Extrait d'un tract syndical auquel j'ai contribué.
Le télétravail, un bénéfice pour les salariés, mais des bémols
L’accord sur le télétravail, que la CGT ATOS/Bull a signé, est bien perçu par les salariés. Selon nos informations, les volontaires au télétravail sont nombreux, ses avantages sont plébiscités, par exemple pour se soustraire aux astreignants temps de transport et aménager au mieux sa journée de travail. Parmi les avancées, l’octroi d’un titre-restaurant pour les journées télétravaillées que nous réclamions depuis longtemps.
Il est nécessaire néanmoins de pointer quelques effets moins désirables du télétravail.
En premier lieu, la santé au (télé)travail ne doit pas être négligée, ni par le salarié, ni par l’employeur. Assurez-vous de disposer d’un environnement de travail correct : un bureau où vous pouvez vous isoler, un fauteuil ergonomique, un écran d’ordinateur, un caisson de rangement, une ligne internet à haut débit, autant d’éléments dont la moitié du coût est prise en charge par l’entreprise à hauteur de 300 euros maxi. Sans oublier de s’aérer régulièrement. L’accord stipule bien que « L’entreprise qui a des obligations légales en matière de santé, sécurité et conditions de travail à l’égard de l’ensemble de ses salariés, doit s’assurer que le ou la salariée en télétravail exerce sa mission dans des conditions conformes ».
La santé, c’est aussi la santé psychologique. La fameuse « distanciation sociale » prônée par le gouvernement et les autorités médicales doit rester une exception. Or, le risque de désocialisation et d’isolement et les troubles psychosociaux qui pourraient s’en suivre guettent les télétravailleurs, d’autant plus que l’entreprise Atos les soumet à des incertitudes sur leurs projets ou sur leur avenir professionnel. Le travail est affaire d’un collectif de travail et il est important que des échanges aient lieu lors des journées télétravaillées, pas seulement les jours de venue sur les lieux de travail.
Télétravail ou pas, l’équilibre vie privée/vie professionnelle est un enjeu. Nous rappelons que le « droit à la déconnexion » doit être respecté (pas de mails ou de coups de fil à des heures indues) : la situation de télétravail ne doit pas faire exception.
A ce propos, une enquête de l’UGICT-CGT (la branche ingénieurs et cadres de la CGT) a mis en évidence qu’en France, 43% des femmes (26% des hommes) ont effectué lors du confinement de mars à mai plus de quatre heures de tâches parentales supplémentaires par jour, qui s’ajoutent aux tâches ménagères elles-mêmes mal partagées (2,7 heures de plus par jour). Ainsi, cette période a accentué la « charge mentale » que vivent beaucoup de femmes.
Nos capacités d’actions collectives doivent s’adapter à cette situation nouvelle de salariés dispersés : il ne faut pas perdre le fil, car au-delà de la pandémie, les mauvais coups contre le monde du travail se préparent ou se sont déjà produits, comme le montrent les licenciements de masse dans des entreprises, dont bon nombre sont totalement injustifiés au regard des dizaines de milliards d’euros accordées par le gouvernement pour soutenir l’activité. La « crise » consécutive à la pandémie ne justifie pas tout.