Il faut relire « La révolte des pendus » de B Traven. Ce livre décrit la vie de misère de paysans mexicains sans terre pris à la gorge par une dette illégitime. Ce genre de dette est en fait un esclavage qui ne dit pas son nom.
La dette est un instrument de domination d'un certain point de vue (les créanciers) et de docilité de l'autre (les emprunteurs). De nos jours, ça l'est toujours, notamment avec les réseaux qui exploitent les migrants, hommes et femmes, les poussant vers du travail forcé et de la prostitution, ce qu'on nomme "esclavage moderne".
En France, l'endettement des particuliers est assez contrôlé, de manière à ce que les taux de prêt restent relativement décents : « Le taux d'usure correspond au taux maximum légal que les établissements de crédit sont autorisés à pratiquer lorsqu’ils vous accordent un prêt. Fixé chaque trimestre par la Banque de France, il vise à protéger les consommateurs d’éventuels abus ».
Même avec ce garde-fou, le surendettement est possible.
Mieux vaut donc ne pas se mettre la corde au cou par le surendettement. Pas toujours évident quand le compte en banque est vide bien avant la fin du mois et qu'il faut payer les factures. La tentation de contracter un nouveau prêt sera forte, moyennant le fait de taire les sommes déjà en cours de prêt.
Des individus aux collectivités publiques ou aux entreprises, la dette a-t-elle le même sens ?
Il s'agit dans tous les cas d'acquérir des biens, des équipements, du matériel avec de l'argent dont on ne dispose pas encore. On emprunte donc avec promesse de rembourser selon un taux prédéfini et une durée fixée le capital et les intérêts.
La différence est que l'État ne fait pas faillite, contrairement à des individus ou des entreprises. Ceci dit, l'Etat peut être mis sur tutelle, on se rappelle de la Grèce au début des années 2010 et d'une sorte de mise sous tutelle par la « troïka », l'alliance de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et du Fonds monétaire international. Outre la Grèce, l'Irlande, l'Espagne, le Portugal et Chypre en proie à des déficits excessifs firent également à cette fameuse troïka.
Donc, l'État ne fait pas faillite, mais peut être soumis à des remèdes de chevaux et à une cure d'austérité. On comprend bien que l'austérité, ce sera la population lambda du pays qui la prendra dans la poire.
Qu'est-ce que vous croyez ? En Grèce, la population a été saignée aux quatre veines. La bourgeoisie grecque, notamment les armateurs, qui sont forts en paradis fiscaux et pavillons de complaisance, n'a pas mis la main à la poche.
En France, il en va de même. Prenons le gars Stérin, nationaliste de pacotille, prêt à soutenir les mouvements les plus réactionnaires et racistes de l'hexagone. Mais quand il faut payer des impôts, son patriotisme fout le camp vite fait.
Il en va de même pour Bernard Arnault, patron du groupe LVMH ou encore pour Vincent Bolloré, tous deux spécialistes de l'ingéniérie financière, histoire de brouiller les pistes sur leurs fortunes (et tous aussi à la tête de groupe de médias).
Ainsi, quand Bayrou, approuvé par Macron, veut tordre le cou à l'endettement français, ce ne sera certainement ces ultra-riches qu'il mettra à contribution, mais les salariés, les chômeurs, les malades.
La dette est un outil de domination, le désendettement par l'austérité qui nous est proposé en est une nouvelle preuve.
Toutes et tous dans l'action le 10 septembre.