Au sommaire, comme c'est hélas devenu régulier depuis des semaines, un reportage sur un village sinistré dans le Var suite aux intempéries, avec 600 personnes bloquées du fait d'un pont détruit.
C'est aussi devenu régulier, les fusillades dans les villes, sur fond de marché de la drogue. Ici, il s'agit de la ville de Rennes, où un gamin de 5 ans a été atteint par des balles et se trouve entre la vie et la mort.
Bien évidemment, on ne peut que compatir.
C'est suivi de l'annonce gouvernementale visant les arrêts de travail des fonctionnaires (des trois fonctions publiques) et de la possible instauration de 3 jours de carence pour lutter contre l'absentéisme (c'est bien connu que le travail, c'est la santé). 289 millions d'euros d'économies sont attendus par le gouvernement.
Mettre à contribution les fonctionnaires, ça fait toujours recette pour le gouvernement (au passage, personne pour dire que 62% de celleux-ci sont des femmes et ce sont donc elles qui porteront l'essentiel des « efforts »).
Puis vient la première journée du procès de Gérard Depardieu accusé d'agressions sexuelles lors du tournage d'un film, ses avocats demandant un report d'audience pour « raisons de santé ». 3 jours de carence pour le Gérard ? Non ! Il demande 6 mois.
Très peu d'informations internationale sur l'ensemble du JT, à part une brève sur le Moyen-Orient et 8 morts de plus au Liban : moins de 30 secondes. Il faut dire que le Moyen-Orient à feu et à sang, ça n'est plus une nouvelle pour un JT.
Ah si ! il a été question du meeting de Donald Trump au Madison Square Garden de New York, « ponctué de remarques obscènes et haineuses » et aussi de commentaires racistes.
Ensuite, du rêve en images :
Et très vite, le JT donne la place à la partie « magazine » et « conso » du JT.
Les couteaux Laguiole qui obtiennent un label, les vélos électriques à roues XXL faciles à débrider, l'ouverture du marché des truffes en Bourgogne, la rubrique « des bonnes idées pour la France », une rubrique toujours positive, tout comme un spectacle de machines géantes dans les rues de Toulouse. Dans deux ou trois heures, on aura tout oublié.
Satiété du spectacle :
On le voit, des galères liées à la météo, du procès de Depardieu au Madison en passant par le défilé de machines à Toulouse, le JT, c'est surtout du spectacle, rien que du spectacle, où la passivité des spectateurs/trices est requise.
Le JT se termine par la rubrique « voyages » (où les occurrences « à couper le souffle » se multiplient) : cette semaine, il est question des « plus beaux déserts du monde » et ce lundi, on apprend l'existence d'une zone désertique en Sardaigne (c'est qu'on apprend des choses au JT!). Là, il nous est dévoilé que la vie animale y est présente, avec notamment « des biches gracieuses et des cerfs majestueux ».
Alors, au sortir de ce journal, on peut certes se dire que Depardieu ou Trump, ça n'est pas bien ce qu'ils font ou ce qu'ils disent.
Mais d'une manière insidieuse (encore que ce mot suppose une volonté), disons plutôt souterraine, sous des clichés animaliers, il est suggéré aux télé-spectateurs et télé-spectatrices, une forme de sexisme ordinaire.
Le monde animal mérite mieux que de servir de support au sexisme et au final, à la domination masculine.
Je ne vous dis pas "à demain pour une prochaine édition". Ce serait abuser de votre temps de cerveau disponible.