Les droites néofascistes au pouvoir en Italie crient « victoire » parce que le vote pour les 5 référendums proposés par la CGT italienne n’a pas atteint le quorum (50 % + 1). Les leaders des droite ont fait campagne pour inviter à ne pas aller voter. En effet, il était clair que si le quorum avait été atteint ce serait posé la question de démission du gouvernement, donc un échec très grave pour le gouvernement (tout comme ce fut lors du referendum constitutionnel du 5 décembre 1996 contre la réforme de la Constitution qui voulait faire passer le gouvernement Renzi contraint à démissionner par 65% des électeurs). Pour le référendum proposé par la CGT italienne les électeurs ont été invités à voter dans cinq bulletins OUI ou bien NON : 4 OUI pour mieux protéger les travailleurs face aux licenciements arbitraires et les indemnisations dus par les patrons, face aux risques d'accidents au travail, face au contrats de travail précaires ; le cinquième OUI était pour donner aux immigrés réguliers la possibilité d'acquérir la nationalité italienne cinq ans après leur résidence en Italie.
Hélas, seul 30,6% des ayants droit de vote se sont rendus aux sièges électoraux. Outre le manque du quorum, voici les résultats qu’on peut lire sur le site web du ministère de l'intérieur.
Le nombre total de personnes ayant le droit de vote est de 51 301 377 (dont 5 303 436 électeurs résidents à l'étranger).
Les votants ont été 30,6 %, soit 15 698 221.
Pour la première question « Réintégration des licenciements illégitimes », le OUI a recueilli 13 031 470 voix (87,57) soit un résultat bien supérieur à celui obtenu par les trois partis du gouvernement actuel en 2022.
Pour la deuxième question « Licenciements et plafond d'indemnisation », le OUI a recueilli 12 790 370 voix (86,02)
Pour la troisième question « Protection dans les contrats à durée déterminée », les OUI ont atteint 12 997 502 (87,53)
Pour le 4e bulletin «Responsabilité civile accidents du travail » les OUI ont obtenu 12 763 726 (85,78).
Pour le dernier bulletin de vote « Nationalité italienne », les OUI ont eu 9 748 439 (65,34) soit un nombre de voix supérieur à celui obtenu en 2022 par Fratelli d’Italia (FdI) (le parti néofasciste de la cheffe du gouvernement Meloni) et la Ligue du fasciste Salvini.
Plus de 39 % de participation au vote en Toscane, 38 %, en Émilie-Romagne, en Ligurie et au Piémont environ 34,5 %, dans les Marches (32,7 %), en Ombrie (31,3 %), en Basilicate (31,1 %) ; Latium (31 %), en Lombardie 31 %, dans les Abruzzes (29,8 %), en Val d’Aoste et en Campanie (29 %), dans les Pouilles (28,5 %), en Molise (27,8 %), dans le Friul -FVG- (27,5 %), en Sardaigne (27 %) ; en Vénétie (26,3 %), dan le Trentin Haut-Adige 22,5 %, en Calabre et en Sicile 22-23 %.
Lors des élections législatives (politiques/nationales) de septembre 2022 pour la Chambre des députés FdI avait obtenu 7 301 303, la Ligue : 2 470 318, Forza Italia : 2 279 266 ; le total des droites (de la majorité parlementaire de l’actuel gouvernement) est de 12 603 666 votes (soit 24,77 des 50 864 823 ayants droit de vote !!! donc une minorité).
Comme on l’a écrit maintes fois depuis plus de vingt ans les partis de droite et l’ex-gauche ont alimenté l’abstentionnisme et ont voté un système électoral dit majoritaire qui de fait permet à un minorité de gagner et gouverner sans problème : ça été la manne pour ces partis car ainsi ils ont moins de clientèles à cultiver et contrôler et ils peuvent gouverner ne libre arbitre meme si leur personnel politique est médiocre, voir nul, au pouvoir uniquement merci à la parenté ou l’amicalisme avec les chefs de ces partis. Et maintenant le gouvernement Meloni est en train d’avancer pas à pas vers un véritable régime néofasciste car il dispose d’une majorité absolue et l’opposition est impuissante et aussi souvent ambiguë.
