Comme nous allons essayer de le montrer ci-après à travers le cas italien, il apparait assez discutable de parler de déclin démographique tout comme par ailleurs de migrations sans prendre en considération le fait que désormais l’économie de tous les pays se nourrit d’une nouvelle grande mobilité à courte, moyenne et longue distance, y compris les allers-retours. Mais tous les gouvernements ne destinent presque aucune attention à leur propres citoyens migrants et encore moins à ceux étrangers, les deux étant relégués de fait à des sans-droits au bénéfice des seuls électeurs des partis les plus votés qui tirent profit de la super exploitation voir meme du néo-esclavagisme de tous les migrants.
Depuis quelques années, on s'aperçoit que l'Italie n'a jamais cessé d'être un pays d'émigration, alors que depuis trente ans on parle (et presque toujours mal) que d'immigration étrangère. De plus, bien que partielles par défaut, les données montrent que l'émigration a repris et s'est accrue dans les zones italiennes d'immigration croissante, avec un nombre très élevé de nouveaux inscrits et d'annulations à l’état civil de chaque commune par des personnes venant o allant vers d'autres communes ou de et vers l’étranger (voir ici). Cela se produit aussi bien dans les petites municipalités qui semblent «mourir» mais sont de plus en plus peuplées d'immigrés (en majorité temporaires) hyper exploités par une petite minorité de patrons. Cela vaut aussi pour les grandes villes qui sont souvent devenues des sites de transit. Il s’agit de données partielles car beaucoup de personnes n’annulent pas leur résidence auprès de la commune d’origine, et ne s’inscrivent pas à l’état civil des communes où elles sont allées s’installer, ni au registre des consulats italiens des pays européens ont émigré, soit parce que ce cela n'est pas obligatoire, soit parce qu’elles partent souvent pour de courts séjours et enfin parce que certains vont travailler au noir.
Le total des résidents en Italie au 1 janvier 2019 était de 60.359.546, dont 8,7% citoyens étrangers (5.255.503 donc réguliers) (cft. Istat 2019), donc ceux de nationalité italienne étaient 55.104.043 (sans compter ceux qui émigrent à l’étranger sans se registrer à l’état civil, ni les étrangers irréguliers qu’on estime à environ 600 mille personnes). Par ailleurs parmi les italiens il faut considérer les naturalisés qu’on peut estimer à environ un million; on peut constater donc que l’immigration étrangère n’arrive pas à compenser le déclin démographique des Italiens et cela de moins en moins depuis plusieurs années car les migrants cherchent à aller ailleurs ou rentrent au pays et ceux qui restent adoptent une natalité qui rapidement se rapproche de celle des Italiens (en déclin depuis 10 ans à causes aussi de l’émigration des jeunes femmes).
Pour avoir une idée meme si partielle des déplacements continus des personnes il suffit regarder la donnée globale des inscrits à l’état civil des différents communes de 2001 à 2018 et celui des effacés (inscrits venants soit d’autres communes, soit de l’étranger et donc parmi ceux-ci meme les immigrés et parmi les effacées soit ceux allant vers d’autres communes italiens soit vers l’étrangers -Italiens et Étrangers-). Dans 16 ans (de 2002 à 2018) on a eu 33.381.047 nouveau inscrits et 27.547.087, mais ces variations ont été encore plus forts dans les années 1970 jusqu’aux années 1990 à la suite de la fin des grandes industries et de leur sous-traitance non seulement dans le triangle industriel Turin-Milan-Gênes, mais dans tous les sites des grandes usines. Et de 2002 à 2018 ont a eu 8.985.053 naissances et 10.101.169 décès, donc 1.116.116 décès plus que les naissances (ce qui fait parler de déclin démographique, tenant compte du taux de fécondité et du fort vieillissement -les over 65 ans sont presque le double des 0-14 ans). Mais en réalité ce déclin relève tout d’abord de la forte émigration d’Italiens à la recherche d’emplois décents qu’en Italie ils ne trouvent pas. Ceci parce que depuis des décennies les emplois qui se créent le plus souvent sont infériorisant, malpayés, nocifs et meme au noir, voir des emplois destinés aux travailleurs étrangers réguliers et irréguliers.
