est la solution maintes fois utilisée par les pouvoirs autoritaires qui ne résoud rien et détruit la démocratie.

Pas plus que précédemment les émeutes de ces derniers jours n'ont donné lieu à une quelconque prise de conscience de la gravité du problème. Le pouvoir survole la question en apportant des explications superficielles. Alors que la violence policière est manifeste, lui ne voit que la responsabilité des parents, de l'école, des réseaux sociaux, leurres avancés pour escamoter la sienne. C'est un pouvoir sourd aux jeunes, aux syndicats, aux maires, aux corps intermédiaires allant jusqu'a ignorer l'Assemblée nationale par le 49-3..

La violence observée est l'expression d'une colère aveugle. La destruction d'écoles, de médiathèques, de gymnases, des commerces, de trams et autobus... est une violence qui se retourne contre ses auteurs. Elle est l'expression d'une jeunesse qui n'a pas les mots pour dire son désespoir.

Commençons par condamner les propos du syndicat Alliance qui parle de "guerre" contre les "nuisibles" Enlevons aux policiers le droit de tuer pour "un refus d'optempérer".. Révoquons les responsables de la police à commencer par le ministre de l'intérieur, maître d'oeuvre en la matière.Apprenons aux policiers leurs droits et leur devoirs en changeant la doctrine de maintien de l'ordre. Ce serait un premier signal montrant que le gouvernement a entendu la colère provoqué par le meurtre de Nahel.

Revenons à une conception républicaine de la police, respectée parce que respectable.

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