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Billet de blog 18 février 2025

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S'il vous plaît, pas de balivernes

Adresse aux faiseurs de rêves qui misent sur les élections pour changer de système. De l'espoir, de la détermination, oui. Des illusions non.

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Il est acté que le macronisme est sur sa pente descendante : son « progressisme », proclamant un optimisme technologique et entrepreneurial, ne fait plus illusion depuis longtemps. Logement pour toutes et tous, pouvoir d'achat, retraites équitables, réindustrialisation, démocratie, écologie, décarbonation, éducation, santé, transports, diplomatie : c'est la douche froide pour celles et ceux qui y croyaient.

Seuls les très riches sont redevables à Macron. De ce point de vue, ça continue, en atteste encore dernièrement la levée de fonds essentiellement privés de 109 milliards d'euros pour l'Intelligence Artificielle et l'ouverture de marchés militaires pour les acteurs de l'IA. Et en atteste aussi ses tentatives minables par la nomination de Premiers ministres minoritaires (Barnier, puis Bayrou) de continuer à servir le monde de la richesse. Mais après les législatives de juin/juillet 2024, personne ne pouvait prétendre à une majorité, même si le NFP est arrivé en tête en nombres de député-es.

De fait, Macron ayant perdu tout crédit, les ambitions s'aiguisent et les regards se fixent déjà sur l'élection présidentielle de 2027, en passant par les municipales de 2026 et la possibilité d'élections législatives au second semestre 2025.

A droite toute, d'un côté 
Passons sur la droite et le centre-droit : elles tentent néanmoins de reprendre la main, avec Retailleau, Ministre de l'Intérieur, qui mise sur le spectaculaire à la façon de Sarkozy.

Le RN, fort d'avancées électorales en France (à corréler avec la banalisation de ses idées, la radicalisation de l'électorat de droite et aussi une certaine dépolitisation « tiktokisée » d'une partie de la jeunesse, dans un contexte d'une insécurité vécue ou ressentie par la population) et encouragé par les victoires de Trump aux USA ou celles de partis partageant sa vision un peu partout en Europe, se sent pousser des ailes. Son électorat s'est diversifié, toutes classes d'âges, toutes catégories sociales. Elle est lointaine l'époque où l'on entendait « La jeunesse emmerde le Front national ». Le fond de doctrine du RN reste le même que celui du FN : identitaire, sécuritaire, xénophobe, raciste, populiste, anti-écologie. Son vernis « social » tend à s'effacer pour revenir à la doctrine « libertarienne » du fondateur du FN, on l'a constaté lors des prises de parole de Jordan Bardella face à des patrons, du MEDEF ou autres.

A gauche modérément
Le Parti Socialiste en s'alliant avec les autres forces de gauche dans la NUPES, puis le NFP, a échappé de peu à une quasi-disparition à l'Assemblée Nationale et joue désormais sa propre partition, celle de « l'apaisement », du « compromis » et de la « stabilité ». Mais stabilité de quoi ? D'un monde et d'une France pourtant bien maltraités.

Reste les autres formations du NFP : les Verts, le PCF et La France Insoumise, autant de militant-es que je peux croiser dans mes activités syndicales et associatives ou dans les manifestations. Je ne doute pas de la sincérité de leurs combats.

Mélenchon mi-tterandien, ni-léniniste
Mais souvent, ils m'exaspèrent, à commencer par JL Mélenchon, plein d'aplomb jusqu'à déclarer « le programme, tout le programme, rien que le programme » aux premières minutes suivant les élections législatives en juillet 2024 où certes le NFP arrivait en tête, mais loin d'obtenir une confortable majorité. À prendre ses désirs pour des réalités, le risque est grand d'entraîner pas mal de désillusions.

Certes, il faut de l'envie et les militant-es LFI n'en manquent pas : tendus vers l'objectif, organisés en « groupe d'actions » qui émergent un peu partout, c'est assez remarquable à Nantes où je vis.
https://lafranceinsoumise.fr/groupes-action/carte-groupes/

En fait, il y a quelque chose de léniniste là-dedans, recherche d'hégémonie politique, réflexion de haut niveau par l'Institut La Boétie, investissements par les militant-es dans les assos et syndicats, mettant en avant les analyses de l'Institut.

Il en était de même vers la fin des années 1970 où le PS faisait de même. À l'époque, jeune Finistérien, je participais à la lutte contre le projet de centrale nucléaire à Plogoff et on retrouvait moults militant-es du PS dans les comités... jusqu'à l'élection de François Mitterrand en 1981 et la promesse à Plogoff en avril 1981 par son représentant Haroun Tazieff de ne pas construire de centrale à Plogoff. Hormis Plogoff, Le programme nucléaire allait se poursuivre, notamment à Civaux et Golfech. En fait, seuls les rapports de forces ont été déterminants, comme ce fut le cas bien des années après à Notre-Dame-des-Landes.

Un tribun qui s'y croit déjà
Les interventions de Mélenchon à des événements comme ce fut le cas à Nantes le 4 février dernier à l'occasion de la commémoration pour la première abolition de l’esclavage du 4 février 1794 sont devenus l'occasion pour LFI de grands raouts et de longs discours (41 mn pour le tribun Mélenchon, disponible sur son site). Ils ont laissé peu de place aux militant-es de l'association nantaise le Cercle du Marronnage qui est à l'initiative de cette commémoration depuis des années et des années.

Le temps est passé où les syndicats étaient considérés comme des « courroies de transmission ». Syndicats et associations ont leurs objectifs propres, leur temporalité propre, leur « conflictualité » propre et n'ont pas de calendrier à se faire imposer.

Pour conclure, il faut bien avoir à l'esprit que le pouvoir économique existe dans toute son horreur. La conquête du pouvoir politique se casse les dents sur cette évidence.
Il ne faut certes pas s'y résigner, mais non plus ne pas s'illusionner sur les possibilités qu'offrirait l'accès au pouvoir d'une gauche.

Camarades, continuez d'avoir de l'envie, de faire vivre les combats et les idées, mais méfiez-vous de trop rêver et surtout de trop faire rêver.

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