Rappelons que les effacés et les nouveaux inscrits à l’état civil sont seulement les personnes qui enregistrent leur changement de résidence. Cela vaut aussi pour les inscrits à l’état civil des Italiens résidents à l’étranger (AIRE). Selon les données officielles au 31.12.2017, l’AIRE comptait 5.114.469 citoyens italiens qui ont pris leur résidence à l’étranger. En 2000 étaient 2.353.000, en 2005 étaient 3.521.000, en 2010: 4.115.000; en 2016: 4.973.940. Une croissance due aussi au fait qu’auparavant peu de monde allait s’enregistrer au consulat italien le plus proche d’où on s’installait, alors que maintenant cet enregistrement est demandé aussi par les institutions étrangères (mais de cette population on a que les variations du stock et on n’a pas les naissances et les décès, mais on sait que les femmes tendent à devenir majoritaires).
Le changement continu de résidence enregistré et pas enregistré semble être un phénomène encore plus accentué de ce qu'on a connu au cours des années des grandes migrations internes et étrangères non seulement au XXe siècle, avant et après la Première Guerre mondiale, mais encore plus après la seconde guerre mondiale (de la fin des années 1950 jusqu’à 1971). Rappelons que l’Italie a toujours été un pays avec des fortes migrations internes et une forte émigration au point qu’on estime les descendants d’Italiens éparpillés dans le monde entier à plus de 70 millions. Contrairement aux lieux communs, il ne s’agissait et il ne s’agit pas non plus aujourd’hui seulement de migrations du sud vers le nord et vers l’étranger et de allers-retours de migrants du Sud de l’Italie, mais de migrations venant des toutes les zones rurales et meme les grandes villes et allant vers les villes proches et lointaines et vers l'étranger (Rome et Milan sont deux des villes avec le plus d’émigrés à l’étranger).
Milan est l’exemple de la ville qui a eu un énorme changement de la population résidente, presque comme une ville de transit et il en va de même pour nombre de municipalités de sa province.
En regardant les données de toute la région (Lombardie), de la province de Milan et de Milan ville on constate qu’à l’échelle régionale et provinciale on a toujours eu une croissance continue sauf une légère diminution de 1981 à 1991, mais après une augmentation qui correspond soit à des nouveau immigrés venant d’autres communes italiens et de l’étranger, soit le déplacement vers la province de gens qui habitaient Milan (source donnée: Istat; recensements de 1961 à 2011 et ensuite tuttitalia.it). Depuis 1971 les résidents des chefs-lieux de province diminuent passant de 2.509.004 de 1971 à 2.370.607 en 1981 et à 2.077.652 en 1991). Toute la Lombardie a eu une croissance constante et en 2018 a dépassé les 10 millions de résidents. Da 2002 à 2018 on a eu aussi 1.621.205 naissances et 1.629.525 décès (plus de décès comme dans toute l’Italie).
Au 1 er janvier 2019, les 133 communes de la ville métropolitaine (province/département) de Milan comptaient 3 250 315 habitants; ils n’étaient que 560.315 en 1861, 3.139.490 en 1981 (maximum avant deux décennies de diminution) et enfin à nouveau croissance comme le montre la donnée de 2019. Voici les données du changement continu de population meme si seulement de 2002 à 2018: 2.237.118 nouveaux inscrits à l’état civil des 133 communes et 1.785.258 effacés. On y voit donc une mobilité et un turn over très fort de la population résidente ce qui correspond parfaitement au processus de changement économique connu depuis 1970. Autrement dit: le déclin de la société industrielle avec la fin de toutes les grandes usines et leur sous-traitant, et puis une reprise selon la logique libériste qui produisit d'abord une déconstruction économique et sociale de l'existant puis une segmentation hétérogène, discontinue et donc instable, une mobilité toujours plus forte de la force de travail. A Milan ville, on a eu non seulement un changement gigantesque, mais aussi un très fort déclin de la population résidente (qui passe de 1.732.068 en 1971 à 1.378.689 soit moins 20,4%): devenue trop gentrifiée, c’est une ville de bureaux et de boutiques, de résidences secondaires des riches, une ville trop chère pour les jeunes familles et donc une ville de vieux et de jeunes en mouvement à la recherche d'éducation, d'expériences mais prête à partir à l'étranger ou dans d'autres villes. En 1861, Milan comptait 267 621 habitants, en 1971, 1 732 068 (pic maximum atteint avec une croissance continue) et en 2018, 1 378 689 (une augmentation par rapport au déclin continu enregistré depuis 1971). Mais si nous examinons le renouvellement de la population de 2002 à 2018, on voit qu’on a eu 941 641 nouveaux inscrits à l’état civil et 690 777 effacés. En proportion, le nombre d’effacements avait été encore plus élevé entre 1971 et 2002. Toujours de 2002 à 2018 on a eu 203.852 naissances et 232.811 décès.
