Wokisme : définition du dictionnaire Le Robert :
« anglicisme (souvent péjoratif) : Courant de pensée d'origine américaine qui dénonce, parfois de manière intransigeante, les injustices et discriminations subies par les minorités ».Cet anglicisme est issu du mot woke - « éveillé » dont le Robert donne la définition :« Qui est conscient et offensé des injustices et des discriminations subies par les minorités et se mobilise pour les combattre, parfois de manière intransigeante ».
Le Larousse indique qu'il s'agit d'une « idéologie centrée sur les questions d'égalité, de justice et de défense des minorités, parfois perçues comme attentatoire à l'universalisme républicain ».
Résumer en un mot divers courants de pensée (de personnes engagées dans les luttes antiracistes, féministes, LGBTQI+, intersectionnelles, décoloniales, anti-violences policières, écologistes aussi ou encore antispécistes) donne à penser qu'il y aurait unité de vue entre ces courants, qui de plus partagent une certaine radicalité dans les expressions.
Or, personne ne s'en réclame ou presque : le philosophe Pierre Tévanian l'assume dans un ouvrage intitulé « Soyons Woke: Plaidoyer pour les bons sentiments » (paru en avril 2025, aux Editions Divergences) : « Au spectre du « wokisme » qu'agitent de manière désormais obsessionnelle toutes les sphères de la Réaction, qu'elles soient d'extrême droite ou simplement « républicaines », ce livre se propose d'accorder une franche et chaleureuse hospitalité. En plus d'un implacable travail de debunkage, de critique et de généalogie du réquisitoire antiwokiste, il prend le parti d'assumer franchement le stigmate, et même de le revendiquer. Au-delà d'une posture défensive, faisant valoir à juste titre que "le wokisme" n'existe pas en tant que courant homogène, puissant et organisé, Pierre Tevanian (philosophe, essayiste et militant) investit en positif la question, en clamant haut et fort que si le wokisme n'existe pas, alors il faut l'inventer ».
Comme l'indique Tévanian, le « wokisme » n'existe pas en tant que « courant homogène, puissant et organisé ». Et même, les controverses, divergences, engueulades sont nombreuses entre ou à l'intérieur de ces courants, sur la nature des revendications, les méthodes à adopter, les formes de la radicalité, violence-non violence, le leadership et les rapports de domination, les regroupements affinitaires et la question de l'élargissement, la relation au capitalisme et à la lutte des classes, la question de l'État et du recours au droit bourgeois, la priorisation à donner à telle ou telle lutte, …
En conclusion, il faut juste voir en cette myriade de mouvements une soif d'égalité et de vérité. Mais il faut garder à l'esprit la nécessité de recherche de commun et d'universalité, le fait que nous appartenons toutes et tous au genre humain.
En fait, « l'idéologie » est ici clairement autour de « l'antiwokisme », celle qui s'affiche dans les courants droitiers : l'idée d'un ordre social immuable, la volonté de pérenniser les privilèges existants, le refus de reconnaître les discriminations et d'en réparer les conséquences.