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Un CADA (Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile), ça n'est pas pourtant pas folichon pour les demandeurs d'asile. Ça leur offre néanmoins un logement le temps que durera leur demande d'asile. Mais les statistiques d’octroi du Droit d’asile sont cruelles : 39% (OFPRA + CNDA) en 2021 selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, donc 61% de rejets.
En plus de l’extrême-droite, il faut donc aussi pointer l’Etat et l’Union Européenne, qui subventionnent des murs aux frontières, expulsent de plus en plus et laissent périr des milliers de personnes. Pour les personnes auxquelles le statut de réfugié est refusé, elles auront le choix entre quitter le pays ou entrer en clandestinité et avoir une vie de misère en France. En tout cas, elles doivent quitter le CADA.
Mais pour l'instant, c'est l'extrême-droite qui veut empêcher l'ouverture de ce centre. Pour cela, elle s'abrite derrière un collectif « local », le « Collectif de Préservation de la Pierre Attelée » (la Pierre attelée est une forêt de pins à Saint-Brévin), qui s’oppose à la mise en place d’un CADA, en appelant notamment à « protéger nos enfants » (car pour eux, les demandeurs d'asile sont de potentiels "criminels ou violeurs d'enfants"). Officiellement, c'est ce collectif qui organise la « résistance ». Derrière, c'est l'extrême-droite, du Rassemblement national, et surtout du parti Reconquête d'Eric Zemmour (qui par ailleurs, soutient le projet de réforme des retraites de Macron et s'en attribue même la paternité !), plus des organisations comme les intégristes de Civitas sans compter divers groupes fascistes.
Pour ceux-là, l'objectif était de rééditer leur « victoire » obtenue à Callac (Côtes d'Armor) où les élus locaux avaient renoncé à leur projet d’accueil de réfugiés, un projet qui avait aussi pour but de redynamiser cette bourgade. Il faut dire que l'extrême-droite avait utilisé moults moyens d'intimidation pour en arriver là, y compris des menaces de mort (tout dernièrement encore contre des journalistes du Poher) : « Trop de pression, trop de menaces. On a lâché car on n’a pas été aidés. Voilà tout », regrettait Laure-Line Inderbitzin, adjointe au maire de Callac https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/01/16/sous-la-pression-de-l-extreme-droite-une-commune-de-bretagne-abandonne-son-projet-d-accueil-de-refugies_6158111_823448.html.
Donc, forts de cette « victoire », les fachos pensent rééditer l'opération à Saint-Brévin : « après Callac, Saint-Brévin !». Pour autant, Saint-Brévin n'est pas Callac, ville enclavée. Saint-Brévin est tout proche de Saint-Nazaire et à 60 kms de Nantes.
Toujours est-il que ce samedi 25 février, en début d'après-midi, la fachosphère s'était donné rendez-vous à Saint-Brévin-les-Pins, nouvelle étape de leur travail de sape contre l'accueil des migrants en France. Etaient annoncés des « pointures » de leur mouvement, comme l'avocat Gilbert Collard, dont on ne sait toujours pas s'il a finalement fait le déplacement.
Deux contre-manifestations se sont tenues pour faire face à l'extrême-droite et au racisme. La première le matin, à l'appel d'un collectif local, le Collectif des Brévinois attentifs et solidaires, soutenu par un ensemble de partis de gauche, d'associations et de syndicats. Cette première manifestation a réuni plus d'un millier de personnes, de Saint-Brévin et des villes alentours.
L'après-midi, afin de se confronter directement à l'extrême-droite, on retrouvait une partie des mêmes manifestants et aussi des antifascistes de la région, plus radicaux dans les mots d'ordre : « Affichons notre solidarité avec les personnes exilées, défendons leurs droits et l’accueil inconditionnel et controns la montée des fascismes partout ! ».
Avec des camarades nantais, nous nous sommes donc rendu à ce rendez-vous de l'après-midi, avec cette idée qu'il faut mettre un coup d'arrêt à ces manifestations racistes et fascistes. Plus tôt dans la semaine à Nantes, des éléments d'extrême-droite avaient caillassé une association nantaise oeuvrant pour la santé des migrants, notamment par de l'aide à la traduction en milieu hospitalier.
En fait, nous fûmes confinés sur une place de Saint-Brévin, « encadrés » par des dizaines de gendarmes mobiles et nous n'avons pas pu en sortir : on est venu, on n'a pas vu grand chose, on n'a pas encore vaincu. Pendant ce temps, les fascistes, une centaine, peut-être plus, pouvaient se promener le long de la mer. J'en ai vu qui venaient prendre des photos derrière les gendarmes mobiles.
J'ai quand même entendu leurs slogans traditionnels : « on est chez nous !» et aussi « on a gagné à Callac, on gagnera à Saint-Brévin ».
Et puis la tension est montée entre antifas et gendarmes mobiles. Nous nous sommes repliés sur une autre place.
Sur l'ensemble de la journée, avantage aux partisans de l'accueil des migrants, malgré les divisions entre légalistes et radicaux. L'extrême-droite n'a pas réussi dans son entreprise. Quant à la participation des locaux, il faut noter que le collectif de préservation de la Pierre Attelée compte peu de monde : "une poignée de parents d'élèves, de brévinois, le reste vient de l'extérieur, des militants d'extrême-droite", selon le maire de Saint-Brévin, https://www.francebleu.fr/infos/politique/saint-brevin-sous-tension-3-manifestations-a-haut-risque-autour-de-l-accueil-des-demandeurs-d-asile-4317458,
L'implication des locaux a donc été plus élevée du côté des partisans de l'ouverture de ce CADA.
Dans un communiqué en fin de journée, la mairie de Saint-Brévin indiquait ceci : « Nous réaffirmons la solidarité et le soutien de la commune à l'accueil de personnes qui fuient les guerres, les persécutions et l'injustice », mais renvoyait dos-à-dos fascistes et antifascistes radicaux, « Les Brévinois, dans leur très grande majorité, rejettent les idées haineuses et les attitudes extrémistes qui se sont exprimées aujourd'hui. Elles étaient heureusement minoritaires et nous saluons les nombreuses personnes qui ont manifesté dans le calme pour défendre leurs convictions ».
Quoiqu'on pense de ce communiqué très légaliste, face à la haine, dans les discours et dans les actes, il faut continuer à défendre les droits des migrants et manifester notre solidarité. On continuera à se battre pour cela, dans nos villes et nos villages !
Quelques sources :