Le Tarmac est menacé de fermeture.
Un théâtre dirigé avec courage, passion et intelligence par sa directrice actuelle.
Un théâtre qui a fait la preuve tout au long des années de son existence de son attachement à une culture ouverte, porteuse de rencontres et d'échanges humains.
Un théâtre qui considère la francophonie comme un pont vers les cultures qui la bordent et qui se mélangent à elle.
Ce théâtre là est menacé de fermeture.
Où entendrons-nous les paroles de Franz Fanon, de Carole Fréchette, de Daniel Danis, de Patrick Chamoiseau, d'Aimé Césaire ? Où irons nous nous abreuver à la poésie, à la littérature et au théâtre francophones, si porteurs de réalités comme de promesses ?
Le Tarmac est lieu important parce qu'il est un lieu d'invention, un lieu où l'on remet en question ses conceptions, un lieu où l'on découvre d'autres cultures et où l'on se plonge par conséquent plus profondément en soi. C'est un lieu enfin où l'on refait le récit. La francophonie y est inventée, discutée, vivante. Elle y est prise pour ce qu'elle porte en elle de bouleversements intimes comme collectifs. Elle est subversive, elle remet en question - pour le meilleur - nos façons de penser.
Ne serait-il pas temps en effet de se défaire de structures culturelles archaïques qui considèrent que le français - le vrai - ne serait parlé qu'en métropole ? Ne serait-il pas temps de considérer la francophonie comme une chance inouïe d'enrichir notre langue, de s'ouvrir au monde, d'être plus vivants, plus généreux, plus humains ? Ne serait-il pas temps d'accéder à un autre récit, où l'on dépasserait enfin cette culture coloniale néfaste à tous et qui risque de nous entraîner peu à peu vers l'isolement ?
Le Tarmac propose cela, il est une chance pour sortir de cela. Il propose une francophonie libérée de la domination coloniale, qui ne considère pas une culture comme étant supérieure à une autre. En un mot, il propose une francophonie horizontale. Si le funeste projet du Ministère de la Culture venait à se concrétiser, il est à craindre que nous assisterions au retour d'une francophonie verticale et d'une culture de domination à rebours de l'Histoire. Nous y perdrions alors l'échange et l'ouverture, ces conditions essentielles à l'épanouissement d'une pensée vivante.
Le rôle d'une République est d'investir dans les creusets divers où se prépare notre futur et non de tout sacrifier aux intérêts de court-terme. Et si le pouvoir ne peut pas comprendre cela, alors c'est à nous de lutter et de résister. Ne nous y trompons pas : il ne s'agit pas seulement de la fermeture d'un théâtre - ce qui en soi est un signal très inquiétant et contre lequel il faudrait lutter de toutes ses forces - : ce que la fermeture du Tarmac symboliserait aux yeux du monde francophone serait une catastrophe humaine, un déni de réalité, un désinvestissement dramatique sur un enjeu primordial de société et de politique.
Prochain rendez-vous : mobilisation festive le 12 mai à 18h au Tarmac, 159 avenue Gambetta, Paris (20ème arrondissement).
Si vous vous sentez concernés par ce combat, interpellez vos élus, vos partis politiques, écrivez-leur.
Ce théâtre ne doit pas fermer.
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