A l’heure où les « racisé-e-s » lancent leur « marche de la dignité » il est temps de s’interroger sur la racialisation des luttes. Qu’elle signification a cette alliance « des Rroms, des Afro-Antillais et des Français d’origine maghrébine ».
Comment est-on passé d’une lutte pour l’égalité (marche pour l’égalité de 1983), qui s’attaquait aux discriminations, aux contrôles au faciès, et dont l’objectif était de rassembler tout ceux convaincus de notre même humanité à un combat racialisé?
« Le Parti des Indigènes de la République », parti prenante de ces mobilisations est pourtant bien clair si l’on prend la peine de le lire.
La porte parole du Parti des Indigènes de la République, Houria Bouteldja, a ainsi déclarée dans une interview à la revue Vacarme publié sur le site du PIR le 26 juin 2015 : « "Il y a des priorités. Nous devons d'abord exister pour nous-mêmes et construire notre propre espace. Notre choix premier est de toujours parler aux indigènes, de ne pas perdre le fil avec nous-mêmes - en particulier quand nos alliés nous somment de condamner Dieudonné... Ce sont des positions très dures à tenir quand on pense aux deux pôles entre lesquels nous sommes pris : d'un côté les indigènes sociaux qui sont très sensibles, par exemple, aux questions relatives à Dieudonné, que certains voient comme un héros, un résistant; de l'autre, nous avons construit un système d'alliance avec certains milieux de gauche pour qui Dieudonné est un fasciste. Quand nous devons sacrifier l'un de ces pôles, c'est celui des blancs que nous sacrifions.". On ne peut être plus clair entre les « blancs » et les propos fascistes d’un Dieudonné (indigène de la république) le PIR choisit ce dernier et son idéologie raciste. Car le PIR pense qu’en critiquant ses déclarations il risquerait de se couper des noirs, des arabes, des musulmans, des dominés. Malgré cette proximité avec Dieudonné et ses prises de position racistes ce parti est co-organisateurs de toutes les manifestations contre « l’islamophobie » aux côtés d’organisations réellement anti-racistes.
La même Houria Bouteldja répondait en février 2006dans une interview réalisée par Christine Delphy et publiée dans Nouvelles Questions Féministes (volume 25, no 1) :
« Demain, la société tout entière devra assumer pleinement le racisme anti-Blanc. Et ce sera toi, ce seront tes enfants qui subiront ça. Celui qui n'aura rien à se reprocher devra quand même assumer toute son histoire depuis 1830. N'importe quel Blanc, le plus antiraciste des antiracistes, le moins paternaliste des paternalistes, le plus sympa des sympas, devra subir comme les autres. Parce que, lorsqu'il n'y a plus de politique, il n'y a plus de détail, il n'y a plus que la haine. Et qui paiera pour tous ? Ce sera n'importe lequel, n'importe laquelle d'entre vous. C'est pour cela que c'est grave et que c'est dangereux ; si vous voulez sauver vos peaux, c'est maintenant. Les Indigènes de la République, c'est un projet pour vous ; cette société que vous aimez tant, sauvez-là… maintenant ! Bientôt il sera trop tard : les Blancs ne pourront plus entrer dans un quartier comme c'est déjà le cas des organisations de gauche. Ils devront faire leurs preuves et seront toujours suspects de paternalisme. Aujourd'hui, il y a encore des gens comme nous qui vous parlons encore. Mais demain, il n'est pas dit que la génération qui suit acceptera la présence des Blancs. ».
Ce texte de combat définit les camps en présence pour le PIR. Il s’agit d’un combat ethnique anti-blanc. Ces personnes défendent en miroir de l’extrême-droite un authentique racisme. Cette notion de race ne reposant sur aucune base scientifique est réintroduite par ceux la même qui se prétendent anti-racistes. Aux islamistes qui privilégient une identité religieuse, le PIR avancent une identité raciale.
Le PIR est aussi l’inventeur de ce néologisme des « Souchiens » pour désigner les français dits de « souche ». Il n’échappera à personne que ce terme joue sur l’homophonie (sous-chiens) pour marquer le peu de considération pour la population visée. L’extrême droite reprendra cette désignation pour se définir soulignant ainsi qu’elle adopte la coupure raciale, se mettant dans le camp des « blancs ». Ce PIR est le meilleur argument de propagande et de recrutement pour le Front National. Nous revoyons se former le paysage politique qui a précédé les massacres passés et actuels. Nous sommes loin de la construction d’un monde commun et d’une lutte pour l’égalité.