« Insupportable », « impardonnable », « irresponsable », « blocage systématique » voilà les adjectifs avec lesquels les députés et les ministres macronistes décrivent l’opposition qu’ils subissent à l’assemblée lors de l’examen de leur réforme des retraites. On imagine bien que si les grands mots sont de sortie, c’est que nos ouvriers macronistes du travail législatif subissent une grande souffrance professionnelle. Une pénibilité telle qu’ils ne pourront pas l’endurer.
Il faut dire que si une opposition de droite extrême leur est tout à fait supportable, avoir une opposition de gauche, en revanche, est éreintant. Finit le temps où les macronistes votaient contre un de leur propres amendements parce que Jean Luc Mélenchon alors député avait exprimé qu’il voterait cet amendement macroniste, et qu’il fallait donc mécaniquement voter à l’inverse de Mélenchon pour faire passer le message que la majorité allait écraser toutes ses propositions.
Ayant toujours choisit la confrontation quand ils pouvaient facilement la gagner, les macronistes doivent désormais composer avec des adversaires politiques en nombre suffisant pour les affronter. Alors qu’ils s’étaient habitués à ce que leur en toucher une ne fasse pas bouger l’autre, voilà que les amendements et les interpellations qu’ils subissent dans l’hémicycle viennent désormais les leur briser. Car, à les en croire, leurs esprits et même peut-être leurs corps sont désormais bel et bien brisés. Cela fait tout de même 10 jours qu’ils sont ainsi harcelés !
Les affreux gauchistes, dans leur mauvaise foi dégoulinante, diront sans doute que si les macronistes veulent convaincre des millions de personnes de passer plusieurs années supplémentaires dans des conditions de travail qui érodent leur santé, ces macronistes gagneraient sans doute à ne pas pleurnicher après 10 jours de débats dans le confort du palais Bourbon. Insulté, le ministre Dussopt, dans son grand désespoir, est même allé jusqu’à refuser les excuses du député qui l’avait visé ! Il ne peut accepter des excuses pour une paire de mots, mais demande à d’autres d’accepter au moins deux ans de maux supplémentaire ? Voilà le genre de questions malhonnêtes que poseront les vilains gauchistes !
Pire, en plus de faire preuve de mauvaise foi, ce serait là faire également preuve d’un déni coupable face à la souffrance psychologique bien réelle des pauvres macronistes qui se cassent le dos pour sauver notre système de retraite. Après tout, n’est-ce pas de gauche que de reconnaître la pénibilité au travail ?
Plutôt que de harceler, la NUPES et en particulier LFI feraient mieux de démontrer que leurs discours d’empathie s’appliquent aussi aux macronistes qui essaient de réussir, et pas seulement aux gens qui ne sont rien. Et puisque la question à l’ordre du jour est celle des retraites, alors pourquoi ne pas l’utiliser comme solution au problème de la pénibilité du travail des macronistes à l’assemblée ? Mesdames et messieurs les ministres et députés, si vos conditions de travail sont si insupportables, songez à vous arrêter ! Pourquoi ne pas aller jusqu’à préserver votre espérance de vie en bonne santé en vous octroyant une retraite anticipée ?