Quand les élites politiques et économiques s'en emparent, c'est dans un « esprit » de perpétuer leur pouvoir et leurs privilèges, en bref de s'en servir d'argument pour conserver le statu-quo.
L'exemple de la RSE (Responsabilité sociale et environnementale des entreprises) :
Selon la Commission Européenne, elle est définie comme « l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ».
« En d'autres termes, la RSE c'est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Une entreprise qui pratique la RSE va donc chercher à avoir un impact positif sur la société tout en étant économiquement viable ». Vu sur le site gouvernemental https://www.economie.gouv.fr/entreprises/responsabilite-societale-entreprises-rse#
Etre « économiquement viable » en régime capitaliste, c'est réaliser des profits, au détriment du personnel, des clients et de la nature. Quand on voit des compagnies comme Amazon, Total ou Dassaut s'en réclamer, on ne peut y voir qu'une vaste hypocrisie, ce qui s'appelle le « green-washing », à savoir côté nature, polluer moins pour polluer durablement, et côté humain, masquer la sur-exploitation de leurs personnels sous des discours lénifiants et non suivis d'actes. Amazon est fort dans ce sens : « Notre philosophie dite de la « porte ouverte » signifie que nous accueillons et encourageons chaque collaborateur à faire part de ses suggestions, de ses inquiétudes ou de ses commentaires à un responsable, un membre de l’équipe des ressources humaines ou de la direction d’Amazon » extrait de https://durabilite.aboutamazon.fr/societe/collaborateurs/dialogue. Quand on connaît la politique « sociale » d'Amazon qui tente par tous les moyens l'expression syndicale de ses salariés, ça donne envie de vomir.
L'esprit de « responsabilité » comme invitation à se soumettre :
Bon nombre de dirigeants politiques aiment reprendre la phrase de Maurice Thorez en 1936, « Il faut savoir terminer une grève », éliminant par là la suite de la phrase du dirigeant du PCF « dès que la satisfaction a été obtenue ». De toute manière, l'expression, qu'elle vienne de Maurice Thorez, Nicolas Sarkozy, François Hollande, invite à la « fin de la récré » et donc la reprise du travail.
Pour Thorez (et Staline derrière), la Révolution Sociale n'était pas à l'ordre du jour, vu que le PCF était partie prenante dans le gouvernement du Front Populaire. Une occasion manquée et on ne sait quand elle va se représenter. On ne refait pas l'histoire.
Mais pour nos dirigeants contemporains, il est de bon ton d'utiliser l'expression pour discréditer les mouvements sociaux et de souligner leur « irresponsabilité ». Comme le disait si bien Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, face au mouvement des contrôleurs de la SNCF, « ce n'est pas à Noël qu'on fait grève ». Le problème, c'est que pour eux, ce n'est jamais le moment, même de négocier. Et ben non ! On n'a pas à se plier à une quelconque bénédiction ou un quelconque calendrier pour émettre des revendications et pour nous organiser pour les porter !
Agir en égoïste, après moi le déluge :
Si nous avons bien compris que la bourgeoisie, la vraie, n'a de volonté que de perpétuer sa puissance, que penser de la petite, en tout cas d'une partie d'entre elle et de sa propension à consommer et à prendre sa part de l'exploitation d'une grande partie de l'humanité ?
Oui, là, j'ai envie d'en appeler à leur « esprit de responsabilité ». Enfin quoi ! Marre de leurs grosses voitures, de leurs résidences secondaires qui privent de logements le prolétariat à leur service, de leurs « loisirs » polluants et souvent de leur mépris de classe qui se targue d'être « de bon goût ».
Ainsi, la responsabilité, c'est bien de réfléchir, de s'éduquer mutuellement et d'agir contre ce système qui risque de nous mener vers la ruine et le malheur. Mais réjouissons-nous, des moments de bonheur dans la lutte se présentent, à commencer par la résistance aux réformes néo-libérales ou encore à un aménagement du territoire qui revient à perpétuer le capitalisme.