Ce billet est un extrait de mon article publié sur le journal gratuit en ligne Europe insoumise.
Avertissement: tous les chiffres présentés dans cet article, utilisés pour la réalisation des différents graphiques, sont ceux publiés le 10 avril par un service statistique de l’Université d’Oxford.
Confinée, la France ne gère pas mieux la crise sanitaire que la Suède non confinée
Comme beaucoup de ses voisins européens, et comme la majorité des pays dans le monde, la France a adopté des mesures de confinement pour lutter contre la pandémie du coronavirus SARS-CoV-2 qui cause le Covid-19. La Suède, elle, a choisi une voie différente et les autorités suédoises ont à ce jour pris beaucoup moins de mesures restrictives, et en particulier, n’ont pas entamé de mesure de confinement général. On ne peut pas dire que la Suède soit particulièrement bonne élève dans sa manière d’affronter la pandémie. Contrairement à la Corée du Sud qui lutte efficacement contre la transmission du virus sans confinement général, la Suède ne suit pas la recommandation la plus importante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : tester en masse pour identifier les personnes infectées et cibler le confinement sur ces personnes (voir graph. 1).
Le confinement général faute de dépistage massif et réactif
Là où la Corée du Sud fait figure d’exemple mondial grâce à sa politique de dépistage massif dès l’apparition des premiers cas sur son sol (graph. 1), nombre de pays européens ont manqué de moyens et de réactivité pour dépister suffisamment tôt (graph. 1), et dans des proportions suffisantes (graph. 1), pour empêcher une explosion de l’épidémie (graph. 2). Faute de mieux, ces pays européens, dont la France, l’Allemagne, le Danemark, l’Italie et la République Tchèque, ont opté pour un confinement général (mais pas total puisque certaines activités sont maintenues, forçant nombre de personnes à aller travailler).
Parmi les États européens confinés, la France enregistre de mauvais résultats
La comparaison entre différents États concernant la progression de l’épidémie est bien entendu délicate puisque les chiffres sont recueillis suivant différentes méthodes dans les différents pays. Notamment, puisque seuls les cas confirmés par des tests sont comptabilisés, le nombre de cas réels est forcément sous-estimé, et d’autant plus sous-estimé que le nombre de tests est faible. Or, il se trouve que la France est l’un des États européens qui réalisent le moins de tests par rapport à sa population (graph. 1).
Ainsi, si la France montre une progression des cas confirmés et du nombre de morts pire que nombre de ses voisins (graph. 2, 3 et 4), ce n’est pas parce que ces voisins auraient une façon de compter qui les avantage. En réalité, la France est un des pays qui teste le moins (graph. 1), et donc qui sous-estime le plus le nombre de cas et le nombre de morts. Ainsi, il est clair que la vitesse de progression des cas (graph. 2 et graph. 3), et l’accumulation des morts (graph. 4) en France sont parmi les pires d’Europe.
Malgré des mesures de confinement général qui ressemblent, sur le papier, à celles de ses voisins, la France réussit l’exploit de faire pire que les autres. Notamment, la France s’en tire encore moins bien que la Suède, un pays qui n’a pas mis en place de confinement général, et dont le rythme de dépistage est similaire (et donc comparable) à celui de la France. Comment est-ce possible ?