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Billet de blog 16 avril 2020

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COVID-19 : Ces milliers de morts causés par Facebook

L’Afrique fait face à des attaques de grande envergure, sous forme de fake news, notamment à travers Facebook. Conséquence, des dizaines voire des centaines de milliers de morts que Facebook aura sur sa conscience.

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Alors que l’humanité est confrontée à ce que les experts présentent comme la plus grave crise sanitaire de notre histoire commune, avec des répercutions économiques et sociales désastreuses, jamais les sociétés les plus fragiles, particulièrement en Afrique, n’ont autant été la cible des infox qui mettent à mal la stabilité des États et menacent durablement les futures opérations sanitaires (campagnes de vaccination, etc.).

Cameroun, Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso, Madagascar, et j’en passe, le poison des fake news diffusés via Facebook puis repris sur WhatsApp, des réseaux sociaux propriétés de Mark Zuckerberg ont déjà, par le passé, provoqué de graves troubles à l’ordre public dans plusieurs États africains. Sans compter des cas de justice populaire avec des issues parfois dramatiques qui trouvent leurs origines dans ces fausses informations partagées à la vitesse de la lumière.

Des rumeurs qui, jadis, circulaient très lentement dans des cercles restreints, voire concentriques, sont aujourd’hui disséminées en temps record sur Facebook à l’échelle planétaire, dans toutes les langues. Les États et les médias traditionnels qui, par le passé, pouvaient démentir et désamorcer des crises potentielles, sont aujourd’hui réduits à constater les ravages de ces entreprises de désinformation et d’intoxication.

Actuellement, la stabilité de certains pays africains est fortement menacée par des fakes news autour d’un supposé « plan de massacres de tous les Africains par les Occidentaux à travers un prétendu vaccin contre le COVID-19 » qui serait administré aux populations africaines, « avec la complicité de leurs Etats corrompus ». Plusieurs gouvernements africains ont déjà dû démentir ces informations sous la pression de leurs populations, et des manifestations ont été enregistrées en Côte d’Ivoire, avec dégradation des biens, des blessés et des dizaines d’arrestation d’innocentes populations manipulées, avec la complicité de Facebook.

Ces poisons sont impunément distillés à longueur de minutes, par des profils clairement identifiés et des avatars tout aussi techniquement traçables et identifiables par Facebook. Les auteurs de toutes ces dangereuses informations, avec un peu de volonté du réseau de Mark Zuckerberg pourraient être démasqués et mis à la disposition de la justice afin qu’ils répondent de leurs actes répréhensibles. Appels aux meurtres, aux massacres communautaires et religieux, etc., toutes les formes de vomissure et d’illustration de la déshumanisation sont légion sur Facebook.

Dès lors, l’indifférence et la légèreté avec laquelle Facebook traite cette problématique des fausses nouvelles qui pullulent sur son réseau nous semblent criminelles. Les algorithmes de cette entreprise américaine sont, en effet, capables de remarquables prouesses quand il s’agit de nous profiler pour des publicités ciblées qui rapportent annuellement à M. Zuckerberg plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Des Africains vont sûrement refuser des traitements, et dans certains cas des vaccins qui leur auront sauvé la vie. D’autres vont saccager des centres de dépistages et de soins, attaquer des camions transportant des médicaments, quand ils ne lyncheront simplement pas à mort des équipes de soignants mettant ainsi en danger de mort des communautés entières. Il y aussi ces centaines de milliers d’enfants que leurs parents n’accepteront plus jamais de faire vacciner, compromettant durablement la santé de millions d’être fragiles et innocents, et l’avenir de tout un continent. Il est difficile à ce stade de prédire l’étendue des dégâts, mais au-delà des quelques milliers, peut-être des centaines de milliers de morts que vont causer les fake news (de Mark Zuckerberg ?) autour du ridicule « faux virus contre coronavirus pour décimer les Africains », il y a aussi une réelle menace de déstabilisation de plusieurs États d’Afrique fragiles, avec des conséquences humanitaires encore plus graves, à travers l’ingénieuse création du milliardaire Zuckerberg : Facebook.

Dans les faits, Facebook fonctionne cependant comme une sorte de méga-médias citoyen, auquel tous les habitants du monde contribueraient en publiant des articles. Et, identiquement à tous les médias, ce réseau social devrait être pénalement responsable de ce qui est publié dans ses pages. L’humanité ne doit pas s’accommoder d’une situation où un tel instrument menace l’existence même de millions de ses membres, sans que nous tenions pour responsable le vecteur, non pas involontaire, mais conscient : Facebook (Mark Zukerberg).

Saïd Mbombo Penda

Journalistes d’investigation et analyste politique

Ancien de la BBC et de l’agence américaine Associated Press

Ex-responsable de la Communication pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à l’Union Européenne.

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