De deux choses l'une (ou les deux) :
soit l'évolution du monde ne peut qu'engendrer de la tristesse,
soit le compte rendu quotidien de cette évolution en rajoute au désarroi.
Les deux propositions sont vraies. Le monde en 2025 est moche : des guerres, des massacres, le réchauffement global et ses conséquences, un capitalisme toujours plus prédateur et des rapports sociaux marqués par cette dureté de l'époque.
Nous le savons. Au demeurant, chaque époque a connu ses oppressions et ses malheurs : l'esclavage, le servage, la colonisation, le patriarcat, les guerres, les massacres de masse, les épidémies, les catastrophes naturelles, l'exploitation au quotidien.
Combien de personnes se disaient hier ou se disent aujourd'hui que « cette fois, on touche le fond » ? Dans les tranchées en 1917, dans les moments de débâcles, dans les camps de concentration et les goulags, dans les fins de journées de travail où l'on est exténué...
Toucher le fond, si on est co
mplètement désespéré, on est bon pour y rester durablement. Parfois, de toute manière, on y restera.
Si on garde un peu d'espoir ou encore de rage ou ne serait-ce qu'une once d'humour, a priori, étant donné qu'on vient de toucher le fond, on ne peut que remonter.
J'opterais volontiers pour l'humour et un alliage fait d'espoir, de rage et d'envie de s'organiser.
En fait, c'est ce qui manque à la lecture de nos médias alternatifs : admettons qu'ils cochent la case « nous informer au mieux », même s'il ne sont pas exempt des biais classiques de la presse dite « grand public » (pour ne pas utiliser l'anglicisme « mainstream » qui devient agaçant par son aspect « je doute de tout et j'en suis fier »).
Doit-on attendre de nos chers médias un brin d'humour, d'analyse qui laisserait une lueur d'espoir ou en tout cas, n'ajouterait pas à la démoralisation ?
A tous ces « c'est horrible !» (et ils ne manquent pas), il faut s'enlever de la tête les « mais qu'y pouvons-nous? ».
Il me semble que ce système joue à la fois sur l'émotion et sur la démoralisation de masse : mais est-ce le « système » ou est-ce une propension humaine à s'émouvoir, puis se résigner ?
Eternelle question de la poule et de l'oeuf.
Gageons que l'humanité connaîtra encore des moments de joie dans la contestation de l'ordre établi, dans les revendications collectives qui touchent au but, dans les gestes simples du quotidien qui nous libèrent du tout marchandise.
Il y a matière à des journaux d'évoquer ces moments, passés ou présents.