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Cette infolettre mensuelle antiraciste a une ambition simple : stimuler la capacité de chacun·e à se désintoxiquer du racisme, ce poison qui vise à déshumaniser les minorités et à hiérarchiser les êtres, selon des critères fallacieux. Sans jamais s’assumer comme tel.
Un racisme sans racistes donc, où l’idéologie identitaire d’extrême droite fait les pics d’audience. Et où le président parle de « Mamadou », de « rabzouz », le premier ministre de « submersion » migratoire, le ministre de l’intérieur de « Français de papiers », etc.
Mais où les seules personnes qui sont pointées du doigt sont les antiracistes, désigné·es comme « wokes » ou « racialistes », et où celles et ceux qui s’en défendent sont parfois sanctionné·es dans une indifférence inquiétante.
Cette radicalisation des droites va de pair avec une liberté d’informer en danger. Aux États-Unis bien sûr, où le nouveau président, allié aux forces de la tech, a commencé à bannir celles et ceux qui ne se plient pas à sa novlangue. Mais la France, hélas, n’est pas épargnée. Le poison de la désinformation et du mensonge s’infiltre dans nos vies. Les obsessions xénophobes, racistes, sexistes, antisociales, climaticides et antidémocratiques des antennes de la galaxie Bolloré rencontrent de moins en moins de résistance dans l’espace politico-médiatique.
Rappeler les faits, les décortiquer, les mettre en perspective
Face à cet agenda d’extrême droite, il est de la responsabilité de notre journal de donner à voir les faits. Et de les remettre au centre des débats.
La séquence médiatique ouverte par la prise de parole de Jean-Michel Aphatie en est une illustration parfaite. Dans le fond, les deux camps politiques qui s’opposent aujourd’hui reposent sur le rapport à la réalité des faits. Comme le regrette l’historien Alain Ruscio dans notre émission « À l’air libre », à propos de la conquête coloniale en Algérie. « La moindre affirmation évidente pour les recherches historiques qui dénoncent les pratiques coloniales suscite immédiatement une levée de boucliers. » Une « petite musique » qui aurait commencé au moment du septennat de Valéry Giscard d’Estaing, qui inaugure le décloisonnement entre la droite et l’extrême droite françaises.
Depuis de nombreuses années, Mediapart fait sonner le tocsin sur la montée de l’islamophobie, de l’antisémitisme, de la négrophobie… Et du risque de nous réveiller demain dans une France défigurée par ce racisme décomplexé, où la préférence nationale serait systématique et les exclusions déchaînées.
L’heure est maintenant d’affermir nos défenses, et de nous rassembler, non pas pour faire front, mais pour faire chaîne. Chaîne humaine.
La quête de notre humanité n’est pas un luxe
Précisons encore l’intention de cette lettre. Nommer le racisme – décortiquer ses racines historiques, apprendre des luttes pour le combattre, donner la parole aux personnes concernées – n’est pas un parti pris pour rendre la vie des personnes racisées moins humiliante et moins violente, en tout cas pas exclusivement. C’est aussi un enjeu pour les personnes qui ne sont pas visées par cette injustice, les personnes blanches donc, héritières de fait d’un carcan social, mental, émotionnel qui les coupe d’une partie du réel. Pire encore, qui les empêche de prendre conscience des fausses évidences d’un regard en surplomb.
Seule l’intelligence collective, nourrie des vécus et des ressources de chacun·e situés de part et d’autre des frontières raciales, peut nous laisser espérer trouver les mots justes, ô combien utiles pour décrire le monde en cours, et dessiner un imaginaire désirable.
À toutes celles et ceux qui veulent retrouver un regard en grand angle et un cœur battant, il est urgent de regarder la bête en face. De nombreuses personnes et collectifs sont déjà engagés dans cette lutte et ces réflexions, accordons-leur toute notre attention.
Dans cette lettre mensuelle, vous retrouvez ainsi les articles et les vidéos produites par Mediapart sur le terrain, nos révélations, les enquêtes sur les idées, un agenda, un glossaire, des recommandations culturelles, et plein de petites surprises que vous découvrirez, en vous inscrivant ici.
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