L’hospitalité est fonction de la géographie et de l’histoire, des traditions, des croyances, de la culture, du tempérament, des systèmes de valeur des sociétés et des peuples. Mais elle est aussi tributaire de l’économie et de l’Etat ; de la géopolitique et des systèmes de contrôle et de sécurité qui définissent, en dernière instance, les frontières physiques et symboliques, ainsi que les règles devant régir les conditions d’accueil et de circulation des étrangers.
Dans la pratique, toute hospitalité est expérience des seuils, des limites.
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De ce point de vue, l’enjeu résiderait moins dans les termes antinomiques d’une hospitalité conditionnelle, qui suppose des règles, des traités, des contrôles dans l’accueil de l’autre, et d’une hospitalité inconditionnelle, universelle, inhérente à toute humanité mais considérée comme utopique, que dans la recherche de leur articulation, toujours fragile et instable, fuyante et incertaine, telle que l’atteste l’expérience historique.
La référence à une conception conditionnelle de l’hospitalité permet de légitimer le pragmatisme et les politiques sécuritaires. L’idée d’une hospitalité radicale et infinie réintroduit la question de la liberté - des libertés - au cœur du projet humain et pose le devoir de solidarité, la promotion de l’égalité, de la justice et de la paix au fondement et à l’horizon d’une hospitalité sans cesse réinventée.
Pour un parcours de l’hospitalité toujours d’une criante actualité :
Terraferma, film d’Emanuele Crialese (2012). Quand des pêcheurs italiens sont confrontés à l’arrivée de migrants sur leurs côtes et que leur sauvetage et leur accueil est un délit et fait fuir les touristes.
Gilets de sauvetage, roman graphique d’Allain Glykos et Antonin Dubuisson (Ed. Cambourakis). De retour sur l’île de Chio en 2015, Allain Glykos est témoin de la situation économique désastreuse des habitants et de l’arrivée des migrants.
Comment elle vient, film de Swen de Pauw (2018). Portrait du psychiatre Georges Federmann qui reçoit dans son cabinet réfugiés, personnes sans domicile fixe ou aux faibles ressources qui sans cela n’accèderaient pas aux soins nécessités par leur état psychique.
Mur Méditerranée, roman de Louis-Philippe Dalembert (Ed. Sabine Wespieser). Elles sont trois, Chochana venue du Nigéria, Semhar d’Erythrée et Dima de Syrie. Elles ont pris la route de l’exil et après la Lybie tente la traversée de la Méditerranée sur un rafiot de fortune.
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