Un fait semble sans équivoque : pour cet référendum il n’y a eu aucune mobilisation convaincue et efficace, sauf pour une minorité, et ceci juste au cours des deux dernières semaines. Les dirigeants de la CGIL (la CGT italienne) eux-mêmes ont laissé filtrer leur prévision que le quorum ne serait pas dépassé. Des milliers et des milliers de tracts et d’affiches sont donc restés dans les bureaux syndicaux ; les comités de quartier tout comme les syndicats dits autonomes et d’autres organisations ou associations ne se sont pas mobilisés ; tout est passé comme si le referendum n’était qu’une affaire de la seule CGIL.
Le vendredi 7 juin à Rome plus de 300 milles ont manifesté pour Gaza et ont invité à voter OUI, mais cela n’a pas changé grand choses.
Il est malheureusement vrai qu’un tournant anthropologique s’est produit ; mais il repose sur des bases matérielles solides : depuis presque trente ans on peut calculer qu’il y a plus de huit millions de travailleurs qui oscillent entre précarité et travail au noir total dans l’univers des économie dites souterraines (estimées par Eurispes à 35% du PNB), c’est la surexploitation VIOLENTE, sans aucune protection (les syndicats - y compris les syndicats autonomes- s’occupent surtout et meme uniquement de leur membres inscrits). C’est une réalité d’« anomie » totale, c’est-à-dire sans repères, atomisée et impuissante. Par ailleurs, il faut noter que la majorité des personnes âgées ne se sont pas données la peine de voter, notamment parce qu’elles sont désormais hors de la vie active et, en Italie, les plus de 70 ans sont environ 18 % des électeurs (soit plus de 9 millions).
Voilà donc qu’on a la confirmation de ce que nous disons depuis plusieurs années : on s'approche du fascisme "démocratique", d'une surexploitation de plus en plus brutale et même meurtrière, un mélange de militarisation et de police qui pratique librement la torture et même le meurtre ; ce n’est pas seulement avec Trump et la loi sécurité du gouvernement Meloni dont on n'a pas encore vu les conséquences, ou en France avec le duo Darmanin à la justice et Retailleau à la tête des flics qui sont largement fascistes ... sans parler de la montée des fascistes dans la police allemande et aussi dans la police britannique... On est dans une situation qui n'a pas besoin de violence d'escouades déchaînée de Mussolini comme dans les années 1920 ; le néofascisme passe apparemment de manière presque soft, pour la majorité de l'opinion publique qui ne l'a pas sur la peau. Mais il est sur le point de réaliser le rêve fasciste du 21ème siècle, qui est le siècle du premier holocauste (premier car en allant vers cette transition il y en aura bientôt d'autres)... Mais en Europe comme aux Etats-Unis, une bonne partie de la population jouit des bénéfices des pays du premier monde qui profite encore du néocolonialisme aussi intérieur : les millions des salariés dans la misère qui travaillant comme des esclaves.
Certes, il existe de nombreuses résistances dispersées et, malgré tout, plus de neuf millions d’Italiens ont voté pour les immigrés… On ne peut pas être optimistes, mais il faut penser comme les communistes, socialistes et anarchistes et démocrates cohérents qui face à l'arrivée au pouvoir de Mussolini… se sont engagés dans la résistance. Il a fallu vingt ans pour parvenir à la libération… malheureusement, cela s'est ensuite terriblement transformé en désistance, comme disait Calamandrei… Maintenant, après 40 ans de pouvoir du parti-État - la Démocratie Chrétienne - mêlés avec le compromis historique, l'ex-gauche a triomphé, cédant le pays à la droite même ignoble à tout point de vue. Mais, comme écrivit Foucault, les idiots tuent… et ils ont tué en premier lieu ce « peuple de gauche » désormais réduit au désespoir, à l'impuissance, à l'abandon et sans aucune référence à des voies de rachat possibles.