Le 19 octobre 2012, le lendemain de ma mort, «suite à une crise cardiaque» [1], fait que vous ignoriez à l’époque, vous avez tenu une conférence de presse pour qu’on reconnaisse en moi un martyr qui fut lynché par les milices de Rached Ghannouchi et consorts, Rached Ghannouchi, votre comparse d’aujourd’hui, avec lequel vous entretenez des relations contre nature trahissant tous ceux qui ont fait de vous ce que vous êtes maintenant. Et, depuis l’acquittement de mes présumés meurtriers prononcé ce lundi 14 novembre 2016, vous vous faites petit et semblez mal à l’aise, car, bien que croyant toujours à mon statut de martyr grâce au forfait de cette bande d’islamistes et leurs acolytes, vous n’avez osé émettre aucun commentaire sur cet acquittement, probablement, de crainte de déplaire à votre dit comparse.
L’objet de ce message, Bajbouj [2], c’est de vous donner l’occasion de vous mettre bien à l’aise, et cela, en vous demandant de rendre public sur terre ma déclaration suivante, à l’attention, surtout, de ceux qui croient encore que je suis réellement un martyr qui fut liquidé par les islamistes d’Ennahdha et consorts, c’est-à-dire à l’attention de la quasi-totalité du peuple tunisien :
Arrêtez de me prendre pour un martyr, car, je ne le suis pas, puisqu’en vérité, sachez-le, quand j’ai senti la crise cardiaque m’envahir avec ses serrements et souffrances atroces dans ma poitrine, j’ai voulu en finir le plus rapidement possible en lui donnant un coup de main pour m’achever. Aussi, j’ai déchiré moi-même mes habits et mis mes vêtements en lambeaux, je me suis moi-même traîné face au sol, tout seul, je me suis donné moi-même des coups partout sur mon propre corps en le couvrant d’égratignures, de bleus, d’hématomes, d’œdèmes, de plaies, de traumatismes, de blessures béantes, sans oublier les fractures à 7 de mes propres côtes, confirmées ante-mortems, que je me suis faites moi-même etc. etc…., comme le montrent les vidéos et les autres photos qui ont circulé sur le net et comme le révèlera, par la suite, l’autopsie pratiquée sur mon corps : le rapport du médecin légiste signale que mon corps porte rien moins que 27 coups.
Tiens, Bajbouj, voilà Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi - qui, eux, sont reconnus, pour le moment, comme vrais martyrs, jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire, peut-être, au vu de mon propre cas, jusqu’à la fin des procès de leurs présumés meurtriers, toujours en cours - je disais donc, voilà Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi qui sont venus se joindre à moi pour vous dire à très très bientôt et qui me chargent de vous rappeler la promesse que vous leur avez faîte consistant à tout mettre en œuvre pour démasquer les commanditaires de leur assassinat, quels qu'ils soient, furent-ils nahdhaouis [3], pensiez-vous certainement !, promesse qui fut l’un des slogans phares de votre campagne présidentielle - ayant renforcé votre position et augmenté votre poids sur l'échiquier politique tunisien - et qui vous a certainement fait gagner des centaines de milliers de voix, disent-ils ! D’ailleurs, Chokri m’a montré la magnifique vidéo de votre dernier meeting de campagne qui a eu lieu sur l’avenue Habib Bourguiba, à Tunis, je crois, où l’on vous voit sur l’estrade avec, à votre droite, Besma, son épouse [4].
Alors, avec eux, je vous dis à très bientôt, Bajbouj, Inch’Allah, mais, pas avant d'avoir élucidé leur dernier voyage !
Références
[2] Bajbouj est le sobriquet de Béji Caïd Essebsi, employé par ses sympathisants.
[3] Nahdhaoui : adjectif et nom qui ont rapport à Ennahdha, le parti islamiste fondé et présidé par Rached Ghannouchi.
[4] Ci-dessous, une photo extraite de ladite vidéo :
