Oui, mais voilà : l'économie s'est émancipée de l'humain et les humains sont réduits à être de simples pions de la machine économique.
Mais qu'y pouvons-nous ? « It’s the economy, stupid ! », claironnait James Carville, un conseiller électoral de Bill Clinton lors de la campagne électorale de 2012. Autrement dit, l'économie domine la politique. Mais l'économie n'est pas neutre : dans nos sociétés, elle est fondée sur la domination de classes sociales (féodales, puis coloniales et capitalistes) sur d'autres catégories de population (les esclaves, les serfs et enfin le salariat). De fait, la plupart du temps, la politique est l'illustration de cette domination de classe et on peut y ajouter, comme le disait Pierre Bourdieu, la domination masculine.
La condition salariale n'a pas fondamentalement changé depuis les début de l'ère capitaliste. Certes, les conditions de vie se sont améliorées, au moins dans les pays dits développés. On ne doit pas ignorer ce qu'il se passe dans les pays du Sud (dans les usines, les manufactures, les mines, l'agriculture) où le capitalisme est particulièrement brutal. Il faut regarder l'émission « Les routes de l'impossible » sur France 5 pour se rendre compte de ce qu'est le capitalisme. Qu'on se le dise, c'est le même capitalisme qui est à l'oeuvre ; les classes moyennes occidentales, les vraies, celles qui jouissent d'un confort certain, devraient aussi se mettre ça dans le crâne.
En 2005, le patron le mieux payé de France (Lindsay Owens-Jones de L'Oréal) indiquait sans honte qu’« il est sain pour l’entreprise d’instiller chez son personnel un sentiment de crainte ». Nous en sommes toujours là. La peur de perdre son job, la peur d'être déclassés, La peur de manquer, toutes ces peurs influent sur le comportement social et politique de bon nombre de nos contemporains. Nous sommes dans une période propice à l'expression de ces peurs. Et on ne peut que constater que cette expression va de pair avec un rejet des idées d'égalité.
Le réchauffement climatique dont l'effet est tellement délétère pour la vie sur terre est susceptible d'établir l'égalité... par le bas, une manière à terme de mettre tout le monde d'accord, soit la perte de notre base de vie commune, la mort peut-être, qu'on soit pauvre ou riche, mais pauvre surtout. Là où ceci devrait faire réfléchir et changer de comportements, il apparaît que ce qui prime aujourd'hui, c'est le chacun pour soi, la lutte contre les autres, individus ou nations, une lutte qui prend des formes de guerres économiques, impérialistes et racistes.
Les riches, suivis comme des moutons de Panurge par certaines « classes moyennes », polluent tout, y compris le concept de liberté, liberté en fait de se comporter comme des porcs (que cette espèce animale me pardonne), égoïstes, racistes, sexistes, gaspilleurs. Ajoutons-y leur propension au séparatisme (qui prend par exemple la forme du développement des monnaies cryptées chez les ultra-riches, mais aussi ce qu'on pensait être remisé dans les poubelles de l'Histoire, le « développement séparé des races » jusqu'à nier le droit à l'existence à d'autres humains, comme c'est le cas pour les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie ou encore pour les personnes migrantes qui meurent par milliers en Méditerranée, dans l'Océan Atlantique ou la Manche). Et enfin, constatons la prétention de ceux qui aspirent à l'hégémonie et la suprématie à être des victimes, de « grand remplacement » et autres imbécilités.
La « culture » de la haine est l'illustration de « l'horreur économique » (celle qui consiste à pratiquer la prédation à grande échelle). Elle procède aussi d'une lutte sans merci contre l'égalité.
Or, sans égalité, il n'existe pas de liberté. Il faut cultiver l'égalité et la justice, sous toutes leurs formes, économique, sociale, politique. L'égalité rime toujours avec l'humanité. Toutes les occasions qui se présentent sont à saisir.
Il est urgent d'effrayer les bourgeois et de dégonfler l'optimisme des fachos qui se la pètent un peu trop.