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Billet de blog 4 mai 2024

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Réformes régressives du travail - Acte I - Acte II

On sait que Macron aime le théâtre. Mais ça suffit comme ça : faisons de l'Acte III un moment de révolte sociale !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'indemnisation du chômage :
A de multiples reprises depuis le premier quinquennat Macron, l'indemnisation du chômage a été revue à la baisse : hausse de la durée minimale d’affiliation, dégressivité des allocations pour les salaires élevés, réforme du calcul du salaire journalier de référence (SJR), bonus-malus sur les cotisations des entreprises...

C'est ainsi que le gouvernement annonce un décret pour le 1er juillet 2024, arguant de l'absence d'accord entre « partenaires sociaux ». Le Premier Ministre annonçait réduire la durée d'indemnisation à 12 mois (actuellement, la a durée maximale de versement de l'indemnisation à l'ouverture des droits à l'ARE (Allocation de retour à l'emploi) est de 548 jours calendaires, soit 18 mois. Attal indiquait également vouloir la suppression de l'allocation spécifique de solidarité (ASS) pour les chômeurs en fin de droits et donc les précipiter vers le RSA (Revenu de solidarité active).

Selon une étude de la DARES (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques du Ministère du travail), La réforme de 2019 a affecté 47% des allocataires en faisant diminuer leurs indemnités. Le nombre d’ouvertures de droits a diminué de 14% entre 2019 et 2022, sans que l'étude sache « distinguer les effets de la réforme de la condition d’ouverture de droits et du SJR et de ceux de l’amélioration de la conjoncture économique »...
 « La baisse est notamment plus marquée pour les intérimaires, les saisonniers, les personnes en fin de contrat à durée limitée et les jeunes ».
https://www.vie-publique.fr/en-bref/293223-assurance-chomage-bilan-intermediaire-de-la-reforme-de-2019

Au premier trimestre 2024, le nombre des chômeurs au sens du BIT (Bureau international du Travail) a augmenté de 0,7 % à 3,02 millions. Ce chiffre ne concerne que les demandeurs d'emploi de la catégorie A. En ajoutant les autres catégories de personnes en recherche d'emploi (la catégorie B concerne des personnes ayant exercé une activité réduite courte le mois précédent), ce sont près de 5,400 millions de personnes tenues de chercher un emploi au premier trimestre 2024, selon les statistiques de France Travail.  Parmi ces personnes (toutes catégories confondues), 2,894 millions étaient indemnisées par l'assurance-chômage.
https://statistiques.pole-emploi.org/stmt/publication
On notera donc que moins de la moitié des demandeurs d'emploi bénéficient d'une indemnisation par France-Travail et que beaucoup de jeunes ne perçoivent rien. Ces jeunes doivent donc faire des démarches pour obtenir le RSA. Avant l'âge de 25 ans, il leur faut avoir travaillé au moins 2 ans sur les 3 dernières années. Ce qui fait beaucoup de jeunes sans aucun revenu.

Que leur répond Macron : « au fond, nous n'avons pas de politique à avoir pour la jeunesse. On doit simplement essayer de faire le maximum pour que la jeunesse puisse choisir son avenir parce que ce n'est pas à moi de vous le dicter, ce n'est pas à moi de vous l'écrire. C'est à vous de le faire ».
En gros, démerdez-vous !
https://www.vie-publique.fr/discours/272111-emmanuel-macron-21112019-jeunesse

En projet, une loi sur le travail portée par Catherine Vautrin, Ministre du Travail :

Macron n'est jamais à court d'idées pour « remettre la France au Travail ». On sait que pour lui, il « suffit de traverser la rue pour trouver un job ».
C'est ainsi qu'en 2024, Macron et son Premier Ministre Gabriel Attal annoncent un « Acte II de la Réforme du marché du travail » dans l'objectif d'atteindre le plein emploi (5% de chômeurs) en 2027. A marche forcée !
Lors d’une conférence de presse le 16 janvier, Macron annonce un durcissement des règles de l'assurance-chômage, notamment quand des offres d’emploi sont refusées.
Macron indique aussi « supprimer des normes, réduire des délais, faciliter encore les embauches, augmenter tous les seuils de déclenchement d’obligations ». « Il y a encore trop de complexités qui découragent nos entrepreneurs, industriels, commerçants, agriculteurs ».
« Je souhaite donc que le Gouvernement mène un travail ardent pour que l’on gagne mieux sa vie par le travail, avec l’adaptation de nos dispositifs fiscaux et sociaux, mais aussi par l’incitation à la négociation salariale dans les branches professionnelles. Il en va de même pour nos fonctionnaires pour lesquels le principal critère d’avancement et de rémunération devra être le mérite ».

En bref, toujours la même obsession : la méritocratie, l'adaptation des dispositifs fiscaux et sociaux, la suppression de normes, la simplification (Macron n'a retenu que les revendications de la FNSEA lors du mouvement de ce début d'année des agriculteurs).
Le Hic, c'est que tout ceci est à sens unique : renforcer le pouvoir des entrepreneurs sur leurs salariés.

Des normes en moins ? Lesquelles ? Celles qui concernent les expositions aux produits chimiques, comme le demandent les patrons de la FNSEA. Celles qui protègent la sécurité des salariés sur les chantiers.
Selon Gabriel Attal, le poids des normes représente « 60 milliards d’euros de pertes économiques pour nos entreprises ». La compétitivité des entreprises toujours, mais à quel prix pour les salariés ?

Réduire les délais ? Lesquels ? Par exemple « Réduire le délai de contestation d'un licenciement » qui serait « un frein à l'embauche ».

Notons aussi la volonté de raccourcir les délais pour des chantiers manifestement controversés.

Relever les seuils de déclenchement d’obligations ? Lesquels ? Ceux qui donnent  aux employeurs d'octroyer des droits aux salariés et à leurs institutions représentatives..

Faciliter les embauches ? Comment ? En obligeant les chômeurs à prendre un emploi dont ils ne veulent pas (Macron ne conçoit pas ça), en relevant les seuils des chômeurs "séniors" de 55 à 57 ans (vu que l'âge légal de départ à la retraite passe de 62 à 64 ans), en créant un CDD Senior pour les salariés âgés, en radiant des chômeurs, ce qui les obligera à demander à bénéficier du RSA, lequel RSA les obligera en 2025 à justifier de 15 heures d'activité pour continuer à le percevoir.

Quant aux salaires et aux minima de branches, dont beaucoup sont désormais situés sous le SMIC (56 branches concernées), le gouvernement renvoie à des négociations de branche, avec de nouvelles règles qui  n'annoncent rien de bon. Selon des rumeurs, les règles de revalorisation du SMIC pourraient être revues pour les confier à des négociations de branche, soit un SMIC par branche professionnelle.

« Il faut voir comment inciter les entreprises à conserver les salariés de plus de 50 ans », indique la Ministre du Travail qui ajoute « je ne suis pas reine de la contrainte ». Contrainte pour les entreprises faut-il comprendre, car pour les salariés ce sera toujours plus de baisse de droits. La question de l'emploi des seniors nous intéresse quand on sait que dans les métiers informatiques, certains employeurs nous considèrent comme âgés dès 45 ans. 

Réformes régressives du travail, Acte I, Acte II... 
Macron aime le théâtre. Mais en matière économique et sociale, rien n'est écrit à l'avance.


Faisons de l'Acte III un moment de révolte sociale !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.