Peut-on impunément prétendre se mettre à quatre cerveaux, responsables politiques de niveau national, pour pondre un texte aussi affabulateur et politiquement indigent, qui se présente , en outre, comme un « récit lucide et apaisé ». Le ton est celui de l'histoire qu'on raconte aux enfants pour les endormir, celui du fait-d'arme-gloire-aux-vainqueurs, celui de l'autofiction qui confine à l'onanisme.I
Donc, il se dirait n'importe quoi à Grenoble s'agissant de la gestion écolo-gauche-citoyenne de la ville, sur laquelle le pays tout entier a les yeux braqués. Il y aurait d'un côté les « pour « ( « fans » dans le texte), de l'autre, les « contre » ( les « antis ») qui s'entredéchirent, baignants dans un marigot qui n'est pas la réalité vraie, celle vécue par la Reine-maire-adjointe que, par son truchement, les postulants aux rôles de mousquetaires vont exposer au bon peuple grenoblois qui a porté aux « manettes » de la ville un Rassemblement rouge/vert/citoyensdont les composantes découvrent une ville au bord du gouffre financier, or ...
« Le truc, c’est qu’aucun (e) d’entre ( elles) n’avait promis de faire plus avec moins, « juste » de faire mieux. Là il fallait donc faire plus, mieux, avec beaucoup moins. Ce qui est en fait impossible » ...
Ce serait beau comme du Devos si ce n'était à pleurer comme du Sarkozy ; La loi est la loi, le préfet tient son poste, les diktats sont de Bruxelles, la banque refuse le prêt (?) , la situation est « dantesque », alors …
... « On ( les quatre signataires PG, n.d.l.r.) a beau les soutenir, on n'en fait pas des super-héros. Ils ont donc décidé de faire autrement, il a fallu opter et faire des choix. »
Voilà, c'est dit : on gère la pénurie, avec la bénédiction du PG ( mais pas tout le PG local …) . Parce qu'on veut par-dessus tout rester en place. Après l'inventaire connu et ressassé des réalisations dont l » ils » voudraient qu' « on » se souvienne ( on vous y renvoie, on la trouve partout …), la Reine-maire-adjoint ,comme dans tout son conte de fée, prend le lecteur à témoin :
« Les choses se compliquent, hein... » (… ) Mais arrivés à ce point du récit, l'équipe continue vaillamment. Avec l'épuisement qui guette, des tensions naturellement, des yeux qui ont l'air d'être passés à la Javel, mais ils tiennent bon. Il faut encore trouver des économies, plusieurs millions. »
Surtout que les méchants sont méchants, surtout ensemble. .. Et le peuple ? Ben, il l est pas du tout, mais alors pas du tout, animé par le souci du bien public :
« des choix cornéliens à trancher (...) cela aurait été une sale compétition et un gros risque de pyromane de monter les habitants les uns contre les autres » …
« On » ne lui demande donc rien : co-construction, démocratie, participation, pouvoir d'agir se retrouvent rangés au rayon des poudre de perlimpinpin. « L'araignée rouge » comme l'avaient surnommé ses opposants ( confirmant ainsi ne rien connaître au « rouge ») se prend les pattes dans sa toile et lâche tout, (comme en Une du Postillon, « quelle … ! », pareil )
« des choix ont été faits de manière à maintenir la souveraineté des Grenoblois et de leur élus, celles et ceux qu'ils se sont choisis » : en gros : c'est nous qu'on y est , on y reste .
Mais d'ailleurs, de quoi se plaignent les grenoblois ? Et qui se plaint ? Quels sont-ils ? Leur Reine-maire-adjoint est crucifiée sur la croix, les yeux lavés à l'eau de javel, confrontée au jugement de Salomon (dans le rôle de Salomon ), alors qu'ils se gavent de livres et de bibliothèques où les bibliothécaires n' ont rien d'autre à faire qu'à ouvrir et fermer les portes entre 10 ou 18 h par semaine… ( Bonjour, je vous mets combien de Princesse de Clèves ? )
Entre cynisme et foutage de gueule, le bouquet final c'est faire avaler au lecteur pas fini, sa version des faits par un procédé où la mauvaise foi le dispute au mépris, l'ignorance à l'arrogance, la bêtise à l'odieux :
« Oui, soyons clairs : fermer 3 bibliothèques sur 14 fait mal. Même s'il s'agit des plus petites, même si leurs plages d'ouverture au public sont de 10 à 18 heures par semaine, même si des solutions de repli existent sur des bibliothèques jumelles situées à 500 mètres et que des projets de lectures publiques sont en discussion avec les habitants pour garder les lieux opérationnels. Et même si les moyens ainsi dégagés sont fléchés pour faire évoluer tout le réseau vers de nouveaux besoins sociaux, le numérique, développer un meilleur accueil en gardant Grenoble au top de la lecture publique en France (1 bibliothèque pour 14.000 habitants en 2017 contre 12.500 en 2016, alors que des villes comme Nantes ou Lyon sont à 1 bibliothèque pour 30.000 habitants). »
Cette lecture nous aura appris une chose : ces ignares qui nous gouvernent sont convaincus - parce qu'ils n'envisagent même pas que l'on puisse penser autrement - qu'on en veut au saint Graal qu'ils tiennent entre leur mains et confondent souveraineté et pouvoir. Je suis JLM 2017, mais si j'étais Mélenchon, je n'afficherais pas l'air goguenard qu'il a, en bas à gauche, sur la home page du site du PG.
(1) tantôt l'auteur du texte cité, tantôt les signataires qui veulent faire croire qu'ils sont les auteurs, tantôt le lecteur, tantôt les grenoblois, tantôt moi, décidément « on « est un C.. !