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Billet de blog 26 mars 2011

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La Libye en débat

Ne peut-on être à la fois pour les frappes aériennes qui viennent d’avoir lieu et contre une guerre dont l’objectif serait d’établir une domination occidentale sur la Libye ? Rappelons tout de même que les premières frappes au sol effectuées par l’aviation française ont arrêté in-extremis les troupes de Kadhafi aux portes de Benghazi.

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Ne peut-on être à la fois pour les frappes aériennes qui viennent d’avoir lieu et contre une guerre dont l’objectif serait d’établir une domination occidentale sur la Libye ? Rappelons tout de même que les premières frappes au sol effectuées par l’aviation française ont arrêté in-extremis les troupes de Kadhafi aux portes de Benghazi. Que selon toute vraisemblance ces attaques ont empêché celles ci de se livrer à une occupation de la ville et aux représailles annoncées par le dictateur et dont des journalistes constatent que ce ne sont pas que des mots.

Il me semble difficile de soutenir que ces attaques ont eu lieu ou trop tôt ou trop tard.

Trop tard signifie-t-il que l’intervention aurait dû se faire sans consultation des pays concernés, dont les pays arabes, sans résolution de l’O.N.U., c’est à dire seul ou avec la Grande Bretagne ?

Trop tôt signifie-t-il qu’il fallait attendre d’aller au bout « d’une analyse précise de la situation concrète » (E. Plénel) c’est à dire, si l’on en croit les informations communiquées, après la victoire de Kadhafi et la déroute de la rébellion ? Les possibilités d’une intervention ont été obtenues à la limite du raisonnable.

Est-ce seulement une « opération d'oubli et de diversion orchestrée à cette occasion par Nicolas Sarkozy ? » (E. Plénel) Il est indiscutable que les raisons avancées : protection des populations civiles, ne sont pas les seules et que la politique menée par N.S. est en rupture avec ses pratiques toutes récentes que Médiapart à raison de rappeler. Pour autant ne doit-on juger ses décisions qu’au regard du personnage et de sa politique antérieure ? Si demain il nous annonce que la terre est ronde devra-t-on dire qu’il se trompe en rappelant tout ses mensonges ? Si quelqu’un se porte au secours d’une personne qui se noie va-t-on lui demander ses antécédents judiciaires ? va-t-on essayer de savoir si ses motivations sont nobles ou intéressées ? La méfiance est fondée. Cependant les décisions doivent être évaluées , non seulement en fonction de ceux qui les prennent, mais aussi en fonction de leurs effets attendus.

On peut souhaiter arriver à un certain équilibre des forces, tout en étant attentif à ce que l’apparente raison humanitaire ne cache pas d’autres intérêts. Les interrogations d’aujourd’hui sur la politique menée par la coalition sont salutaires et F.Bonnet à eu raison de rompre l’euphorie presque unanime des médias français. Pour autant s’interroger ne veut pas dire s’opposer. Des réserves et des questionnements ? oui, mais ne pas laisser croire à l’inutilité des premières frappes Toute l’ambiguïté de l’opération libyenne doit être auscultée à la loupe et montrer qu’il ne s’agit pas d’importer la démocratie à la pointe des fusées tomahawk.

« A partir du moment où la menace contre les civils c'est la dictature, les protéger, c'est se débarrasser de la dictature. La « responsabilité de protéger », pour reprendre le terme consacré par l'ONU, ça veut concrètement dire changement de régime. » nous dit Rony Brauman , Il met la barre si haute que nous ne pouvons que l’approuver. Mais bombarder l’armée de Kadhafi aux portes de Benghazi n’était-ce pas une riposte adaptée ? Définissons les limites que nous mettrions à cette intervention.

La libération de la Libye ne pouvant être que le fait des Libyens, quel type de soutien est-il possible d’apporter ? Les divergences entre ceux qui veulent la fin de cette dictature en remettant le peuple au cœur d’une Libye démocratique, et ceux dont les visées sont tout autres ne tarderont pas à être manifestes.

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