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Billet de blog 24 novembre 2010

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Manifeste pour un appel aux Monuments à la Paix

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce texte n'est pas de moi, mais d'un ami qui a souhaité rester anonyme. Je me fais ici le passeur de son enthousiasme et de sa plume.

Depuis le temps de sa rédaction le visage de l'ignominie s'est démultiplié, et les rictus de haine animent maintenant les traits des "penseurs décomplexés".

L'idée que ce texte propose conserve donc pour moi toute son actualité.

11 novembre 2010 -

Manifeste pour un appel aux Monuments à la Paix
dès le 11 novembre 2018

Le 11 novembre 2018, nous aurons tourné une page, cent ans seront passés depuis la fin de la guerre 14-18.
Tous ces monuments aux morts qui habitent nos villes nos villages pourront alors laisser la place à d'autres célébrations.
Nous pensons qu'il sera temps alors de les remplacer par des monuments à la paix, hommage à la vie, espoir en l'avenir.
Nous ne sommes pas doucement angéliques en demandant cela, nous savons bien que la barbarie guette en chacun de nous, et qu'il fallait sans doute construire ces monuments à une certaine époque pour compenser en gloire ce que la guerre avait coûté de douleurs.
Nous estimons juste que ces horribles statues guerrières aux stèles marquées de noms de victimes de la guerre ont assez vécu, et qu'elles ne correspondent plus à nos besoins, pire, qu'elles sont un fantôme de notre société tournée par le passé, aux symboles éculés, à la violence tue et ici muettement glorifiée.

Ou alors, sinon, nous demandons que soient inscrits tous les noms de toutes les victimes de toutes les guerres, et alors il n'y aura pas assez de place sur cette terre pour coucher tous les noms de cadavres précoces morts violemment de la guerre.
Oui, il est temps de retourner ces petits carrés de terre et d'en faire des monuments à la paix, d'y planter des symboles vivants et féconds.
Rangeons dans des espèces de musées du souvenir, par exemple départementaux, toutes ces statues d'un autre temps, qui ne doivent pas peupler nos vies de tous les jours, mais qui doivent éventuellement servir à un devoir de mémoire, si on en éprouve le besoin, comme lorsque l'on va au musée pour avoir témoignage du passé.

Nous proposons que ces petits lopins de terre labourés à nouveaux laissent pousser des oeuvres d'expressions liées à la paix à l'avenir à la discussion.
Des oeuvres d'art, des oeuvres populaires, des oeuvres d'écoliers de grands-parents de travailleurs d'artistes de jeunes de tout le monde.
Des expressions brutes ou améliorées, expertes ou naïves. Des peintures, des mots, des poèmes vidéos , des sons, des installations...
On pourrait imaginer une règle du jeu générale pour toutes les communes; par exemple que le lieu où sont exposés ces oeuvres, ces présents, soit sous forme de vitrine ouverte sur la rue.

On pourrait dire qu'il n'y aurait pas de durée de temps défini, que plusieurs oeuvres pourraient cohabiter, selon l'espace, qu'elles seraient remplacées par la nouvelle oeuvre prêtée... ces oeuvres seraient éphémères, ces lieux ne seraient pas des musées ni des monuments, juste des enveloppes pour recevoir en continu des expressions éphémères.

Comme un grand lavage d'expression collectif, une catharsis, une reprise en main de la parole et de la créativité par les gens, dans ce grand pays malade d'expression et de communication qu'est la France, à l'heure où les médias ne fonctionnent que dans un sens et parachèvent l'asservissement des consciences, à l'heure où la parole s'éteint, à l'heure où l'on crée des individus standardisés dans la consommation qui ne savent pas s'exprimer, n'osent pas ou n'ont la place de ne rien exprimer, à l'heure où l'on se parle mal et que la barbarie, justement, progresse.
Un média local enfin au coin de la rue, interactif, pour tous, une fenêtre d'expression à aller consulter, dans l'espace public.
Le début d'un nouveau contrat social et éthique peut-être.
En tout cas un symbole fort, et positif celui-là.

Voilà la belle idée que nous soumettons aujourd'hui.

Nous souhaitons qu'elle circule et qu'elle soit reprise par des gens bien intentionnés, sans arrière pensée de monopole, d'argent, de pouvoir, avec cette intention simple et réellement démocratique d'un art pour tous et d'une expression libre.
Là où la guerre reste le symbole infâme de la barbarie, de la bêtise, de la violence,
nous lui préférer les herbes folles de la pensée libre et naturelle.
A nos regrettés monuments aux morts. Aux vivants.

Eponyme Carpe-Diaz

Pirate des Caraïbes Françaises

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