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Billet de blog 2 juillet 2011

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Fukushima Fun

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a un mois de cela, en passant devant les couvertures des magazines en kiosques, on pouvait constater que le traitement esthétique de la catastrophe de Fukushima était graphiquement parfait. De ces couvertures, de leur beauté, se dégageait un traitement très "inrocks" de l'évènement.

Peu après, j'ai comparé ce traitement à une autre forme d'esthétique : celle dont on entoure aujourd'hui la catastrophe de Tchernobyl, et qu'on peut retrouver par exemple dans le reportage d'Arte intitulé "Tchernobyl for ever".

On peut voir dans ce documentaire une continuité de la mise en scène de la catastrophe de Tchernobyl comme une malédiction produite par un système. Une sorte de mise en garde éternelle contre les excès du socialisme, aussi vieille que la guerre froide et sa belle mort.

L'Ukraine y est présentée comme à jamais malade et condamnée. L'usine de Tchernobyl y est un Moloch dévastateur, un monstre endormi, à la fois fascinant et terrifiant. Monstre dont, paradoxalement, on ne pourrait plus se passer, car alors ce serait l'oubli, et le retour de la course effrénée vers une foi aveugle dans le progrès. Il rappelle aussi et surtout les insuffisances de la technologie soviétique, insuffisance doublée par la corruption de l'Urss. Même si ce n'est pas l'intention du documentaire, on ne peut s'empêcher de comparer la sûreté nucléaire française et celle de l'ex-Urss, comparaison à notre avantage bien sûr, même si ce présumé avantage est bien loin de refléter la réalité.

En Ukraine, donc, point de salut, hors celui venu des finances européennes, bien sûr.

Et Fukushima ? Quelle histoire sera écrite sur Fukushima ?

Le Japon n'est pas l'Ukraine. Le Japon, c'est une puissance mondiale de premier ordre, bien ancrée dans le camp des occidentaux. C'est un pays à la mode, fascinant par ses trouvailles technologiques, fascinant par les produits de sa culture, et qui bénéficie d'une très bonne image en Europe et aux Etats-Unis, pour les raisons que je viens d'évoquer.

Fukushima est la preuve que la technologie occidentale n'est pas si sûre qu'on a bien voulu, complaisamment, le penser. Et la corruption fait des ravages, en Occident comme ailleurs.

Mais quelle histoire va-t-on raconter sur Fukushima ? Une telle catastrophe n'est pas possible dans un pays à si haute valeur ajoutée.

Alors on en fera un manga, un nouvel "Akira". On esthétisera la catastrophe pour la rendre aussi belle qu'une playstation. Les intérêts autour du nucléaire sont si forts, qu'on peut parier, sans prendre trop de risques, que le Japon bénéficiera d'une très rapide "dépollution culturelle".

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