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Billet de blog 24 janvier 2014

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3. LA BELLE ET LA BÊTE

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Par Abdenour DZANOUNI

— « Oui , dirait Brigitte Bardot, on remarque toutefois que ni vous, ni Saint Augustin, ni Saint Paul ne dites rien sur le mode de tuerie " sanguinaire" des animaux au nom d'une religion… »

Au risque de jeter un froid sur la banquise et de me fâcher avec la moitié de la France, j’avoue que j’ai un faible pour BB. Oui, oui, oui son dernier mariage l’a jeté dans les bras du Front National, mais c’est connu que l’amour rend aveugle. Et closer ne rend pas toujours la vue. Bardot a été mon premier amour, depuis que « Dieu créa la femme». Je n'ai pu me lasser de l'admirer pour son talent de comédienne, mais aussi pour son courage rare d’avoir dénoncé les menaces et la tentative de racket exercées sur elle en 1960 par l’OAS en France. Elle s’est dressée comme une tigresse quand d’autres personnages veules cotisaient, par couardise, à la caisse noire de l’OAS et prévenaient discrètement les cibles des attentats quand celles-ci leur devaient de l’argent. L’acte de résistance  de la belle Brigitte Bardot a valu l’hommage public du général de Gaulle à la femme qui a dit non  et flétrissait ceux qui chassaient avec le loup et pleuraient avec le berger. 

 N’en jetons plus ! Et répondant à sa question légitime. Il me semble que les deux saints avaient déjà fort à faire pour sauver les hommes et qu’ils n’ont pas toujours eu à l’esprit la meilleure façon de tuer l'animal. Mais la douceur de leur enseignement dont témoignent leurs écrits, laisse à penser que Saint Augustin d’Hippone qui aurait été Algérien et Saint Paul de Tarse qui aurait été turc, n’étaient pas plus terribles que leur jeunes compatriotes qu’on refoulent aujourd’hui aux frontières de l’Europe.

 Si la question m’est aussi posée, j’avoue  volontiers que je suis ignorant de la chose car je n'ai pu poser la question à la bête : préfère-t-elle être égorgée ou être assommée avec une masse ou être électrocutée avant d'être saignée ? Je n’ai donc  pu avoir de réponse mais pour avoir vu tuer un mouton, un poulet, une dinde et un porc et aux cris qu’ils poussaient,  je suis sûr d'une chose : ils auraient tous préféré vivre.

S’il est légitime de s’offusquer de la mise à mort d’un bébé phoque ou d’un mouton, pourquoi le serait-il moins quand il s’agirait de saigner le cochon ? Posons lui la question : « Cochon, préfères-tu la compagnie d’un musulman ou d’un juif qui sont dégoutés par ta vue et te fuient ou alors celle d’un chrétien qui salive en te trouvant trop mignon ! » ? La question à poser, ne serait-elle pas plutôt : quelle légitimité a l’homme d’ôter la vie à tout animal, domestique ou sauvage, y compris à l’homme  qu’il assassine? Dans la mort, la discrimination entre les espèces ne prolonge-t-elle pas celle qui prévaut ordinairement dans la vie ?

 Au chapitre des rituels de mise à mort, faut-il condamner l'exécution par guillotine et se taire sur la mise à mort par électrocution, par injection létale, par pendaison ou par les balles ou les bombes ?  L’interdiction ne devrait-elle pas être celle de la mise à mort elle-même et non pas seulement d’une des mises en scène de celle-ci ?

Les tabous  alimentaires sont, avec  l’inceste, parmi les interdits les plus incrustés, les plus incarnés en l’homme, tous les hommes. Ils ont partout cette même emprise formidable sur les populations de religions différentes et constituent un marqueur distinctif des régimes alimentaires et des  entités communautaires. Ils sont aussi, depuis la nuit des temps,  propres à désigner, à dénoncer le barbare, c'est-à-dire l’étranger. Les religions doivent avoir leurs raisons de préconiser ici, d’immoler là, d’assommer plus loin, de permettre la consommation de tel animal, d’interdire le même à d’autres, s’extasier devant la transformation de l’eau en vin ou prévenir contre la consommation de l’alcool…

 Enfant, je trouvais incompréhensible que les hindous pauvres et maigres vénèrent les vaches et n'en mangent pas, même en cas de famine. Jusqu’au jour où je me suis posé la question du point de vue de la vache :  «  Ô vache, préfèrerais-tu  vivre aux Indes respectée et protégée ou alors en Normandie, en Hollande ou dans n’importe quel autre pays aux verts pâturages dont les habitants rêvent midi et soir de te découper dans leur assiette ? » La religion hindoue doit elle aussi avoir de bonnes raisons sanitaires ou philosophiques d'en faire un tabou alimentaire ! Souvent dans une enveloppe de contes invraisemblables, il y a une graine de vérité qu’il n'est pas donné de saisir d'emblé. Car comme chacun sait, si on sait tout on n'apprend rien.  

Oui, les végétariens sont plus près de la vérité par leurs pratiques et plus en légitimité de dénoncer la mise à mort des animaux. Encore qu’un brin d’herbe ne demande lui aussi qu’a vivre et, de le voir finir dans une assiette, coupé haché-menu en salade ou en soupe, personne n’a encore songer a en faire procès à la vénérable Brigitte Bardot! Autrement, que dire de la proposition de la dame de décréter une Journée Végétarienne ? Sinon que c'est une vaste hypocrisie de dénoncer, une journée par an, un rituel ou un mode de mise à mort de l'animal et de s’accommoder des gens qui se nourrissent tout le reste de l’année, de boulettes kebab ou de bœuf bourguignon.

Et à quoi servent ces contre-feux de la propagande sur la viande de cheval, la viande hallal dans les cantines ou la chenille trouvée dans un chou-fleur?

Pendant ce temps, l’omerta couvre les crimes contre l’humanité de Baghdad à Syrte, de Tripoli à Damas et assure l'impunité des puissants?

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Prochain article: DOCTEUR JEKILL ET LES NOUVEAUX DEMONS

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