En résumant ici l’essentiel on a les données réunies dans le tableau suivant :
Milan : nouveaux inscrits et effacés à l’état civil
années
nouveaux inscrits
Effacés
1971-1980
373.620
476.560
1981-1990
281.840
420.410
1991-2001
358718
391453
2002-2011
508.262
411.945
2012-2018
433.379
278.832
Total
1.955.819
1.979.200
Elaboration données à partir des statistiques de la Mairie et de l’Istat
Il apparaît évident que la plus grande mobilité se situe dans les années 2000-2019, la période de pleine expansion de l’économie libériste qui provoque en particulier un fort remplacement des résidents d’auparavant dans le petit commerce et la restauration, ainsi qu’une forte augmentation des services tandis que nombre de retraités quittent Milan ainsi que nombre de familles pas aisées; à cela s’ajoutent les naissances -surtout enfants d’immigrés et les décès -presque uniquement de milanais. Le plus bas nombre de résident après 1971 (année dans laquelle on avait enregistré le maximum) on l’a eu en 2011, depuis il y a eu une augmentation continue; aujourd’hui le total des résidents (inscrits à l’état civil) sont 1.378.689, soit 20,4% moins qu’en 1971. La population d’aujourd’hui est composée d’immigrés italiens venant d’autres communes ainsi que d’immigrés étrangers et aussi de quelques milanais qui est retourné; bref, une population dans laquelle les Milanais “de souche” -plus de trois générations- sont rarissimes -tout comme les Parisiens à Paris … par ailleurs les nés à Milan ne sont que 40-45%).
On peut donc dire que la ville est devenue à la fois un site de transit, un lieu pour une population surtout aisée, une city d’users voir de gens de passage aisés et meme assez riches et donc une ville qui nécessite de beaucoup de servants: la place des immigrés qu’y augmentent et précisément dans les services, la restauration et le commerce. Remarquons au passage que la Lombardie est gouvernée par la droite (Ligue et les autres) depuis 25 ans mais elle continue à être la région qui attire davantage les immigrés italiens et étrangers, réguliers et irréguliers, car la droite représente les patrons et ceux qui exploitent et parfois esclavisent surtout les immigrés. Remarquons aussi que c’est précisément la Lombardie la région italienne où on enregistre le plus haut chiffre d’évasion fiscale et d’économies souterraines. Bien évidemment la guerre aux immigrés pratiquée par les droites -Salvini en tête- ne vise que leur exclusion des droits égaux à ceux des Italiens afin de mieux les esclaviser comme ils font dans ses fiefs telle la Vallée des joints d'étanchéité ou encore dans l’agriculture un peu partout (il y a nombre de vidéos impressionnants de néo-esclavagisme qui vont de la Vallée du Po jusqu’à la Sicile).
