De cette histoire brestoise, on en connaît des pans, par exemple au travers de la BD de Kris et Etienne Davodeau « un homme est mort » (éditions Futuropolis, 2006) qui narre les luttes sociales à Brest au sortir de la seconde guerre mondiale. Cet homme qui est mort est Edouard Mazé, tué par les balles de la police lors d'une manifestation le 17 avril 1951. Ces événements ont fait l'objet d'un film du cinéaste René Vautier, présent à Brest cette année-là, et c'est aussi l'histoire du film, projeté sur les piquets de grève, dont il est question dans cette BD, un film qui sera perdu à jamais, faute de temps pour en faire une copie.
Jules Le Gall surnommé Gueule d'or.
Le temps, c'est aussi ce qui a manqué au dessinateur autodidacte Kristen Foisnon (décédé en 1996), pour terminer l'histoire en BD d'un militant anarchiste et syndical brestois, nommé Jules Le Gall et surnommé Gueule d'or. Ça se passe principalement avant la première guerre mondiale.
La vie de cet homme est également relatée dans le « Maitron » : https://maitron.fr/spip.php?article88332 : « Né le 13 décembre 1881 à Brest (Finistère), mort en déportation le 13 juin 1944 à Buchenwald ; ouvrier à l’Arsenal de Brest, libraire, puis quincaillier ; militant anarchiste ; syndicaliste CGT ; franc-maçon ».
La BD donc est une esquisse réalisée par Kristen Foisnon, restée longtemps inachevée, et finalement terminée par la graphiste brestoise Marine Summercity, avec l'aide tenace de l'association des amis de Kristen Foisnon, qui édite cette BD. Marine Summercity a repris pendant un an chacune des 50 planches pour la rendre éditable.
Il y est question des grèves de 1907 à Brest et de la féroce répression par les forces de l'ordre. Il faut savoir que Brest était déjà un port militaire où l'activité industrielle était portée par les arsenaux. Jules Le Gall, tout antimilitariste qu'il fut, y travaillait, avant d'en être viré pour avoir été un des principaux acteurs de la grève générale. A cette occasion, il fut condamné par la justice de classe à trois mois de prison. Ses amis se cotisèrent pour lui permettre d'ouvrir une librairie militante.
Les dernières planches annoncent la guerre de 1914-1918, qui décimèrent beaucoup d'ouvriers et de paysans. Jules Le Gall, quant à lui, fut réformé pour problèmes pulmonaires.
Il continua de militer par la suite. Un rapport de police de 1920 le décrit ainsi : c'est un « éducateur de la jeunesse syndicaliste, anarchiste, orateur violent ». Mais cette violence verbale n'est rien à côté de la violence étatique et patronale qui régnait sur Brest et la misère dans laquelle se débattait la population ouvrière de Brest et ses alentours.
Il faut noter enfin l'importance de la langue bretonne dans les pratiques militantes de l'époque, que Kristen Foisnon, lui-même amoureux de cette langue, a mis en valeur dans ce récit.
Cette BD est disponible dans les bonnes librairies. Au besoin, on peut aussi contacter l'assoc
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iation des amis de Kristen Foisnon – 20, allée de Park Braz – 29820 BOHARS.
Et en prime, un extrait de BD de Kristen Foisnon paru dans un fanzine libertaire, Anarchy Comix - N° 30 - Décembre 1985
