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Billet de blog 24 août 2023

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A propos de Macron, Darmanin et du traitement des candidats à l'immigration. De la « décivilisation » en cours.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le Président Macron, dans une interview à l'hebdomadaire Le Point du 23/08, indique vouloir « réduire significativement l'immigration, à commencer par l'immigration illégale ». « La situation n'est pas tenable ».
« Pour ce faire, il faut mieux protéger nos frontières extérieures, européennes, car rappelons-le, la France n’est pas un pays de première entrée en Europe mais surtout d’immigration secondaire pour des étrangers entrés par un autre pays de l’Union européenne . On doit par ailleurs aussi être plus efficace dans l’application du droit d'asile, dévoyé par les réseaux de passeurs. C’est au cœur du projet de loi préparé par le gouvernement ».
Ainsi, se résume l'approche du gouvernement, pas éloignée des précédents depuis 40 ans, qui ont modifié les lois sur l'immigration, au moins 20 fois depuis 30 ans, des lois généralement associées aux ministres de l'intérieur qui se sont succédés.

Le « dévoiement du droit d'asile » est devenu un classique. La dénonciation des « réseaux de passeurs » comme organisateurs cyniques des migrations est un autre classique.
Il manque, dans l'interview de Macron un paragraphe sur « l'angélisme des associations », mais il le pense tellement fort.

On peut donc penser que le projet de loi Darmanin consistera à entraver un peu plus la liberté de circulation des personnes.

Rappel de quelques articles de la Déclaration universelle des droits de l'homme :

« Article 9

Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.

Article 13

1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. 
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

Article 14

1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays. 
2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.
 »

En résumé, toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. Cela ne signifie certes pas que toute personne peut entrer dans n'importe quel pays (ça peut être une revendication, mais ce n'est pas le droit actuel). Néanmoins, le droit d'asile s'applique à toute personne dans n'importe quel pays dans lequel elle arriverait. En principe, pas dans les faits !
Car la France et les autres pays européens mettent tous les moyens pour empêcher l'entrée sur leur sol de candidats à l'asile ou avec d'autres raisons de vouloir immigrer (ou simplement voyager ou rendre visite). Ça passe par l'octroi de visas au compte-goutte, les contrôles aux frontières, les procédures tatillonnes, la multiplication de murs de béton, de barbelés.
Quand les frontières sont "naturelles", par contre, l'Europe n'aurait plus les moyens de sauver les personnes en péril. La Méditerranée, la Manche, l'Atlantique sont pleines de gens qui se sont noyés durant leur périple. Les massifs montagneux voient leur lot de victimes de chutes ou du froid.

« Nulle personne ne peut être arbitrairement arrêtée, détenue ou exilée » : que dire de personnes qui n'ont commis aucun délit et qui se retrouvent en rétention, voire en prison, puis « reconduites » dans leur pays d'origine ou expulsées vers un « pays tiers », pays tiers acceptant le principe de recevoir ces personnes, contre quelques millions d'euros ? C'est pas un exil forcé ça ?

Macron est exaspérant. Ses prédécesseurs ne valaient pas mieux, la plupart de celles et ceux qui briguent « la place » itou. Des discours creux sur le respect du droit et des valeurs de la République, des actes qui s'assoient grossièrement sur ces droits et ces « valeurs ».

Macron, dans la même interview, revient sur le danger de « décivilisation » qui menacerait notre belle république. Ce « traitement » d'humains (certes étrangers, mais personne sur terre n'a choisi de naître quelque part) n'est-il pas le signe d'une « décivilisation » de la puissance étatique ?

Car depuis quelques semaines, il est affolant de voir la multiplication d' « accidents » et de véritables crimes contre les personnes en migration : des morts encore et toujours en Méditerranée, sur la Manche, sur l'Atlantique, des migrants piégés par les feux de forêts en Grèce ou du côté de la Tunisie, des personnes « déposées » de force dans le désert sans eau, ni vivres. Le plus édifiant vient du côté de l'Arabie saoudite où des centaines de migrants éthiopiens se sont fait massacrer.

Halte de cette litanie ! Mais quand Macron parle de « décivilisation », il faut lui rappeler que ce « processus » vient du haut et comme dit le proverbe : « le poisson pourrit toujours par la tête ».

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