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Billet de blog 12 août 2023

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Dans un an, les JO de Paris et déjà gavé

JO 2024 : c'est parti, les médias nous serinent avec cet événément. Le sport est une pompe à fric et une machine à consensus qui laissera surtout des cons sans le sous. Les retombées ne devraient pas profiter au peuple de Paris et de ses banlieues. Quant aux athlètes, combien tireront leur épingle du jeu ?

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Illustration 1

Chute massive dans le peloton des médias français !

Côté télévision, les journalistes mainstream ont déjà pris l'ascendant sur les journalistes sportifs. Tous les soirs vers 20H40, France 3 nous gratifie d'une émission « Aux Jeux, citoyens », tout un programme (chauvin, comme son titre l'indique) où des « people » et d'anciennes stars olympiques viennent se faire mousser. « Aux Jeux, citoyens » est au sport ce que la musique militaire est à la musique. Du pur chauvinisme, un appel à « faire nation », comme dirait Macron. Je ne veux voir qu'une tête !

A propos de musique, l'introduction musicale de cette émission est une reprise de la célèbre chanson de Joséphine Baker, créée en 1930 : « J'ai deux amours. Mon pays et Paris ». Réduire cette chanson à une célébration des JO de 2024 enlève l'intérêt qu'avait cette chanson, notamment son contexte : une artiste afro-américaine venant en tournée à Paris en 1925 et décidant de rester en France du fait de la peur que lui inspire la ségrégation raciale aux Etats-Unis.

D'autres artistes afro-américains feront le même choix, comme les jazzmen Sidney Bechet ou Kenny Clarke. Ceci dit, si les politiques américaines de ségrégation envers les noirs sont abominables, il ne faut pas en conclure que la France est immaculée en terme de racisme, surtout à l'époque de Joséphine Baker où l'empire colonial français était immense. Mais revenons à notre sujet.

Les vainqueurs des JO sont déjà connus : les entreprises partenaires

Les JO 2024 ne feront pas exception aux précédents. La toute puissance des sponsors soi-disants « partenaires officiels » (https://www.paris2024.org/fr/partenaires/), la fête au pognon. Selon Tony Estanguet, ex-champion de canoé-kayak, triple champion olympique et aujourd'hui Président de Paris 2024, le financement de ces JO serait à 95% issu de fonds privés.

On l'a vu notamment s'extasier au moment de la signature en grande pompe d'un « partenariat Premium » avec la firme LVMH de Bernard Arnault, devant la maire de Paris et la Ministre des sports. Le sieur Arnault s'est déclaré « heureux qu’en plus de nos nombreuses actions de mécénat, nous puissions apporter une contribution décisive aux Jeux de Paris ».

Un mécénat jamais gratuit :

Pour Bernard Arnault, il n'y a pas de gratuité, y compris dans le « mécénat ». « Nous ne souhaitions pas être un partenaire uniquement financier mais nous souhaitions avoir un rôle à jouer dans la tenue de ces Jeux olympiques », affirmait-il.

De fait, diverses marques du numéro un mondial du luxe « participeront » en vendant leur camelote (médailles, champagne, costumes Dior pour la céméronie d'ouverture, etc). Détail ici : https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20230724-lvmh-un-partenaire-de-luxe-pour-les-jo-de-paris-2024

Et il faut savoir que les opérations de mécénat sont au final une opération de défiscalisation pour les grandes entreprises avec des abattements sur l'impôt sur les sociétés. Pour cela, il faut que l'événement qui bénéficie du mécénat soit « sans but lucratif ». Le CIO (Comité international olympique) prétend sur sa page internet https://olympics.com/cio/vue-d-ensemble : « Le Comité International Olympique est une organisation internationale indépendante à but non lucratif, à ce titre elle est entièrement financée par des fonds privés ».But non lucratif ? Sans blague !

Donc, avec le droit fiscal français, les opérations de mécénat seront vraisemblement une opération d'optimisation fiscale : en gros, ce sont les contribuables français qui paieront le manque à gagner.

La folie sécuritaire :

il y a deux ans déjà, l'association La Quadrature du Net alertait que ces grands événements sportifs (la Coupe du Monde de rugby à l'automne 2023 et les JO 2024) sont « un accélérateur de surveillance, un prétexte pour déployer une vitrine sécuritaire des industriels français, qui contribue à renforcer les prérogatives et le nombre des agents de sécurité ».

Dernièrement, nous apprenions que « le gouvernement veut pour l'occasion inciter les SDF, les migrants qui sont des milliers dans la capitale à quitter la région parisienne. Depuis la mi-mars, le gouvernement demande aux préfets dans les régions de créer des structures pour désengorger les centres d'accueil en Île-de-France ». https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/les-infos-de-6h-jo-paris-2024-comment-le-gouvernement-compte-t-il-evacuer-les-sdf-7900267995

Décidément, ça monte très haut dans la tartufferie, telle que l'indique la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble ». Plus vite, plus haut, plus fort dans la ségrégation et l'hypocrisie. Le « ensemble » est nul et non avenu : nulle part, on ne constate un zeste de fraternité dans cette organisation des Jeux.

Et les sportifs là-dedans :

on ne peut avoir d'a priori pour les athlètes, qui y croient, qui se préparent pour ces échéances et peut-être nous feront vibrer, même si la machinerie olympique est répugnante.

Certains vont même nager dans la Seine. A leur place, je me méfierais.

Mais la compétition sportive est surtout à rapprocher de la concurrence marchande, avec son culte de la performance, de l'efficacité et de la réussie sociale.

Cette recherche de la performance, avec son lot de technicité porté au plus haut, fait de ces sportifs des sortes de robots, de manière à être prêts ou prêtes pour le jour J. « Rien n'est laissé au hasard », c'est une marque de qualité.

Pour un athlète ou une équipe, c'est une cohorte d'ingénieurs pour le matériel, de préparateurs physiques, de kinés, des biologistes (sans parler des chimistes), de préparateurs psychologiques qui vont l'entourer. Et sans compter les séances dédiées aux inévitables sponsors. L'athlète ne s'appartient plus, son corps devient un objet.
Pour quelques stars qui seront couronnées, combien vont résister à cette pression ?

On dit que le sport, disons plutôt l'activité physique, est bonne pour la santé. C'est vrai, mais c'est rarement le cas pour une suractivité physique.

Sportifs, faites-vous plaisir, mais ne vous mettez pas en danger et méfiez-vous de vos dirigeants, surtout s'ils ont une cravate : c'est leur carrière qui les intéresse, pas la vôtre !

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