Comme le montrent quelques recherches menées au cours des trente dernières années, les immigrés italiens ont généralement un faible taux de participation aux élections locales (ceux de l’étranger n’ont même pas le droit, sauf pour les naturalisés, mais même ceux-ci ne sont qu’une minorité à voter et parfois donnant la meme préférence que les citoyens locaux ou aussi pour les partis de centre-gauche). En d'autres termes, en général, les immigrés de l'intérieur et les étrangers ne participent pas à la vie politico-électorale locale, ce qui est devenu également difficile pour les résidents de longue durée, compte tenu de l'hétérogénèse de la démocratie contemporaine. De leur côté, les administrations locales n’ont jamais eu intérêt à solliciter une telle participation; les municipalités d’origine ayant fini par les considérer comme des "citoyens perdus", tout comme les gouvernements nationaux l’ont toujours fait par rapport aux émigrés à l’étranger au-delà des discours démagogiques sur le maintien des liens avec la mère-patrie. Rappelons qu’en 1949 le premier grand chef démocrate-chrétien, De Gasperi, eu à dire : «Apprenez une langue et partait à l'étranger ... l'émigration éliminera le danger qu'un pays d'environ 50 millions d'habitants soit bouleversé et menacé par des émeutes et des troubles ...» (à cause du chômage). Et en effet, meme aujourd’hui si la plupart des Italiens émigrés à l’étranger revenaient au pays ils ne trouveraient aucun emploi comparable à celui qu’ils exercent à l’étranger, et alors qui payerait leur chômage, leur assistance sanitaire et leur sécurité sociale etc. ? Voilà pourquoi encore aujourd’hui l’émigration convient aux gouvernements qui donc ne font rien pour la dissuader meme s’il est patent qu’avec l’émigration l’Italie fait un super cadeau aux pays d’immigration qu’ainsi disposent de travailleurs le plus souvent déjà formés et parfois meme très qualifiés.
De sa part, plus inconsciemment que consciemment, l’émigré a tendance à penser que la municipalité et le pays d’origine sont les endroits où désormais il se sent déplacé, comme s’ils lui avaient dit "ici il n’y a rien pour toi, tu n’as juste qu’à partir". Et il est pratique pour les administrations locales et nationales que les personnes qui "ne trouvent pas de place" au pays partent, vu qu’on sait qu'au moins nombre d'entre elles reviennent, envoient de l'argent à la famille et achètent des produits du pays. Si tous les émigrés restaient dans leur commune d'origine, il serait très difficile de satisfaire les demandes de chômage, de santé et de coûts sociaux, etc. De leur par les administration locales des villes d’immigration ne semblent avoir aucun intérêt à solliciter la participation civique et politique des immigrés de l’intérieur tout comme de ceux de l’étranger. Chaque parti politique préfère miser que sur son électorat fidèle et tant mieux si l’ensemble des électeurs qui votent sont peu nombreux.
Toutes les autorités et la majorité des prétendus leaders d'opinion ne manquent pas de parler du problème du déclin démographique et de verser des larmes de crocodile à la fois sur nos jeunes émigrants et sur les mauvais traitements infligés aux immigrants étrangers. Mais le faux paradoxe d’un pays d’émigrés et d’immigrés est bien évident : quiconque émigre c’est parce qu’il ne veut pas faire le boulot humiliant, mal payé et à risque de perdre sa santé, même si parfois il finit par le faire là où il émigre parce que le libéralisme règne partout et est fondé sur déni des droits des travailleurs et leur traitement comme jetable. Les immigrés étrangers ne manquent pas à cause de la destruction de leurs sociétés d'origine par les multinationales, y compris les multinationales italiennes; ils servent bien comme main-d'œuvre infériorisée et jetable à la place de ceux qui émigrent.
Alors la vraie question est tout simplement qu’aucun gouvernement ose planifier la régularisation effective des économies souterraines qui sont travail semi-déclaré, travail au noir, néo-esclavagisme, collusion avec les mafias, fraude fiscale et corruption de partie du personnel des agences de prévention et de contrôle et des forces de police. Il serait bien possible créer une économie saine et régulière, mais ceux qui profitent de l’économie au noir pèsent sur les choix des gouvernants et il s’agit d’une aire relativement vaste de la population (probablement environ 10 millions d’électeurs et aucun parti ose les perdre).
Le soi-disant déclin démographique italien est un produit du libéralisme qui provoque émigration et réduit la majorité des immigrés à des conditions de vie et de travail indécentes. C'est le visage du néo-colonialisme qui se reflète également dans les pays dits riches au détriment des émigrants et des immigrants.
