Rv RICHARD (avatar)

Rv RICHARD

Informaticien retraité

Abonné·e de Mediapart

134 Billets

1 Éditions

Billet de blog 30 janvier 2025

Rv RICHARD (avatar)

Rv RICHARD

Informaticien retraité

Abonné·e de Mediapart

« Il y a trop de normes ! »

Ou pas ! On peut toujours trouver des situations où l'on a envie de le dire. Pourtant, le « trop de normes » mérite un peu plus de réflexion. Il est devenu la tarte à la crème des courants les plus réactionnaires.

Rv RICHARD (avatar)

Rv RICHARD

Informaticien retraité

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A priori, s'il existe des normes, c'est pour protéger et informer.

* les normes sanitaires et environnementales : qualité de l'eau, qualité des aliments, absence de toxicité des produits, très faible effet polluant.
* les normes industrielles : des produits et des appareils fiables et pas nuisibles pour les personnes qui les utilisent et le public qui s'en approche. Des situations de travail protégeant les personnes qui utilisent ces produits et ces machines doivent être assurées.
* les normes sociales : elles font obligation aux employeurs de respecter des minimas sociaux, de payer des cotisations sociales, d'assurer la santé et la sécurité des salariés. Elles interdisent le travail des enfants (ceci fut l'une des premières lois sociales en France) et les situations d'esclavage.
* les normes de construction des bâtiments : qu'ils soient robustes, sains, accessibles, bien isolés, que les matériaux utilisés respectent l'environnement.

Qui pourrait être contre ?
Ces normes ont amélioré la vie des gens et mieux vaut disposer de contrôles pour que ces normes soient respectées.

Oui mais ?! Le respect de ces normes ont un coût, parfois pour les particuliers, parfois pour les entreprises ou les collectivités.

En général, le particulier avec peu de moyens n'aura qu'à râler, par exemple sur les coûts de mise en conformité de son véhicule avant le contrôle technique ou sur des taxes dites « incitatives » sur les carburants. Il incriminera peut-être les « bobos » de centre-ville qui peuvent s'offrir une voiture électrique, inaccessible pour lui, voire profiter d'un bon réseau de transports urbains. Parfois, ces personnes se retrouveront à partager leur colère sur les ronds-points au moment du mouvement des Gilets Jaunes.

Au milieu, il y a les « chefs d'entreprise » dont beaucoup sont sensibles à tout ce qui augmente leurs coûts de production. Ceci dit, les normes qu'ils dénoncent sont censées s'appliquer à leurs concurrents, pour autant que ceux-ci font partie du même monde économique et social, la France ou l'Europe. Mais il existe la concurrence venant de contrées plus ou moins lointaines et dont les normes sociales et environnementales sont moindres, voire inexistantes.

Il est légitime par exemple que les agriculteurs français et européens se dressent contre des accords de libre échange comme le Mercosur. Mais qu'ils (et surtout des organisations comme la FNSEA ou la Coordination rurale) se soulèvent contre un certain nombre de normes (comme l'interdiction de certains produits phyto) est à dénoncer. En particulier, les violences contre des agents de l’office français de la biodiversité ou des inspecteurs du travail sont inadmissibles.

Les syndicats patronaux, le MEDEF, la CGPME, ne sont pas en reste pour dénoncer « l'excès de normes », « l'inflation réglementaire ». Ceux-là ont les oreilles des gouvernements récents qui multiplient les « chocs de simplification ». Simplifier, pourquoi pas ? Ces patrons devraient aussi simplifier certaines procédures dans les entreprises qui étranglent leur personnel, des « process », des « reportings » insupportables. Quant aux réponses gouvernementales à cette exigence de simplification de la part des patrons, elle reviennent souvent à alléger le Code du Travail de clauses favorables aux salariés et à leurs représentants syndicaux. Les ordonnances Macron de 2017 en sont l'exemple parfait.

En haut du spectre social, on trouve l'hyper-bourgeoisie mondiale, désormais ralliée à « l'anarcho-capitalisme » (un oxymore) comme on vient de le constater avec l'élection de Donald Trump. De « l'anarchisme », il ont conservé le seul mot d'émancipation, mais l'émancipation seulement pour eux, la liberté totale d'exploiter : ils ne veulent plus de contraintes, ni de normes, ils veulent être la norme. Leur puissance financière leur permet de tout acheter, de tout étouffer surtout.

Les normes correspondent à des rapports de forces dans la société. Ces rapports de forces sont de plus en plus violents. Il y a celles qu'on voudrait voir disparaître (comme des procédures tatillonnes et humiliantes de l'administration vis à vis d'usagers, par exemple des personnes étrangères qui ne demandent qu'à travailler et soumis à des circulaires toujours plus excluantes ou encore des allocataires sociaux à qui il est demandé sans cesse de se justifier) et celles qu'on voudrait voir apparaître ou en tout cas, qu'elles soient respectées, qu'on les fasse respecter.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.