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Billet de blog 31 juillet 2022

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L'impérialisme russe

L'invasion de L'Ukraine par la Russie le 24 février 2022 est le point de basculement du monde dans lequel nous allons vivre dans les prochaines décennies.

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L'invasion de L'Ukraine par la Russie le 24 février 2022 est le point de basculement du monde dans lequel nous allons vivre dans les prochaines décennies.

Pour permettre à tout le monde de se remémorer le contexte de la guerre, je me permet de rappeler, aussi brièvement que possible, l'enchainement des événements .

.A la fin de la guerre 39-45 les accords de Yalta suivis de ceux de Potsdam divisent L'Europe en deux zones d'influence . La première, le bloc soviétique dominé par l'URSS de Staline en Europe centrale et orientale. Ces pays constituent le Pacte de Varsovie en 1956.

En Europe de L'Ouest sous la domination des armées alliées se constitue le Pacte Atlantique signé en 1949.

A la chute de l'URSS, en 1991, des pays sous domination soviétique prennent leur indépendance. Ils chercheront une protection militaire contre leur voisin russe en adhérant à l'OTAN.

Aujourd'hui des discussions sont en cours avec le Monténégro, la Georgie, la Bosnie Herzégovine et la Macédoine. Et en 2022 L'OTAN accepte la demande d'adhésion de la Finlande et de la Suède.

L'adhésion à l'OTAN pour les pays qui avaient vécus les années de 1945 à 1991 sous domination soviétique répond à leur volonté d'assurer leur indépendance en se mettant sous la protection de la puissance militaire américaine seule capable de rivaliser avec celle de la Russie. C'est une demande d'États indépendants. L'autre conséquence de l'histoire de ces pays sous domination russe est, depuis l'invasion de l'Ukraine, leur décision de renforcer leur armée. Ainsi l'Allemagne après le 24 février décide de reconstituer une armée en débloquant un budget de 100 milliards sur cinq ans. La prise de conscience que la Russie voulait reconstituer l'empire russe ou celui d'Alexandre le Grand, à provoqué ce sursaut défensif..

La ligne politique suivie depuis 1991 par les pays européens membres de l'OTAN vis à vis de la Russie découle d'une analyse d'une Russie pacifique. Ils pensent que le développement des relations économiques permettra des relations cordiales.Cette vision est confirmée par sa la dépendance énergétique. L'Allemagne, comme d'autre pays de l'Est européen, a tout misé sur une coopération avec la Russie. Déjà alimenté par le gazoduc passant par l'Ukraine elle a accepté d'être très dépendante de la Russie en gaz en construisant en coopération Nord Sream 2 . Ce n'est que début.2022 qu'elle refusa sa mise en service. Cette réalité montre qu'elle n'imaginait pas une Russie hostile. L'ancien chancelier allemand Schröder est devenu le numéro 2 de Gazprom, le géant gazier de Russie..

De nombreuses exercices militaires conjoints, mêlant des armées européennes et russes eurent lieu jusqu'en 2014, de même que la vente d'armes à la Russie montre que la perspective d'un affrontement était exclue. La vente des deux porte-hélicoptères Mistral avait été conclue en 2009 et c'est à la fin de 2014 que François Hollande annula le contrat en pleine crise ukrainienne. La France et l'Allemagne s'opposèrent à l'adhésion de L'Ukraine à l'OTAN.

Si l'Europe se préoccupait peu de l’expansionnisme russe, il en est de même des États-Unis dont la principale préoccupation se situe dans le Pacifique et sa rivalité avec la Chine. L'OTAN jusqu'en 2022, est décrite par le Président Macron, en état de 'mort cérébrale" . C'est une alliance défensive sans capacité offensive (il suffit de voir l'état des armées des pays européens). C'est l'annexion de la Crimée et la guerre du Donbass qui marque le début des rapports conflictuels avec la Russie et le début du réarmement des pays européens.

Certes des erreurs ont été commises par les Occidentaux dans les relations avec la Russie, mais cela ne permet pas de tirer un trait d'égalité dans leurs responsabilités. Renvoyer dos à dos Russes et Occidentaux c'est répartir les responsabilités à égalité entre agresseurs et agressés, oublier que c'est la Russie qui a envahi l'Ukraine entrainant la mort de dizaines de milliers de femmes enfants et militaires des deux pays ainsi que la destruction d'un pays, c'est ne pas entendre les dirigeants russes menacer la planète de l’apocalypse . Depuis au moins deux décennies et l'arrivée au pouvoir de Poutine sa politique fut de reconquérir les pays nouvellement indépendants, nés de l'éclatement de l'URSS après 1991.

La seconde guerre de Tchétchénie en 1999, qualifiée de conflit le plus violent connu par l'Europe depuis la seconde guerre mondiale, voit la destruction totale de sa capitale Grosny. Poutine met à sa tête un homme à lui, Kadyrov, et réintègre le pays dans la fédération de Russie .

La guerre de Géorgie de 2008 aboutit à la sécession de deux de ses provinces, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie (20% de la Géorgie) occupée depuis par la Russie. Le prétexte invoqué est toujours le même: défense de la minorité russe et diabolisation de ses adversaires, qualifiés de terroristes islamistes ou nazis.

Ces deux guerres furent les premières agressions contre des pays nouvellement indépendants. Elles ne doivent rien à la politique occidentale qui réagira peu.

La guerre d'Ukraine en 2014 fut la suite de cette politique impérialiste et la réponse du Kremlin au désir légitime de Kiev de se rapprocher de l'Union Européenne. Elle eut pour résultat l'annexion de la Crimée, contraire à tous les traités signés et l'occupation militaire du Donbass en soutien aux séparatistes. Poutine refuse, depuis son arrivée au pouvoir, de considérer l'Ukraine comme un pays indépendant, souverain, répétant depuis des années que l'Ukraine n'existe pas, quelle fait partie de la Russie. Il existe bien un impérialisme russe. Ne voir que l'impérialisme américain, tel qu'il sévit depuis 1945 un peu partout dans le monde, c'est ne pas considérer qu'il existe aussi un impérialisme russe et un impérialisme chinois.

L'Ukraine sous la botte de Poutine, à qui le tour? Le maître du Kremlin nous prévient: dans un discours du 8 juillet 2022, qui n'a pas eu l'écho qu'il mérite, "Ils veulent nous battre sur le champ de bataille, qu'ils viennent. C'est une tragédie pour le peuple ukrainien mais il me semble que c'est la direction que nous prenons. Chacun doit savoir que nous n'avons pas commencé les choses sérieuses." C'est une de ses multiples menaces depuis le 24 février

La question du soutien à la résistance ukrainienne, y compris militaire est fondamentale . Les reculades et atermoiements encouragent la prétention russe à reconstituer son empire en menaçant l'Europe, affermissent le pouvoir de Poutine auprès de sa population . En soutenant la résistance, au contraire, nous défendons la démocratie, le droit international et la souveraineté des États.

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