L’attaque de l’OTAN contre ce qui était alors la République fédérale de Yougoslavie a commencé le 24 mars 1999, il y a 25 ans. Ça été le fait militaires et politiques (fait politique total) qui dès lors a provoqué le déclenchement de l’escalade militariste au bénéfice des lobbies des armements étasuniens, européens et russes e de leurs servants politiciens.
Avec l'agression contre la Serbie et le bombardement de Belgrade, les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN ont ramené la guerre au cœur de l'Europe (en tête l’Italie avec l’alors gouvernement préside de l’ex communiste D’Alema qui l’a défini : « la plus belle page de l’Italie républicaine »).
Après les guerres de désintégration de la Yougoslavie dans la première moitié des années 90, pour la première fois depuis 1945, le retour de la guerre en Europe a déstabilisé les principes de la paix mondiale. Mais, honteusement, le 10 déc. 2012 l’Union Européenne a reçu le Nobel de la paix pour sa contribution à "la promotion de la paix, de la réconciliation, de la démocratie et des droits de l'homme en Europe". Une honte car cela correspond à dire que l’ex-Yougoslavie et les pays de l’Est ne sont pas Europe et que les Européens ont le droit de mener leurs continuelles guerres néocoloniales en Afrique, au Moyen Orient.
Cette première guerre menée sur le sol européen depuis la fin du conflit mondial a effacé la rhétorique selon laquelle la création de l'Union européenne aurait éloigné à jamais le spectre d'affrontements fratricides entre les nations du vieux continent. Pour la première fois, un accord international considéré comme l'un des piliers de l'ordre d'après-guerre (celui d'Helsinki) est brutalement désavoué.
Depuis 2003, l'UE a lancé plus de 30 missions internationales et actuellement 9 missions militaires de l'UE sont en cours en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. L'engagement militaire de l'UE en faveur du régime de Kiev en Ukraine est impressionnant puisque, comme l'indiquent des documents officiels, « avec le soutien militaire fourni par les États membres de l'Union européenne, le soutien global à l'armée ukrainienne est estimé à 33 milliards d’euros ».
Horreurs et paradoxes de la « guerre humanitaire »
L'agression de l'OTAN à la Serbie fut la première nommée « guerre humanitaire », c.-à-d. la prétention de défendre des droits en violant les droits, guerre pour apporter la paix, un oxymore féroce, sur la base duquel OTAN et européens ont violé même systématiquement les règles et les principes élémentaires du droit et de la justice, de la non-ingérence dans le les questions internes de chaque pays, le respect de la souveraineté et de l’indépendance politique des nations et la protection de la paix et de la sécurité internationales. L’ « humanitarisme » otanien-européen a caché donc la réalité d'une guerre d'agression impérialiste, dans laquelle le gouvernement italien de « centre-gauche » a voulu montrer son zèle atlantiste et militariste.
Le but de l’Otan a été celui de la standardisation « atlantique » du continent, en éliminant les résistances et, parmi ceux-ci, la Yougoslavie. La récente « Déclaration commune sur la coopération UE-OTAN » (10 janvier 2023) qui définit l'OTAN comme « essentielle à la sécurité euro-atlantique » et l'UE (et la défense européenne) « complémentaire de l'OTAN et interopérable avec lui » montre à quel point ce processus d'approbation a progressé.
Cette « nécessité stratégique » a accompli le repositionnement sur l’échiquier européen et méditerranéen comme confirmation de l’hégémonie étasunienne pour contrer ses rivaux, la Russie et surtout la Chine.
Dans le contexte il y a eu les élargissements de l'OTAN en Pologne, Hongrie, République tchèque et après la guerre, fin 1999, les États-Unis ont construit leur plus grande base militaire sur le territoire européen, Camp Bondsteel, ensuite dépassée en taille et en puissance par la nouvelle base à Constanta, en Roumanie, près des frontières de la Russie.
Le besoin structurel de ce déploiement a servi les routes marchandes et les flux de ressources, une véritable « géopolitique des ressources », à cheval sur l'Europe, l'Asie et le Moyen-Orient, dans une région cruciale, les Balkans et le Kosovo en leur centre.
Le Kosovo est en effet un carrefour du « réseau énergétique » (qui, partant de la Caspienne, traverse la mer Noire, traverse la Turquie et les Balkans et atterrit enfin sur la mer Adriatique) conçu par les États-Unis pour l'approvisionnement en pétrole et en gaz et pour contourner la Russie.
Une nouvelle Otan pour la guerre globale
Avec la guerre contre la Yougoslavie, l'OTAN s’est reconfigurée et au Sommet de Washington du 24 avril 1999 fut adopté le Nouveau Concept Stratégique, qui fait définitivement de l'organisation un instrument de guerre mondiale. Comme établi l'art. 31 de ce document, en effet, « l’OTAN cherchera, en coopération avec d'autres organisations, à prévenir les conflits ou, en cas de crise, à contribuer à leur gestion efficace... également à travers la possibilité de mener des opérations de réponse aux crises en dehors de l'art. 5", article qui limite le champ d'action de l'Alliance "en Europe ou en Amérique du Nord". Les conséquences directes et indirectes de la guerre contre la Serbie ont été le nombre de victimes civiles estimé à 2 500 (selon d'autres sources, plus de 4 000) et plus de 12 500 blessés, pour un total de dégâts estimé à plus de cent milliards de dollars. Sans compter les 420 000 missiles, 37 000 « bombes à fragmentation » et munitions à « uranium appauvri ». Les dommages causés par la contamination continueront de coûter des vies au fil des générations. L'Europe et le monde d’aujourd’hui sont en grande partie le produit de la tactique et de la stratégie de cette guerre contre la Serbie. Mais, hélas, cette histoire est oubliée. Aujourd’hui en Serbie Stellantis-Fiat produit ces voitures et les pays de l’ex-Yougoslavie sont englobés dans le néocolonialisme européen et étasunien.
Les raisons de la lutte internationaliste pour la paix et la justice semblent périmées.
Ce texte reprend les articles de Gianfranco Pisa (Institut Italien de Recherche pour la Paix): https://www.pressenza.com/it/2024/03/a-25-anni-dallaggressione-alla-jugoslavia/, de Luciana Castellina, “1999, bombe su Belgrado. I frutti amari di quella prima guerra “umanitaria”, il manifesto, 22 marzo 2019: https://www.dirittiglobali.it/2019/03/1999-bombe-su-belgrado-i-frutti-amari-di-quella-prima-guerra-umanitaria, de Danilo Zolo, “L’intervento umanitario armato fra etica e diritto internazionale”, Jura Gentium, 2007: https://www.juragentium.org/topics/wlgo/it/kosovo.htm et de Živadin Jovanović, “NATO’s 1999 Aggression Against Yugoslavia: Turning Point”, Forum di Belgrado per un mondo di uguali, 19 marzo 2023: https://antibellum679354512.wordpress.com/2023/03/20/natos-1999-aggression-against-yugoslavia-global-turning-point