Gilles Rotillon est décédé le 11 juillet dernier à l’âge de 79 ans. Il était bien connu de nos lecteurs par le blog qu’il rédigeait régulièrement sur Mediapart dans lequel il décryptait avec beaucoup d’acuité l’actualité économique et politique. Au terme d’une carrière d’économiste reconnu, dans laquelle il avait contribué à forger la notion d’économie de l’environnement et qui lui avait valu un titre de professeur émérite à l’Université de Nanterre, Gilles Rotillon n’avait jamais cessé de réfléchir sur notre monde.
Libéré de ses obligations universitaires, il avait gagné en liberté. Ses contribution sur son blog sur Mediapart, comme ses chroniques régulières sur Xerfi, en étaient la preuve. Inspiré par la pensée de Lucien Sève (1926-2020) dont il était un fin connaisseur, il n’hésitait pas à reprendre la tâche que Marx s’était lui-même donné : mener une critique sérieuse mais réelle de l’économie.
Cela l’amenait à réduire en cendres les illusions de la croissance verte et du capitalisme vertueux, mais aussi à élaborer l’idée, qui me semble des plus justes, d’une crise « anthropologique » du capitalisme reposant sur le nœud nécrosant liant consommation et marchandisation du monde.
En vrai marxiste authentique et non dogmatique, Gilles Rotillon pensait la sortie du capitalisme comme la seule voie possible, mais il refusait de tracer un chemin droit que les autres devaient suivre. C’est aux hommes de construire leur avenir et il l’avait dit dans ce long post titré « il faut sortir du capitalisme mais je ne vous dirai pas comment ». Ce texte est essentiel pour notre époque et il résume la pensée de cet homme qui savait que marxisme et humanisme étaient inséparables.
Lecteur de Mediapart, il était toujours prompt à réagir à tel ou tel article et à y apporter sa vision. Nous avions pris l’habitude d’échanger et cet échange me manquera. Il laissera un vide immense pour ceux qui l’ont connu et apprécié.