
Les Chantiers navals de Saint-Nazaire ont livré ce mercredi 31 mai 2023, un nouveau paquebot au gaz naturel liquéfié (GNL) au groupe croisiériste MSC. Le géant des mers, commandé en juin 2018 par le croisiériste suisse MSC, mesure 333 mètres de long, 68 mètres de haut et peut accueillir 6 700 passagers.
https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/chantiers-navals-de-saint-nazaire/croisieres-maritimes-le-premier-paquebot-au-gaz-construit-en-france-livre-a-saint-nazaire_5437819.html
Selon l'ONG Transport et environnement, un bateau de croisière émet en une année 20 000 tonnes de CO2, le fait de passer du fuel lourd au GNL n'y changera pas grand chose. Le seul « intérêt » serait de diminuer les émissions de particules fines telles que le dioxyde de souffre.
Selon Patrick Pourbaix, directeur général France chez MSC Croisières, l'efficacité en terme de moindres émissions de gaz à effet de serre par rapport au fuel serait de 25%. On demande à voir.
Selon cette fiche dite « pédagogique » datant de 2017 :
https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/gaz-naturel-liquefie-gnl
- La liquéfaction du gaz naturel permet de réduire son volume d’un facteur de près de 600 pour un même pouvoir calorifique.
- Dans une unité de liquéfaction, le gaz naturel subit plusieurs traitements successifs : épuration, déshydratation, prérefoidissement et liquéfaction à une température d'environ -162°C.
- En 2016, le GNL a compté pour près de 32% des flux totaux de gaz naturel dans le monde.
- La France dispose de 4 terminaux de regazéification (Fos Cavaou et Tonkin, Montoir-de-Bretagne et Dunkerque).
- Les plus gros méthaniers en activité peuvent transporter près de 267 000 m3 de GNL.
- l’usine de liquéfaction utilise en moyenne près de 10% du gaz qui lui est livré pour son propre fonctionnement
Il faut savoir aussi que le gaz « naturel » mis à contribution pour faire du GNL est principalement tiré de gaz de schistes obtenus par fracturation hydraulique, notamment aux Etats-Unis.
Ces gens sont fous !
Le GNL n'est en rien un « gaz propre » comme le proclame pourtant la firme française AirLiquide sur son site https://energies.airliquide.com/fr/energies-grid/gaz-naturel-liquefie-gnl
Il existe maintenant ce qu'on nomme le « Bio-GNV », qui selon ses promoteurs (GRDF notamment) est issu de la fermentation de matières organiques (résidus de cultures, déchets alimentaires de collectivités et d’industries, …) et est à 95 % composé de méthane.
L'association France Nature Environnement en fait la promotion en lui décernant le titre de « carburant alternatif, écologique et crédible » : cf https://fne.asso.fr/dossiers/biognv-un-carburant-alternatif-ecologique-et-credible
C'est certes une possibilité de diversifier les sources d'énergie et de valoriser les déchets : en faire une grosse filière industrielle pose néanmoins de sérieux problèmes. Déjà, les déchets, il faut nous appliquer à en produire moins, beaucoup moins.
On sait que le « biométhane » puise aussi sa source dans des cultures spécialement dédiées comme du maïs ou du colza ou encore dans les lisiers d'élevages géants, notamment porcins. Du coup, ça réduit l'intérêt de cette filière qui ne saurait prétendre promouvoir une « énergie propre ». Et arrêtons de parler de bio-carburants, mais plutôt d'agro-carburants. Les agro-carburants contribuent aussi à l'effet de serre !
On peut aussi opposer à cette industrie que la terre doit surtout servir à l'alimentation humaine et non pas à servir des intérêts industriels qui ne nous feront jamais sortir des gaz à effet de serre.
Quant au tourisme de croisières (maritimes ou aériennes, voire stratosphériques), il est urgent d'y mettre le holà, car non seulement il pollue, il génère des gaz à effet de serre, mais il transforme les ports d'escale en réserves à touristes et leur population en laquais pour ces touristes.
Reste à considérer les questions d'emplois. Si on revient à la ville de Saint-Nazaire, elle a failli à certains moments de devenir un désert industriel, la construction de bateaux connaissant des crises cycliques. C'est avec la construction de paquebots géants et maintenant également de bâtiments militaires, dont notamment le futur porte-avions que Saint-Nazaire conserve un dynamisme industriel.
L'argument des emplois pèse lourd dans les mentalités. Mais face au périls qui menacent l'humanité comme le réchauffement climatique, la question du sens du travail est ouverte.
Travailler pour gagner sa vie ou la perdre à la gagner ?
Scier la branche (économique) sur laquelle nous sommes assis, combien en sont capables ?
Par quels moyens sortir de ce dilemme ?
Une série de questions que certains écologistes devraient se poser.