Rv RICHARD (avatar)

Rv RICHARD

Informaticien retraité

Abonné·e de Mediapart

135 Billets

1 Éditions

Billet de blog 11 janvier 2023

Rv RICHARD (avatar)

Rv RICHARD

Informaticien retraité

Abonné·e de Mediapart

Les petits à-côtés de la réforme des retraites

Nous avons bien compris les impacts principaux de cette réforme : allongement de l’âge légal de départ à la retraite jusqu’à 64 ans en 2030, par ajout de 3 mois supplémentaires par an et de la durée de cotisation jusqu’à 43 annuités, d’ici à 2027. Il n’est pas inutile d’examiner le reste de la réforme « proposée » par le gouvernement et y voir quelques fourberies.

Rv RICHARD (avatar)

Rv RICHARD

Informaticien retraité

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quelques points parmi d'autres sont sujets à critiques.

Les pensions minimales :

annoncé comme une mesure de justice, le minimum de 1200 euros (qui correspondraient à environ 85 % du SMIC net) concerne les personnes ayant une carrière complète au moment de leur départ en retraite.

Quid des personnes n’ayant pas de carrière complète ?

Percevront-elles un pourcentage de ces 1200 euros, avec une décote de 1,25 % par trimestre non cotisé ?
Ou une mesure particulière pour les personnes ayant cotisé au moins 150 trimestres ?

Le gouvernement est évasif sur cette question.

Très vite, elles vont se retrouver avec le minimum vieillesse (ou ASPA, allocation de solidarité aux personnes âgées) qui est de 961, 08 euros (pour une personne seule) depuis le 1er janvier 2023 et réservé aux personnes âgées de plus de 65 ans.

En gros, 961 euros correspondent à 80 % de 1200 euros. Ça correspond à 4 années non cotisées ou encore 16 trimestres. Ainsi, une personne n’ayant cotisé « que » 156 trimestres (39 ans) aux alentours du SMIC sera pratiquement pensionnée à l’ASPA.

Mais peut-on vivre décemment avec un revenu de 900 euros, voire 1200 euros ?

Où est la justice là-dedans ?

Il faut savoir que le nombre de « bénéficiaires » du minimum vieillesse repart à la hausse, par l’effet du chômage de masse depuis 45 ans.

En  2020, on comptait  635 300  personnes, mais 47 930 nouveaux allocataires par rapport à 2019, soit 8 % de plus (source : Minimum vieillesse : données 2020 | Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (solidarites-sante.gouv.fr) ), sans compter les « non  recours » : Le non-recours au minimum vieillesse des personnes seules | Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (solidarites-sante.gouv.fr)

Les TUC :

Le gouvernement annonce dans son projet le fait que les personnes ayant travaillé en TUC (Travaux d’Utilité collective) verront ces périodes prises en compte en tant que trimestres ouvrant droit à la retraite.

Entre 1984 et 1990, des centaines de milliers de jeunes sans boulot se voient proposer des stages à mi-temps dans des services publics ou des associations. Surveillant dans un lycée, animateur culturel ou agent d'accueil à l'hôpital. Il s'agit en réalité de véritables emplois. D'une durée de 3 mois à 1 an, renouvelables plusieurs fois.

Le fait que ces emplois étaient à mi-temps fera-t-il qu’il faudra 6 mois de TUC pour ouvrir un trimestre ?

Méfiance : ce gouvernement est capable de coups fourrés.

Les carrières longues :

Les carrières longues le seront encore plus. La plupart devront travailler jusqu’à 62 ans. Les personnes ayant réalisé 5 trimestres avant l’âge de 18 ans pourront partir à 60 ans. Mais beaucoup, comme celles et ceux ayant commencé à travailler à 20 ans voire avant, devront cotiser 44 années, alors que le maximum prévu est de 43 annuités à partir de 2027, du fait de l’accélération des effets de la loi Touraine.
Où sont l’équité et la justice ?

La pénibilité :

Revoici l’usine à gaz du compte professionnel de prévention (C2P).  Selon le journal Libération citant la Cour des Comptes : « depuis sa mise en place en 2016, à peine 10 000 personnes ont pu s’en servir pour partir plus tôt » .  On est loin des millions de personnes exposées à un facteur de pénibilité. Et le MEDEF continue, hier même, par la voix de Mme Carlac’h sa vice-présidente, de clamer que certaines dispositions sont ingérables. Macron avait donc retiré en 2017 plusieurs cas de figures (les postures pénibles, le port de charges lourdes et les vibrations mécaniques) ouvrant droit à des points de pénibilité. Avec sa loi qui aborde notamment les questions de multiples expositions à des critères de pénibilité, selon le gouvernement, plus de 60 000 personnes seront concernées et pourraient partir à l’âge de... 62 ans au lieu de 64 . 

Ben oui ! Elles partiront plus tôt à la retraite... que les autres, mais encore plus fatiguées.

Avec la loi qui se prépare, « Ce compte permettra demain de financer un congé de reconversion, afin de changer de métier en cours de carrière ».

Se reconvertir quand on est déjà cassé par sa vie professionnelle ? Qui peut y croire ? Peu de monde, à commencer par d’éventuels employeurs. Au final, le risque est fort que ces personnes en échec de reconversion se retrouvent au chômage de longue durée.

Un autre volet de la pénibilité est la possibilité d’une « visite médicale pour établir qu’on n’est pas en mesure de continuer à travailler », ce qui permettrait à un certain nombre de personnes de partir à l’âge de 62 ans.

Certes, mais il en faudra des médecins pour cela et on sait la pénurie actuelle, notamment du côté de la médecine du travail. En pratique, le gouvernement est-il prêt à mobiliser des médecins pour cela ?

Les seuls gagnantes, les entreprises :

Elles ne seront pas soumises à une quelconque augmentation de cotisations sociales. S’il y a un surcoût lié à la réforme des retraites, ce surcoût sera compensé par une baisse de cotisations au régime AT-MP (accidents du travail et maladies professionnelles), excédentaire. Excédentaire, malgré le nombre d’accidents du travail et le nombre croissant de maladies professionnelles. Mais on sait qu’il est difficile de faire reconnaître, notamment les maladies professionnelles. Certains scandales en attestent, comme le Chlordécone aux Antilles ou encore l’amiante.

Quant au stress et aux maladies qui y sont liées, leur reconnaissance est plus que limitée. Là aussi, c’est Pôle-Emploi ou l’assurance-maladie qui « gèrent » ces salariés cassés.

Ainsi, les entreprises, y compris les plus profitables aujourd’hui, celles du CAC40, ne seront pas mises à contribution. Mieux, selon Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, la réforme va générer un bond de croissance économique d’un point, dont bénéficieront au premier chef les entreprises.

Elisabeth Borne a beau dire que tout l’argent des cotisations servira exclusivement aux pensions de retraite et que les éventuels excédents serviront à des mesures de « justice », on ne peut être dupe, notamment quand on constate l’étendue des « baisses de charges » consenties aux entreprises. En principe, l’État est présumé compenser ce manque à gagner. Mais alors, c’est par l’impôt que nous payons toutes et tous que nous finançons les entreprises.

La sécurité sociale est attaquée au bénéfice des entreprises et des milliards que les plus puissantes d’entre elles accumulent et font bénéficier à leurs actionnaires. C’est ça, le macronisme.

Mettons le en échec.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.