Il s’agit d’une dystopie. Dans un temps légèrement proche, la France vient d’élire un président supposé défendre l’écologie, un certain Pierre Savidan. Une élection par défaut face une candidate d’extrême-droite.
L’histoire décrit la dérive d’une société et d’une présidence vouée à résoudre quoi qu’il en coûte la question climatique. Ce président quelque peu « disruptif » se trouve en réalité être une sorte de gourou.
Ce « quoi qu’il en coûte » devient de plus en plus intrusif , avec un système de notation, le SEI : on ne peut que penser au « Crédit social » chinois. Si on est mal noté, on a le droit et surtout l’obligation de participer à un stage, le Programme d’Accueil Individualisé et de Réaffiliation écologique (PAIRE). Au départ, ce sont quelques milliers de personnes qui doivent suivre ce stage. Parmi les performances diminuant le score : le fait de faire des enfants au même plan que des pratiques polluantes en tant que consommateur ou en tant qu’industriel ou encore la consommation de viande. Faut-il tuer les bébés ? Savidan lui-même se pose la question : « pour sauver l’humanité, faut-il en éliminer la moitié ? ». Certains sont à fond dans ce délire, n’hésitant pas à tuer.
Au fil de la lecture, on voit le Président invoquer l’Article 16 de la Constitution, qui lui donne les pleins pouvoirs. Que vont faire le Conseil constitutionnel, les députés et sénateurs ? Et la population ?
En tout cas, les intimidations se multiplient, allant jusqu’au crime.
Mais la société est en ébullition. Savidan peut néanmoins s’appuyer sur une frange de cette société, à laquelle nous pourrions nous identifier au jour d’aujourd’hui, notamment les militants du climat, décroissants. Car l’argumentation initiale se tient : il faut diminuer notre empreinte carbone.
Au risque d’un écofascisme ? La question est posée dans ce roman. Glaçant.
Thomas Bronner, Collapsus, Série Noire Gallimard, 2022.