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Billet de blog 11 octobre 2022

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Huit milliards de personnes sur terre, ça compte !

A la mi-novembre 2022, nous serons environ un peu plus de 8 milliards d'êtres humains sur terre (selon le rapport  « World Population Prospects 2022 », publié en juillet dernier par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies). Ça doit interpeler, au même titre que le dérèglement climatique et les injustices sociales.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y 11 ans (en novembre 2011 donc), nous étions 7 milliards. En 1960, nous étions 3 milliards et seulement 1 milliard en 1800.

Pour ce qui concerne l'avenir, c'est comme pour le climat, plusieurs scénarios sont envisagés : l'ONU (voir ci-dessous) envisage une certaine stabilité vers la fin du XXIème siècle, avec néanmoins une forte hausse démographique en Asie et en Afrique.

Principales conclusions de ce rapport sur le site https://www.unfpa.org/fr/press/le-monde-devrait-atteindre-les-8-milliards-dhabitants-le-15-novembre-2022

« 1. La population mondiale devrait atteindre un pic d’environ 10,4 milliards de personnes dans les années 2080 et rester à ce niveau jusqu’en 2100.

  • La population est passée de 7 à 8 milliards en 12 ans environ, à peu près le même nombre d’années qu’il a fallu pour qu’elle passe de 6 à 7 milliards. Le prochain milliard devrait prendre quelque 14,5 années et être atteint en 2037.

2. La croissance démographique de l’Asie représente la moitié de ce huitième milliard. L’Afrique y a apporté la deuxième contribution la plus importante, avec près de 400 millions de personnes. 

  • Dix pays représentent à seuls plus de la moitié de la progression du septième au huitième milliard. L’Inde en est de loin le principal contributeur. Elle est suivie par la Chine et le Nigéria.

  • L’Afrique et l’Asie seront les moteurs de la croissance démographique mondiale jusqu’à l’atteinte du neuvième milliard en 2037. 

3. Aujourd’hui, deux êtres humains sur trois vivent dans un pays ou une région où la fécondité est inférieure au seuil de renouvellement des générations de 2,1 enfants par femme. 

  • L’espérance de vie mondiale à la naissance a atteint 72,8 ans en 2019, soit une amélioration de près de 9 ans depuis 1990. En 2021, l’espérance de vie des populations des pays les moins avancés accusait néanmoins un retard de 7 ans par rapport à la moyenne mondiale.

  • Dans de nombreux pays en développement, la part de la population en âge de travailler (entre 25 et 64 ans) a augmenté ».

La démographie touche à tous les aspects de nos vies (l'éducation, l'emploi, les retraites, la santé publique, les migrations internationales).

Tous les besoins de base tels que l'eau, l'alimentation, le logement doivent être satisfaits pour une population croissante, alors même que les conditions propices à la vie sur terre se détériorent : un climat qui se dérègle dangereusement, la perte de biodiversité, une eau potable qui se raréfie, idem pour les terres cultivables, sans compter des pandémies touchant humains et animaux.

Ainsi la démographie est quelque chose à prendre au sérieux. En fait, c'est la répartition des richesses au niveau mondial qu'il est nécessaire de changer, autant que d'améliorer le potentiel de production locale (la division internationale du travail est aujourd'hui soumise au bon vouloir du Capital) notamment sur les besoins élémentaires que sont sont l'agriculture, la pêche, l'accès à l'eau, les matériaux de construction, etc. Ça n'est pas gagné et c'est un combat à mener.

La maîtrise de la fécondité (ça concerne les femmes mais aussi les hommes) est importante. Elle se heurte souvent à un pouvoir patriarcal et religieux. Il a été constaté que le niveau d'éducation des filles et l'emploi des femmes sont décisifs dans la baisse de natalité. Quant aux politiques autoritaires de limitation des naissances, il faut relever leur caractère barbare, tel que des stérilisations forcées (parfois sur des critères racistes) ou l'élimination de bébés de sexe féminin.

La démographie humaine est un enjeu très lié à l'avenir de la vie sur la planète. Avec des sécheresses implacables ou des pluies torrentielles (parfois les deux consécutivement dans une même région comme au Pakistan en 2022), vivre dans certaines régions du monde devient impossible.

Pour autant, il faut savoir que ce sont les 10% les plus riches de l'humanité (dont 30% des Français) qui causent la moitié des émissions des gaz à effet de serre selon l'association OXFAM et une personne faisant partie des 1 % les plus riches au monde génère en moyenne 175 fois plus de CO2 qu’une personne se situant dans les 10 % les plus pauvres. Et ce sont les plus pauvres qui subissent de plein fouet les effets du dérèglement climatique.

Le phénomène des réfugiés climatiques devient de plus en plus important. Dans un premier temps, il faut parler de personnes déplacées internes : elles restent dans d'autres régions de leur pays d'origine, c'est le cas en Chine, en Inde, au Pakistan (à la fin 2020, 55 millions de personnes vivaient en exil dans leur propre pays). Mais il est évident que des mouvements migratoires vers d'autres pays vont suivre et il est nécessaire d'y répondre, de s'y préparer avant que se déclarent les catastrophes humanitaires. Selon un rapport du GIEC publié en février 2022, « la vie quotidienne d'au moins 3,3 milliards de personnes est déjà très vulnérable au changement climatique » et le risque de mourir à cause de conditions météorologiques extrêmes est 15 fois plus élevé, indique le rapport.

Il semble que c'est du côté de la droite et de l'extrême-droite que sont abordées le plus souvent les questions démographiques, mais plus que leur caractère scientifique, c'est l'aspect réactionnaire des discours qui se dégage, autant pour en appeler à un sursaut démographique national (politiques natalistes, avec possibilité d'atteintes aux droits des femmes) que pour jouer sur les craintes d'une démographie galopante ailleurs, notamment du côté de l'Afrique et des inévitables (selon ces discours) migrations qui s'en suivraient : c'est le fantasme du « grand-remplacement », accompagné de visions complotistes les plus farfelues.

Nous n'avons rien à faire de ces discours de déclin et de peurs qui manipulent cette science qu'est la démographie. Face à cela, ce qui importe, c'est d'oeuvrer pour :

* le partage des richesses, à l'intérieur des pays et au niveau international,
* un coup d'arrêt au gaspillage des ressources et à la surconsommation,
* des politiques d'autonomie par et pour les populations, que ce soit au Nord ou au Sud (mais nulle part, cela se décrète),
* la liberté des peuples et en particulier des femmes,
* l'éducation pour toutes et tous, enfants et adultes,
* idem pour la santé, avec l'accès gratuit à tous les moyens de contraception,
* la paix et l'amitié entre les peuples comme condition nécessaire à tout ceci,
* et en plus de tout ceci, l'accueil des personnes déplacées n'est pas une option, mais un devoir. Il est possible que ces personnes, ce soit nous, victimes ici d'une montée des eaux, là d'une sécheresse interminable.

En résumé, il s'agit de bâtir un avenir éco-socialiste contre les profiteurs de toutes lattitudes et c'est la meilleure manière de répondre aux grands défis qui se posent à l'humanité pour les prochaines décennies, dont les réponses au dérèglement climatique, à l'expansion démographique, mais aussi la justice sociale et la résistance à la barbarie.

Il en faudra du monde pour porter cet avenir. La partie sera compliquée, mais l'idée d'autonomie permet de ne pas attendre d'être au même niveau de lutte au même moment, ce qui ne s'est jamais vu. Tiens ! Contester les pouvoirs en place partout, c'est un bon début : hausser le niveau de revendications serait encore mieux.

                                                                                                                             Hervé

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