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Que ce soit Bruno Retailleau mettant en cause l’état de droit tranquillement dans le journal du Dimanche sauce Bolloré [1], Emmanuel Macron et le ministère des armées passant outre le parlement en engageant tranquillement l’armée, sans contrôle du Parlement [2], aucune règle de notre Constitution semble respectée ou est à défaut tordue depuis plusieurs années…. Et pour ceux qui s’empêtrent dans des luttes locales, cette négation des gens, ce passage en force permanent existe aux échelons inférieurs.
Ce billet court se concentrera sur ces Grands Projets Inutiles et Imposés qui foisonnent partout en France. Certains de ceux qui liront ce billet le sauront sans doute, mais le Sud-Ouest est bien loti en projet pourris : une nouvelle autoroute entre Castres et Toulouse, des méga bassines écocidaires dans les Deux-Sèvres et enfin le futur plus grand chantier d’Europe : le Grand Projet ferroviaire du Sud Ouest.
GPSO rejeté, passage en force de Rousset
C’est à la lecture de cet article paru sur Sud-Ouest qu’un sentiment de trop-plein a jailli. Une forme de dégoût qui devient malheureusement trop habituelle à l’écoute ou à la lecture des nouvelles du jour. Ici, on apprend que le président de région de Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset, mis récemment en examen pour détournement de fonds publics [3], avance tête baissée dans un projet dont localement personne ne veut. Pourtant pour lui dans sa tête, tout est clair : il s’agit de nouvelles “lignes indispensables, plébiscitées par les habitants”. Ce n’est qu’une phrase dans un article de journal mais pourtant elle fait mal tant la déconnexion et le cynisme sont grands.
Dans une récente enquête publique tenue dans le cadre de l’enquête environnementale, les citoyens avaient à nouveau rappelé leurs opposition ferme aux projets d’Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux (une partie importante des travaux liés à la LGV), épaulés par plusieurs contributions de collectifs et d’associations. Sur une enquête publique qui s’est déroulée en plein été, plus de 3000 contributions ont pu être envoyées, un chiffre très élevé au regard de la participation habituelle à ce type de mobilisation. Et sur l’ensemble de ces contributions citoyennes, il ressort une désapprobation à plus de 90% de ce projet.
Cette désapprobation n’est pas nouvelle, elle n’est pas une simple lubie de méchants bobos-écolos qui n’aiment rien et qui s’opposent à tout. Cette contestation existe également depuis au minimum 2014 où une enquête publique donnait un avis défavorable aux projets de LGV du Sud-Ouest, où les contestaires se sont efforcés de toujours penser et proposer à des solutions alternatives.
Mais dans la tête de ces politiques malades, imbus de sentiments de pleins pouvoirs car leurs trônes n’ont pas été assez ébranlés depuis plusieurs années, aucune solution autre que la leur ne prévaut. Peut-être voit-on là un héritage de ce qu’est la Macronie ainsi que de l’influence de Jupiter-le-Petit sur le champ politique.
L’exemple le plus criant localement est le résultat de l’enquête publique de cette année, mentionnée un peu plus haut. À la surprise générale, les commissaires enquêteurs ont rendus un avis favorable [4], faisant fi de la parole citoyenne et usant de toutes le contorsions possibles pour mettre sous le meilleur jour un projet dont personne ne veut. Cet avis favorable vient également passer outre des recommandations négatives institutionnelles de poids, comme celle de l’Autorité Environnementale ou du Conseil National de protection de la nature. Mais la seule chose qui semble vouloir être intéressant de protéger, c’est l’argent, la gloire, et la beauté de couler du béton de Guyenne en Occitanie.
Face à l’accélération, freinons d’urgence !
Dans l’ensemble des billets de ce blog, j’essaie toujours d’éviter que le défaitisme s’installe. Pourtant, plus le temps passe, plus les coups sont durs à encaisser tant le cynisme des situations créées nous rendent dingues. Mais pour ce système, il s’agit de l’une de leur plus grande force : l’infobésité.
Mot pas très popularisé, l’infobésité est une contraction simple entre information, et obésité. (Il fallait la voir venir celle là). Un autre terme un peu plus pompeux pour décrire le phénomène serait “surcharge informationnelle”. C’est l’excès d’informations de ce type, le fait d’avancer tête baissée et de continuer comme si de rien était, qui rend tout épuisant. Oui, on est épuisés d’une énième magouille. Oui on est épuisés d’un énième passage en force. Oui il est dur de trouver de la force pour lutter quand tout nous appel à laisser tomber parce qu’en face ils ont le pouvoir administratif et le pouvoir financier. Cette surcharge d’informations à vomir, on en ferait presque un burnout. Et quand le burnout arrive, que tout va trop vite et que les autres accélèrent, un bon médecin nous conseillerait de ralentir, voir même, de freiner urgemment.
C’est pourquoi le nom de l’évènement de ce weekend est plutôt bien trouvé : Freinage d’Urgence. Organisé par les collectifs et associations composant LGV Non Merci ainsi que les Soulèvements de la Terre, un weekend de concerts, d’assemblées et de formations sont notamment prévus. Mais il s’agira surtout d’un moment où l’on se retrouvera tous ensemble.
Toutes les informations essentielles à cet évènements sont à retrouver ici sur ce lien : https://www.lgvnonmerci.fr/freinage-durgence/
Partout, à tous les échelons, nous avons besoin de freiner cette folie. Ne pas s’isoler, parler, parler, parler comme quand les Gilets Jaunes se sont réunis sur les ronds points. Partager ses situations matérielles, ce qui nous semble dément. La porte pour construire un monde meilleur n’est jamais fermée et restera toujours ouverte malgré les tentatives de pourrissement de ceux qui nous gouvernent.
Deleuze disait : « Les pouvoirs établis ont besoin de nos tristesses pour faire de nous des esclaves. Le tyran, le prêtre, les preneurs d’âmes, ont besoin de nous persuader que la vie est dure et lourde. Les pouvoirs ont moins besoin de nous réprimer que de nous angoisser, ou, comme dit Virilio, d’administrer et d’organiser nos petites terreurs intimes. » Au lecteur qui est derrière le verre de son smartphone ou l’écran de son ordinateur, au bureau, nous ne sommes pas seuls. Dans ce monde où tout va trop vite et où tout est fait pour nous persuader que la vie est dure est lourde, freinons et recréons de l’humain, du commun, à notre rythme, pour les gens et pour le vivant avant l’argent.
Notes
[1] Le ministre le plus dangereux de la 5e - Clément Viktorovitch, Youtube, 04/10/24 https://www.youtube.com/watch?v=n-7UHOb0HnY&pp=ygURY2xlbW92aXRjaCByZXBsYXk%3D
[2] Aurélien Saintoul - X/Twitter, https://x.com/A_Saintoul/status/1842853207925510185