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Billet de blog 13 novembre 2024

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Désindustrialisation et politique économique

Automobile, aéronautique, chimie, commerces: nombreux sont les plans de réductions d'emplois en France et en Europe. Le symbole en est l'annonce de la fermeture de sites Michelin à Cholet et Vannes ou le plan de licenciement chez Auchan. N'abandonnons pas la politique économique aux capitalistes et à leurs valets gouvernementaux.

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Aux industries citées plus haut et la palanquée de leurs sous-traitants, il faut ajouter les plans de licenciements dans le commerce comme Auchan ou dans le bâtiment et des risques sur l'avenir du Fret SNCF ou du groupe ATOS, dernier fabricant européen d'ordinateurs. Et le secteur public n'est pas en reste.
https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/091124/le-ministre-de-l-industrie-s-attend-de-nouvelles-annonces-de-fermetures-de-sites

A cela, il est annoncé l'arrêt ou la suspension de projets industriels de recyclage de batteries électriques, par le constructeur automobile Stellantis et le groupe minier Eramet. Dans un communiqué, ce groupe indique « Faute de montée en puissance en Europe des usines de batteries et de leur composants, il existe aujourd'hui de fortes incertitudes à la fois sur l'approvisionnement en matières premières et sur les débouchés des sels métalliques issus du recyclage ».

La CGT a recensé 132 plans de licenciements en mai 2024 et la liste monte à 180 en octobre de la même année et ajoute : « Les aides publiques n'ont jamais été aussi élevées et atteignent 170 milliards d’euros en 2023, soit encore plus qu'avant le COVID. Signer des chèques aux grands groupes ne fait pas une politique industrielle. Avec 97 milliards d’euros distribués aux entreprises du CAC 40, la France détient le record européen des dividendes ».
https://www.cgt.fr/actualites/france/interprofessionnel/decryptage/180-plans-de-licenciements-en-un

Il est où le problème ?
Il y a d'une part la nature du capitalisme qui est de rechercher toujours plus de profits, que ceux-ci proviennent de ses ventes ou de l'allégeance des États qui leur garantissent des commandes publiques, mais aussi des « baisses de charges ».

Un jour ou l'autre de toute manière, les firmes capitalistes sont confrontées à la concurrence d'acteurs économiques produisant moins cher, car bénéficiant de conditions sociales et environnementales moins-disantes. Même les firmes chinoises sont amenées à délocaliser des activités dans ses pays voisins.

Le problème de débouchés :
pas de débouchés, pas d'industries, ni d'emplois, sauf si les États mettent la main au portefeuille. Ainsi, les industries d'armements carburent à plein régime. Jaurès le disait si bien : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage ».

En 2024, on pourra rajouter que le capitalisme porte en lui des épisodes orageux destructeurs laissant des villes comme des cimetières ou des épisodes de sécheresse tout aussi destructeurs (El niño en Amérique latine est un phénomène naturel que renforce la part humaine du réchauffement global).

Mais revenons à notre sujet des emplois, le gagne-pain de la plupart des gens.

Ici, les opinions divergent, dans une sorte de sauve-qui-peut. Certains demanderont un revenu universel garanti. D'autres demanderont une relance par des commandes publiques ou des nationalisations. Dans l'un ou l'autre cas, c'est demander le recours de l'État et globalement le contexte néo-libéral mondial donne peu d'espoirs en ce sens.

Dans de rares cas, des salariés reprennent leur entreprise sous forme de SCOP (Société coopérative ouvrière de production) comme ceux de Duralex ou ceux des thés et infusions 1336 (qui ont repris la production d'Unilever dans le Sud de la France). Mais ici aussi, la question des débouchés en secteur concurrentiel reste présente. Les consommateurs peuvent néanmoins privilégier leurs achats à ce genre d'entreprises.

Souvent, beaucoup de syndicalistes critiquent « l'absence de stratégie » ou des « erreurs stratégiques » de leurs directions d'entreprise. Sans doute est-ce vrai, mais la stratégie de ces entreprises n'est-elle pas de faire du profit à court terme au détriment de l'utilité sociale de l'activité ?

L'utilité sociale, au moins des grandes firmes, est le cadet de leurs soucis, malgré leurs discours lénifiants et hypocrites sur la RSE (Responsabilité sociale des entreprises) ou « l'entreprise à mission ».
Prenons l'exemple de l'automobile française et européenne, pratiquement incapable de sortir de la construction de SUV, car la clientèle « solvable » serait là. Au demeurant, le remplacement du parc automobile actuel par du tout électrique est d'une part illusoire en terme d'extraction de métaux et de fabrication illimitée d'énergie électrique et d'autre part renvoie au dogme d'une croissance infinie.

Ce faisant, nos syndicalistes, en causant « stratégie d'entreprise » s'inscrivent dans la logique concurrentielle du capitalisme. J'exagère un peu, car ils opposent souvent des valeurs d'utilité sociale et environnementale aux politiques patronales (je ne parle pas du piteux syndicat de pilotes de ligne).

Que faire donc, qui serait dans nos cordes ?
Il est certain que l'organisation du monde est basé sur la croissance économique, que le capitalisme, tout toxique qu'il soit, semble indéracinable, au sens où il domine les esprits. Quand ce n'est pas le capitalisme, c'est l'État. Capitalisme et État forment un duo infernal, qui se fiche de l'intérêt général.

Il faut redéfinir cet intérêt général dont se prévalent les gouvernements et souvent prétextes à de douteux projets qui ne visent qu'à étendre la domination capitaliste sur la société, ces fameux « grands projets inutiles ».

Pourtant, tant de besoins ne sont pas satisfaits : logements, soins, nourriture saine, eau de qualité, mobilité de proximité, sans compter l'accès aux savoirs et à la culture. C'est vrai dans toutes les contrées du monde.

Peut-on imaginer extraire du marché capitaliste la satisfaction de ces besoins ?
On peut déjà résister en défendant les services publics qui, contrairement à la doxa libérale, coûtent moins cher aux consommateurs (cf les régies d'eau, etc), exiger l'extension de ces services publics par exemple à une alimentation de qualité, les sortir d'une gestion bureaucratique par une alliance producteurs/usagers, exiger la garantie de prix aux producteurs de touts objets et services utiles et enfin consommer intelligemment, durable et sobre.

Et puisqu'il y a besoin d'industries, on a la faculté de définir lesquelles sont socialement importantes, comment elles produisent, la quantité nécessaire à produire (pourquoi toujours plus ?), comment elles respectent toute la chaîne de production, des producteurs de matières premières jusqu'à la gestion des déchets : il ne faut jamais oublier la part des prolétaires du Sud dans la chaîne de production.

L'économie est fondamentalement politique. On a la faculté collective : il faut avoir la volonté qui va avec. Mais il faudra beaucoup de volontaires.
Pour sortir du pétrin, reconnaissons qu'on a du pain sur la planche.

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