l'insécurité, c'est quoi ?
Faut voir ! Les spectateurs/trices assidus des chaînes d'informations continues sont quasi-sidéré-es par les faits divers qui leur sont proposés (et il y a un « dessein » là-derrière pour les BFM ou Cnews, faire grimper les suffrages de l'extrême-droite) : fusillades, meurtres, souvent dans un contexte de commerce de drogues (illégales, il va de soi) et de contrôle de « territoires » commerciaux.
L'épisode du casse du Musée du Louvre et du vol des bijoux de l'impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III) est assez significatif des discours dominants parlant « d'humiliation ». On n'oubliera pas que derrière ce « patrimoine », il s'agit de « biens mal acquis » par un empire (une dictature) et un empire colonial naissant sur des bains de sang et de sueur.
On ne peut nier que ces faits inquiètent, en premier lieu les parents d'enfants et d'adolescent-es des cités, que des balles perdues peuvent atteindre. La quête de « l'argent facile » peut conduire à l'irréparable. Derrière cette délinquance à la « mexicaine » comme le dit si bien Retailleau, il faut voir aussi hélas la misère sociale. Ça n'excuse rien quand des personnes en meurent.
Mais la misère sociale, le pouvoir n'en a que faire. Qu'ils ou elles acceptent leur sort ou alors il faudra sévir, c'est le précepte de la bourgeoisie et de ses représentants politiques, les Le Pen, Zemmour, Maréchal, Wauquiez, Retailleau, Darmanin, Macron...
L'insécurité est avant tout sociale, mais aussi raciste ou sexiste, exemples à la pelle :
- Morts au travail : 2 à 3 personnes par jour.
- Morts sans domicile dans la rue : 855 personnes en 2024, dont 19 enfants de moins de quatre ans, selon le Collectif Les Morts de la Rue.
- Mortes par féminicides : plus d'un meurtre tous les trois jours (en 2024, on comptait 976 personnes victimes d'homicides dont 140 féminicides, selon le Ministère de l'Intérieur).
- Et n'oublions pas les morts par dizaines de personnes en mer de la Méditerranée ou de la Manche, résultat de politiques de forteresse européenne et franco-britannique. Probablement plus d'un millier en 2025.
A ceci, il faut ajouter les violences de l'extrême-droite contre des bars ou des militant-es comme à Brest en 2025 (une ville qui n'avait jamais connu ça), contre des personnes étrangères ou encore contre des locaux d'associations LGBT.
Et puis et surtout, il faut ajouter la violence du quotidien, banale, atrocement banale, que ce soit au travail (les rémunérations insuffisantes, le management par la terreur, le Code du Travail non respecté), dans l'accès au logement et à l'hébergement d'urgence (le 115 qui ne répond pas), dans la relation aux administrations (vive la dématérialisation) et aux banques (qui ne prêtent qu'aux riches), dans les rapports à la police (dont les contrôles d'identité au faciès), dans les fins de mois où l'argent manque depuis le 10 ou le 12 du mois. Ou encore des fonctionnaires, agents d'accueil, personnels médicaux y compris médecins, malmenés, voire violentés (Il y a aussi une part de connerie humaine dans ces violences).
Enfin, selon le rapport annuel 2024 de la CNCDH, les actes racistes augmentent (+11 % de crimes ou délits racistes recensés par les forces de l’ordre). La CNCDH ajoute que selon les enquêtes VRS (vécu et ressenti en matière de sécurité ), « 1,2 million de personnes âgées de plus de 14 ans se déclarent chaque année victimes d’au moins une atteinte à caractère raciste... 97 % d’entre elles ne portent pas plainte ». En outre, « la réponse judiciaire n'est pas à la hauteur des enjeux » avec « seulement 1594 condamnations prononcées en 2023 et un taux de classement sans suite qui demeure très élevé ».
Alors oui, l'insécurité existe, mais la manière dont elle est relatée dans les médias dominants est biaisée. Résultat : quand il est question d'insécurité, c'est l'extrême-droite qui récolte les suffrages.
Or cette insécurité est le résultat d'une société plus violente, avec des rapports de domination qui se radicalisent, en premier lieu émanant d'une bourgeoisie à l'offensive (aux Etats-Unis, mais aussi en Europe), mais se traduisant aussi par des rengaines racistes et sexistes autour de « l'anti-wokisme ».
Reste donc à faire face et revendiquer.