salvatore palidda

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Billet de blog 26 mai 2025

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USA: 5 ans après George Floyd plus d’homicides policiers de Noirs et Hispaniques

Comme le montrent les données statistiques publiées par le New York Times et le site Statista.com, les homicides commis par la police aux États-Unis ont augmenté depuis l’assassinat de George Floyd. Le souverainisme blanc domine les polices des États américains. Come eu à dire Badiou c’est le déferlement “fascisme démocratique”

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Comme le montrent les données statistiques publiées par le New York Times et le site Statista.com, les homicides commis par la police aux États-Unis ont augmenté depuis l’assassinat de George Floyd. Le souverainisme blanc domine les polices des États américains.

Ils avaient diminué à la suite du grand mouvement Black Lives Matter, mais depuis, le souverainisme blanc semble avoir influencé les forces de police des États américains, qui tuent de plus en plus de Noirs et d’Hispaniques — bien plus que ce que révèlent les statistiques officielles suivantes :

États-Unis : personnes tuées par la police de 2017 à 2024

Année          2017   2018   2019   2020   2021   2022    2023   2024   Évolution (%)

Total             981      983    999     1020   1048   1097    1164   1226.    + 25 %

Blancs          458      459    424     459      446      389      499    402      - 12,2 %

Noirs            222        228    251     243      233     225      249     259     + 16,7 %

Hispaniques 180        167    168     171      136     120      164     185      - 1,7 %

Autres           44          41       42       27       25       22        39        41       - 6,8 %

Inconnus       77          88      114      120     208     341      213      339     + 340,3 %

De 2017 à 2024 le total augmente de 25 %, celui des Blancs diminue de 12,2 %, tandis que celui des Noirs augmente de 16,7 %, et celui des Hispaniques reste pratiquement inchangé.

MAIS LE NOMBRE DE “CAS INCONNUS” (C’EST-À-DIRE NON IDENTIFIÉS SELON LE “PROFIL RACIAL”) AUGMENTE DE 340,3 %. IL EST ASSEZ PROBABLE QUE CELA CACHE QU’EN RÉALITÉ ILS SOIENT NOIRS OU HISPANIQUES.

En général, la police américaine tue de plus en plus ; le souverainisme blanc réduit les meurtres de Blancs tout en augmentant ceux des Noirs et des Hispaniques.

L’article du New York Times, dont nous présentons ci-après un extrait, ne donne cependant aucune explication même pas sur ces données générales, ni de détails sur les différences entre États «progressistes» et les États conservateurs. Il dit peu aussi sur l’influence évidente que le souverainisme blanc pèse encore davantage après la nouvelle prise de pouvoir du néo-dictateur fascisants Trump et son néo-maccarthysme.

Extrait du New York Times :

Après que Derek Chauvin, le policier qui a tué George Floyd en l’asphyxiant avec son genou appuyé pendant plus de neuf minutes sur son cou pendant que ce dernier disait en suffoquant « Je ne peux plus respirer », a été condamné à la prison avec trois autres agents présents sur les lieux : on aurait pu espérer un changement. Mais depuis, malgré l’augmentation des homicides policiers, il est extrêmement rare que les policiers responsables d’homicides soient poursuivis. L’an dernier, par exemple, seuls 16 policiers ont été inculpés de meurtre ou d’homicide involontaire à la suite d’une fusillade mortelle, soit le même nombre qu’en 2020.

Philip M. Stinson, professeur de justice pénale à la Bowling Green State University dans l’Ohio, déclare que, malgré « toutes les promesses de réforme de la police il y a cinq ans, la réalité est que les pratiques policières n’ont pas changé ».

Les experts affirment qu’il est difficile de donner des réponses définitives sur l’augmentation de ces homicides sans analyser les circonstances de chaque cas. Plusieurs théories sont avancées : la prolifération des armes à feu augmente la probabilité d’affrontements mortels, ce qui pousse les policiers à tirer même en l’absence de danger réel.

Dans les États conservateurs, la réaction fréquente des forces de l’ordre contre le mouvement Black Lives Matter s’est renforcée. La baisse de confiance du public dans la police après le meurtre de Floyd aurait conduit à des confrontations plus violentes.

