Le cyclisme :
Il est loin le temps où les sponsors étaient des marques de cycles.
Nous avons des équipes liées à des Etats pétroliers : les Emirats arabes Unis (l'équipe UAE du double vainqueur du Tour Pogacar), l'équipe Bahrein-Victorius, l'équipe Astana.
Elles sont liées aussi à des industriels de la chimie comme Ineos-Grenadier, de l'automobile comme AG2R-Citroën et du pétrole comme Total-Energies.
Prenons le cas de Julian Alaphilippe, deux fois champion du monde de cyclisme sur route, multiple vainqueur d'étape sur le Tour de France. En froid avec son manager de l'équipe QuickStep, il est courtisé par d'autres équipes. Là, c'est le sieur Pouyané, patron de Total Energies, qui fait pression pour l'accueillir dans son équipe.
Parfois, on trouve des coureurs comme le Français Guillaume Martin (qui se classe régulièrement dans les 10 premiers du Tour de France) qui réfléchissent à cet aspect de leur sport : « Personnellement, je n'arrive pas à faire l'économie d'une forme de culpabilité. Parce que je sais que mon métier et mon plaisir ont des répercussions qui sont contraires à mes idéaux et à ce que je pense nécessaire pour le bien de la planète. Finalement c'est le type de dilemme qu'on vit tous. On a des téléphones, mais on ne sait pas exactement comment ils sont fabriqués et quel chemin ils ont parcouru ».
Le football :
Les sponsors sont grosso-modo les mêmes que pour le cyclisme.
après la désastreuse Coupe du Monde au Qatar, avec des milliers de travailleurs morts sur les chantiers et ses stades climatisés, la FIFA a retenu pour 2026 une organisation sur les 3 pays de l'Amérique du Nord : Mexique, Etats-Unis, Canada.
Pour 2030, on attend le choix de la FIFA entre Arabie saoudite, un quatuor d'Etats d'Amérique latine (Argentine, Paraguay, Uruguay et Chili) et un trio d'Etats au Sud-Ouest de l'Europe (Espagne, Portugal, Maroc).
Avec les millions de supporters qui vont se rendre sur ces événements, ça va en faire des trajets d'avions.
Les JO :
La Grèce souffre encore des JO de 2004 (endettement, équipements en ruine).
Le site Reporterre a évalué l'impact climatique des JO de 2024 : https://reporterre.net/JO-2024-un-bilan-carbone-plus-lourd-que-prevu
« Deux ans après, le ton est beaucoup moins triomphal. En mai, les organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 sont revenus sur leur engagement d’avril 2021 de réaliser un événement « à contribution positive pour le climat », c’est-à-dire qui capte plus de gaz à effet de serre qu’il n’en émet ». Comment en aurait-il pu en être autrement, sachant que l'événement va drainer des dizaines de millions de spectateurs ?
Parlons aussi des Jeux olympiques d'hiver. Les prochains (2026) auront lieu en Italie du Nord, la France est candidate pour ceux de 2030 : avec le recul de l'enneigement, assistera-t-on à l'usage forcené des canons à neige et des retenues d'eau pour les alimenter ?
Plus encore grotesque serait la candidature de... l'Arabie saoudite, pays connu pour être quasi-désertique. Mais ce pays y songe. Elle organisera en 2029 les Jeux asiatiques d'hiver.
Et on pourrait passer en revue un certain nombre de spectacles sportifs, les sports mécaniques comme les Grands Prix de Formule 1 qui continuent de fasciner bon nombre d'afficionados.
Même dans certains patelins de France, il s'organise des courses de moissonneuses-batteuses, souvent à l'initiative de la FNSEA et de ses syndicats départementaux : https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/aube-une-course-de-moissonneuses-batteuses-pour-faire-decouvrir-le-metier-d-agriculteur_5317852.html
Il y aurait bien d'autres moyens de faire aimer l'agriculture et les agriculteurs, non ?
Le « sport » est à l'image de la société, très loin de la prise de conscience. Et pire, un alibi pour populariser des firmes et des Etats qui se foutent complètement du dérèglement climatique comme TotalEnergies.
« Soyons sport ». Délaissons cette économie du spectacle, partie prenante de l'emprise capitaliste sur nos vies et nos rêves.