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Billet de blog 11 mai 2025

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Réflexions à partir d'une banale sortie à vélo le long de la Loire

J'aime les sorties à vélo. Ça permet de prendre soin de mon corps et de mon moral. Au delà du caractère contemplatif, je pense beaucoup sur mon biclou, espoirs, colères, réflexions, constats.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Deux heures à vélo, ça me réconcilie avec mon corps. Deux heures, pas plus, il ne faudrait pas rentrer complètement cuit. L'idéal est de rentrer plus frais qu'en partant, donc fini pour moi la recherche de performance. Je pars quand je veux, je roule où je veux... je rentre comme je peux.

Donc, ce samedi, partant de l'est de Nantes, j'ai pérégriné dans l'est du département de Loire-Atlantique, prenant le vent de face au début et de dos au retour, l'idéal pour un cycliste. Avec le vent de face, j'ai tendance à baisser la tête ; avec le vent de dos, je peux profiter du paysage et même enrouler du braquet.

Une fois n'est pas coutume, j'ai marqué de petites haltes pour prendre des photos.

Des fleurs, beaucoup de coquelicots, des hirondelles, une douce température, la Loire et ses côteaux, c'est le printemps. Les hirondelles passent trop vite, les photographier m'est impossible.

Illustration 1
coquelicot © Ma pomme

On dit que la Loire est le dernier fleuve sauvage de France.

Mais depuis mon vélo, je constate que de gros travaux sont réalisés, en vue de « rééquilibrer le lit de la Loire » mis à mal par la pose d'aménagements au Xxème, dont le but était de créer un chenal navigable profond entre Nantes et Angers, mais dont l'inconvénient fut l’assèchement des milieux annexes tels que les prairies inondables, les marais et les bras secondaires.

On a constaté aussi la remontée de la marée dans l’estuaire de la Loire, autant du fait des aménagements que des sécheresses liées au réchauffement climatique. Il faut savoir que l'effet de la marée se ressent jusqu'à Ancenis, soit 30 kms à l'est de Nantes.

Et la marée ramène aussi des eaux salées jusqu'à 5 ou 10 kms à l'est de Nantes. Or, la Loire est la principale source d'eau potable de l'agglomération nantaise. À la fin de l'été 2022, cette eau salée a failli remonter jusqu'à la principale usine de pompage située à Mauves-sur-Loire, 10 kms en amont de Nantes, menaçant l'alimentation en eau potable de centaines de milliers d'habitants de la Loire-Atlantique.

https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/09/12/a-nantes-secheresse-et-grandes-marees-menacent-l-eau-du-robinet_6141186_3244.html

D'une part, Nantes métropole est contrainte de reculer ses captages encore plus en amont à 15 kms.

Illustration 2
La Loire à vélo © Ma pomme

Des pis-aller contre le grave danger de pollution des eaux

Il y a un autre problème, celui de la pollution des nappes phréatiques de Loire-Atlantique aux nitrates et aux pesticides, comme du côté de Machecoul au sud ouest de Nantes.

https://www.mediacites.fr/breve/nantes/2023/03/16/pesticides-nouvelles-alertes-sur-la-qualite-de-leau-en-loire-atlantique/

Ainsi, pour la zone de Machecoul, au cas où la dégradation de la nappe phréatique serait critique, il a été mis en place un prélèvement d'eau du côté de l'usine SAUR de Basse-Goulaine au sud-est de Nantes, soit 50 kms de tuyau. On en est là !

https://www.atlantic-eau.fr/sites/default/files/eau-dans-ma-commune/retz_machecoul_5.pdf

Sur cette photo à hauteur de Saint-Julien de Concelles au sud est de Nantes, on voit une barge et des sortes de boudins : il s'agit d'un projet en cours de construction d'une sorte de digue immergée visant à ralentir les mouvements d’eau sur la Loire, donc la remontée d'eau salée plus en amont.

Il faut constater donc que la Loire, même avec ses aménagements correctifs, ne sera plus un « fleuve sauvage ».

Illustration 3
Barge sur Loire © Ma pomme

La métropolisation de Nantes :

Dernier kilomètre en rentrant chez moi, un talus qui n'y était pas deux semaines avant. Un talus sans végétation.

De quoi s'agit-il ? Encore un « aménagement ». Celui-ci vient d'être réalisé pour dissuader les Roms, nombreux dans mon quartier, à venir poser leurs caravanes. Il faut dire qu'un « éco-quartier » est en voie de sortir de terre et qu'un des effets sera de chasser les Roms de ce secteur, car la municipalité veut accompagner ce projet immobilier de zones de verdure, là où sont installées ces familles. Il faut savoir que les besoins en logements sont énormes dans l'agglomération nantaise qui reçoit 9 ou 10000 habitants de plus chaque année, une évolution liée à la volonté d'attractivité de la métropole nantaise, une volonté de l'ancien maire Jean-Marc Ayrault et de l'actuelle Johanna Rolland.

https://www.nantes-amenagement.fr/projet/doulon-gohards/

Selon le collectif « Sauvons les Gohards », plus de 350 personnes sont ainsi menacées d’expulsion.

https://sauvonslesgohards.fr/2025/03/25/bidonvilles-a-doulon-gohards-350-personnes-expulsables-la-zac-doulon-gohards-est-un-projet-antisocial-et-anti-ecologique/

Je crains qu'il ne soit un peu tard pour mettre en échec ce projet immobilier initié il y a bien dix ans (une école primaire et maternelle est déjà construite), mais la situation de ces familles roms mérite d'être considérée.
Quant à la politique de "métropolisation" de la ville (son développement capitaliste), il va falloir beaucoup d'imagination et de rapport de force pour la remettre en cause. Entre besoins de logements et bétonnisation, des alternatives sont à creuser.

Illustration 4
Talus pour dissuader © Ma pomme

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