Un cas emblématique d’un village sicilien
San Cono est une petite commune qui connaît un succès économique qu’on prétend être remarquable, notamment grâce à la culture de figues de Barbarie (exportés partout). Même dans certaines recherches sur la zone, on soutient que San Cono n'est pas une commune déprimée, ce qui affecte plutôt d'autres municipalités voisines. Mais s’il s’agissait d’un véritable succès économique il devrait profiter à la majorité de la population et devrait donc au moins limiter la forte émigration des jeunes et des moins jeunes. En revanche à San Cono, seule une minorité d’entrepreneurs du secteur de l’agriculture a connu un succès satisfaisant, malgré des grandes difficultés et meme sans stabilité, en dépit du fait qu’ils ont considérablement étendu leur propriété et les terres en location. Ensuite, une autre minorité semble connaître une sorte de réussite économique "droguée" car elle est due au financement de faux projets qui permettent aux bénéficiaires d’acheter des voitures genre SUV et d’autres véhicules avec le risque de se retrouver endettés sans démarrer aucune activité.
En même temps, il y a eu une très forte augmentation de l'émigration et, en général, un déclin démographique très préoccupant. Selon les données de l'Istat à la fin de 2018, il y avait environ 2600 résidents, dont près de 300 étaient des immigrants étrangers réguliers (et encore des centaines d'immigrés en situation irrégulière pour la récolte des figues de barbarie ou autres fruits dans 3 périodes de l’année). On peut estimer qu'environ 300 autres personnes ont émigré sans avoir changé de résidence; en plus il y a 1.900 originaires de San Cono sont inscrits à l'AIRE (registre de la population résidente à l'étranger - données fournies par la Municipalité en mai 2019). En d’autres termes, les résidents de San Cono sont sur le point de devenir moins nombreux que les émigrés à l’étranger et dans d’autres municipalités d’Italie, notamment dans le nord, et bientôt moins nombreux que les immigrés réguliers et irréguliers, en particulier les immigrants occasionnels. La plupart des jeunes ont tendance à émigrer, selon certains parce qu'ils ne veulent pas faire de travail pénible ou humiliant avec les figues de Barbarie, alors qu'ils finissent souvent par mener des activités à moitié noires ou noires tout aussi lourdes et humiliantes dans le Nord et à l'étranger. En réalité, l'économie des figues de Barbarie semble offrir peu de possibilités d'utilisation acceptable (et en plus déstabilise l’écosystème). La majorité des résidents sont des retraités et les personnes de plus de 65 ans représentent plus du double de celles qui ont de zéro à 14 ans. Cette année scolaire 2019-2020 à San Cono on est arrivé à peine à former une première année d’école primaire avec meme pas 20 élevés.
Alors, pourquoi ignorer les émigrants et ce déclin démographique inquiétant? Pourquoi les crédits européens pour les zones défavorisées excluent-ils San Cono le qualifiant comme dotée de "paramètres" économiques satisfaisants? Quelle est la logique de paramètres qui ignorent l’émigration? Le succès économique d'une minorité de facto correspond à cette conséquence amère. Le succès des figues de Barbarie a eu comme conséquence une immigration en partie régulière mais aussi en partie très irrégulière, c’est-à-dire des jeunes qui travaillent au noir et vivent peut-être dans des étables dans des conditions de pauvreté et sont payés avec des salaires misérables. Et l’autre conséquence est l’émigration de la majorité des personnes du village en age actif.
Comme le pensent -heureusement- quelques jeunes, la seule perspective de reprise économique est celle des coopératives de producteurs et de consommateurs (meme si ceux-ci habitent principalement dans les villes), donc une économie à but non lucratif, en dehors des relations avec la grande distribution et le marché en général, visant produire des biens sains bannissant les pesticides et la chimie (qui ont déjà provoqué une forte augmentation des morts et malades à cause des contaminations toxiques).
La situation de San Cono peut être considérée comme un cas extrême de ce faux paradoxe qui consiste dans un succès économique de quelques-uns par une quasi-monoculture (au risque de problèmes pour l'écosystème) et une forte émigration. En réalité, d'autres municipalités sont touchées par le même phénomène en Sicile, dans toute l'Italie et même dans d’autres pays européens (tous les pays sont devenus pays d’émigration, immigration et transit). Les migrants européens et les migrants non européens sont donc victimes de la même logique imposée par le libérisme qui a empêché la création d'une économie saine qui en revanche pourrait donner du travail à tout le monde, à la place d’un bien-être relatif et les SUV pour quelques-uns.