« La perception du public quant à la légitimité de la police peut jouer un rôle », affirme Seth Stoughton, ancien policier, professeur de droit à l’Université de Caroline du Sud, et témoin fréquent dans les procès liés à l’usage de la force. « Plus la police est perçue comme légitime, plus les gens obéissent. Moins elle est perçue comme légitime, plus les gens résistent, ce qui augmente les violences policières. »

Un fossé croissant entre les Etats
Après le meurtre de Floyd, de nombreux États et villes dirigés par les démocrates ont procédé à des réformes plus profondes. Dans les États progressistes, la demande de contrôle de la police est plus forte, culturellement et dans l’opinion publique. Dans ces régions, le taux d’homicides s’est stabilisé. Dans les États conservateurs, les chiffres ont augmenté.

Sur une période de 10 ans, depuis la mort de Michael Brown à Ferguson (Missouri) en 2014, les fusillades mortelles de la police ont diminué de 15 % dans les États démocrates, tandis qu’elles ont augmenté de 23 % dans les États républicains. Dans ces États, les banlieues et zones rurales — plus conservatrices que les villes — enregistrent les taux les plus élevés d’homicides policiers.

Un avocat du Texas Civil Rights Project affirme que les responsables à travers l’État ont résisté aux efforts pour rendre les services de police plus responsables et transparents. « Le balancier est revenu en arrière, et dans une certaine mesure, au-delà de ce qu’il était. »

Moins de victimes non armées.
Bien que les chiffres fluctuent, le nombre de personnes sans aucune arme tuées par la police a considérablement diminué depuis 2015 : de 152 à 95 en 2020, puis 53 l’an dernier. Mais les tués augmentent parce que les Etats-Unis sont de plus en plus un pays où plus de 40 % des adultes possèdent une arme. « Dans un monde saturé d’armes, ce genre de chose va se produire », explique Barry Friedman, professeur de droit à l’Université de New York. Justin Nix, professeur associé à l’Université du Nebraska ; il doute que les données reflètent une amélioration de la formation policière. Les données restent insatisfaisantes, notamment sur les fusillades non mortelles de la police, estimées à 800 par année.

Malgré l’augmentation, les réformes sont abandonnées.
À Washington, les législateurs ont annulé en 2023 une loi de 2021 limitant les poursuites en voiture. En Alabama, une nouvelle loi rend plus difficile la poursuite des policiers. En 2022, l’Oregon a assoupli les règles sur les gaz lacrymogènes. Au niveau fédéral, sous Trump, le ministère de la Justice a cessé d’enquêter sur près de 20 services de police accusés de violations des droits civils, y compris Minneapolis et Louisville. En avril, Trump a signé un décret pour « déchainer » les forces de l’ordre et fournir une aide juridique aux policiers accusés d’inconduite.

Nix note que les demandes des électeurs ont changé après la mort de Floyd. « Le climat est devenu plus favorable à l’action policière », dit-il. « Les contraintes perçues comme inutiles seront réduites. » Des changements comme les caméras-piétons ou la formation à la désescalade visent plus à améliorer les relations qu’à réduire les homicides. Mais il ajoute que réduire réellement les morts exigera plus que la seule réforme des politiques policières : il faudra agir sur les facteurs sociaux profonds.

En 2024, la police américaine a tué au moins 1 226 personnes.
L’an dernier, un homme désarmé, Frank Tyson, a été tué à Canton, Ohio, dans les mêmes circonstances que George Floyd, en prononçant les mêmes mots désespérés : « I can’t breathe ».

En 2024, seuls 16 agents ont été inculpés pour homicide, comme en 2020. Philip Stinson, professeur à Bowling Green State University, constate : « En cinq ans, la police américaine n’a pas changé. »

Comme le disait Alain Badiou, après la première élection de Trump en 2016, on est arrimés à une sorte de « fascisme démocratique » ; cela a déchaîné la brutalité policière — y compris par des agents en civil ou privés affiliés aux forces de l’ordre, lancés aussi à la chasse aux immigrés à déporter.

Les États-Unis deviennent ainsi le pays le moins sûr du prétendu Occident “démocratique” développé, tout comme Israël est devenu le premier pays génocidaire du XXIe siècle.

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